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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 5
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Flammermont, Jules: Les portraits de Marie-Antoinette, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0412

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LES PORTRAITS DE MARIE-ANTOINETTE

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elle avait eu l’honneur de faire si souvent le portrait. Ainsi
l’Anglais sir William Wraxall, qui vint en France pendant l'été de
l’année 1776, résume l'impression qu’il ressentit à la vue de la
Reine en ces termes :

« Ses charmes personnels, que Burke a exagérés, consistaient plus
dans son air de dignité, la noblesse de sa taille et les grâces de son main-
tien, qui tous annonçaient une reine, que dans ses traits qui manquaient
de douceur et de régularité. Elle avait les yeux faibles ou plutôt échauffés;
mais son teint, qui était éblouissant, sa jeunesse, la richesse de sa parure,
dans laquelle elle montrait beaucoup de goût, frappaient tous ceux qui la
voyaient1. »

Cette appréciation si pondérée d'un étranger, qui avait conservé
de Marie-Antoinette un excellent souvenir, me paraît être l'expres-
sion de la vérité. Elle est confirmée par ce mauvais sujet de Tilly,
qui n’aimait pas la Reine, et pour cause, mais qui, cependant, ne la
maltraita pas trop dans le portrait qu’il nous en a laissé. Il commence
par avouer qu’il ne peut pas partager l’opinion de ceux qui parlent de
la beauté de cette princesse, et, à l'appui de son sentiment, il donne des
détails précis, qui sont d’accord avec ce que nous savons d’autre part :

« Elle avait, dil-il, des yeux qui n’étaient pas beaux, mais qui pre-
naient tous les caractères; la bienveillance ou l’aversion se peignait dans
ce regard plus singulièrement que je ne l’ai rencontrée ailleurs. Je ne suis
pas bien sûr que son nez fût celui de son visage. Sa bouche était décidément
désagréable; cette lèvre épaisse, avancée et quelquefois tombante, a été
citée comme donnant à sa physionomie un signe noble et distinctif; elle
n’eut pu servir qu’à peindre la colère et l’indignation, et ce n’est pas là
l’expression habituelle de la beauté. Sa peau était admirable; ses épaules
et son cou l’étaient aussi ; la poitrine un peu trop pleine et la taille eût pu
être plus élégante; je n’ai plus revu d’aussi beaux bras et d’aussi belles
mains2. »

Tilly ajoute que la Reine avait deux espèces de démarches, l’une
ferme, un peu pressée et toujours noble, l’autre plus noble et plus
balancée, presque caressante, mais n’inspirant pourtant pas l’oubli
du respect. En lisant ces dernières lignes, il faut se souvenir que
Tilly avait été l’un des pages de Marie-Antoinette et avait pu l’ob-
server dans l’intimité, dans un de ces moments où elle se délassait

1. Sir William Wraxall, Mémoires historiques de mon temps. Paris, 1817,
in-8°, t. I, p. 115.

2. Mémoires du comte Alexandre de Tilly pour servir à l’histoire des mœurs de
la fin du XVIIIe siècle. Paris, 1820, in-8°, p. 23-24.
 
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