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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
tion directe, par delà les frontières et au-dessus des siècles, à des
maîtres de jadis, sans lien parfois avec les écoles des lieux qui les
ont vu naître et sans trace de renseignement des maîtres qu’ils ont
reçus, combien est-il plus difficile de grouper définitivement des
vivants qui s’agitent à travers toutes les hésitations et toutes les
influences, en constant processus, avec la diversité des âges qui ne
correspondent pas à la logique des évolutions et l’incohérence, au
moins apparente, que donnent à notre art contemporain les ten-
dances individuelles poussées à l'excès, la liberté de l’esprit critique,
qui accepte et sollicite l’inspiration des foyers les plus extrêmes, le
cosmopolitisme ou plutôt l’internationalisme de l’art.
Pour éviter le plus de chances d’erreur, notre étranger cher-
cherait donc au Salon, comme on eût voulu le faire plus distincte-
ment dans le musée des contemporains, à diviser l’œuvre féconde,
diverse, pullulante des générations en pleine vie, en deux périodes
distinctes comprenant, l’une, les maîtres dont le talent s’est entière-
ment développé, l’autre, les artistes qui sont encore en formation.
Une catégorie à part grouperait tout le mouvement de l’art à l’étran-
ger, pour l’étudier suivant ses rapports plus ou moins immédiats
avec notre école.
Cette distinction qui a l’avantage d’être moins artificielle que
toute autre, s’impose cette année d’une façon particulière, car ces
deux groupes des anciens et des jeunes arrivent en présence avec
des œuvres exceptionnelles — dont plus d’une restera comme pièce
typique, comme jalon mémorable —dans un antagonisme glorieux
et pacifique, les uns, semble-t-il, pour rappeler toute la grandeur du
passé, les autres, comme pour réclamer au nom de l’avenir.
Nulle œuvre ne pouvait se dresser plus imposante, plus magis-
trale, pour symboliser l’idéal de notre temps dans ce qu’il a eu de
plus noble, de plus élevé, de plus grave et de plus pur, que celle
simple, austère et admirable page destinée de nouveau à la gloire
du Panthéon par M. Pu vis de Chavannes. Nos hommages n’eussent
pu manquer de s’adresser, en premier lieu, à cette hère et vaillante
ligure qui domine notre école et qui, depuis près de quarante ans,
malgré les préjugés, les partis pris, l’ignorance ou l’hostilité, malgré
même, une situation à part créée par l’admiration générale, sans
se lasser, sans se laisser entamer par le succès plus que par l’indiffé-
rence ou la malveillance, se défiant au contraire plus de soi, au lende-
main du glorieux anniversaire de ses soixante-dix ans, n’a cessé de
charmer nos yeux, d’élever nos esprits, de fortifier nos cœurs, d’en-
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tion directe, par delà les frontières et au-dessus des siècles, à des
maîtres de jadis, sans lien parfois avec les écoles des lieux qui les
ont vu naître et sans trace de renseignement des maîtres qu’ils ont
reçus, combien est-il plus difficile de grouper définitivement des
vivants qui s’agitent à travers toutes les hésitations et toutes les
influences, en constant processus, avec la diversité des âges qui ne
correspondent pas à la logique des évolutions et l’incohérence, au
moins apparente, que donnent à notre art contemporain les ten-
dances individuelles poussées à l'excès, la liberté de l’esprit critique,
qui accepte et sollicite l’inspiration des foyers les plus extrêmes, le
cosmopolitisme ou plutôt l’internationalisme de l’art.
Pour éviter le plus de chances d’erreur, notre étranger cher-
cherait donc au Salon, comme on eût voulu le faire plus distincte-
ment dans le musée des contemporains, à diviser l’œuvre féconde,
diverse, pullulante des générations en pleine vie, en deux périodes
distinctes comprenant, l’une, les maîtres dont le talent s’est entière-
ment développé, l’autre, les artistes qui sont encore en formation.
Une catégorie à part grouperait tout le mouvement de l’art à l’étran-
ger, pour l’étudier suivant ses rapports plus ou moins immédiats
avec notre école.
Cette distinction qui a l’avantage d’être moins artificielle que
toute autre, s’impose cette année d’une façon particulière, car ces
deux groupes des anciens et des jeunes arrivent en présence avec
des œuvres exceptionnelles — dont plus d’une restera comme pièce
typique, comme jalon mémorable —dans un antagonisme glorieux
et pacifique, les uns, semble-t-il, pour rappeler toute la grandeur du
passé, les autres, comme pour réclamer au nom de l’avenir.
Nulle œuvre ne pouvait se dresser plus imposante, plus magis-
trale, pour symboliser l’idéal de notre temps dans ce qu’il a eu de
plus noble, de plus élevé, de plus grave et de plus pur, que celle
simple, austère et admirable page destinée de nouveau à la gloire
du Panthéon par M. Pu vis de Chavannes. Nos hommages n’eussent
pu manquer de s’adresser, en premier lieu, à cette hère et vaillante
ligure qui domine notre école et qui, depuis près de quarante ans,
malgré les préjugés, les partis pris, l’ignorance ou l’hostilité, malgré
même, une situation à part créée par l’admiration générale, sans
se lasser, sans se laisser entamer par le succès plus que par l’indiffé-
rence ou la malveillance, se défiant au contraire plus de soi, au lende-
main du glorieux anniversaire de ses soixante-dix ans, n’a cessé de
charmer nos yeux, d’élever nos esprits, de fortifier nos cœurs, d’en-