Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Per. 19.1898)

L’ART DU XVIIIe SIÈCLE FRANÇAIS AU LOUVRE 463

La grande tapisserie qui est tendue au fond de la salle provient
du château de Compiègne, où elle avait été mise en dépôt. Faite aux
Gobelins d’après le carton de Coypcl, elle porte la date de 1763.
Elle représente les Noces d’Angélique et de Médor : celui-ci, encore
couvert de son armure, blessé et défaillant, apprend d’Angélique
tendrement penchée vers lui l’amour qu’il lui a inspiré. Autour
d’eux, des groupes de femmes, nonchalantes et riantes, se renversent
sur les tapis et les coussins, tandis que, dans le fond qui s’ouvre en

SPHINX EN TERRE CUITE (STYLE LOUIS XV)

(Musée du Louvre.)

perspective de campagne, tournent les danses de charmants person-
nages d’opéra-comique. La conservation de cette tapisserie est excep-
tionnelle ; la vigueur des rouges et des bleus des étoffes, la finesse de
ton de la jupe d’Angélique, la fraîcheur délicate des carnations qui
ont conservé toute leur fleur, la subtile légèreté que les fonds du
paysage ont conservée, permettent de supposer que cette pièce
incomparable n'a dû être tendue qu’à une époque relativement
récente. Peut-être n’est-elle venue au château de Compiègne que
sous le second Empire et était-elle demeurée jusqu’alors roulée dans
les magasins du Garde-Meuble.

Les deux autres tapisseries qui ornent les murs de côté font
partie d’une suite peinte par Amédée Vanloo en 1774, que les Gobe-

XIX. — 3” PÉRIODE.

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