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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 6
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Fierens-Gevaert, Hippolyte: Le château des Comtes de Gand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0536

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LE CHATEAU DES COMTES DE GAND

oÛ9

trapues surmontées d’échauguettes et dominées dans le fond par un
donjon imposant. C’est que le ’s Grcivensteen a été lentement et
patiemment dégagé de tous les édicules qui en masquaient le mur
d’enceinte ; une grande partie a déjà retrouvé sa forme primitive
et les constructions intérieures -— donjon, galerie romane, cryptes
et chapelle — dont les détails avaient disparu, dissimulés par des
massifs de maçonnerie et des revêtements postérieurs, sont égale-
ment désencombrées et devenues facilement accessibles.

Grâce aux soins et à la science de l'architecte de Waele, chargé
de la direction des travaux de restauration, Gand possédera bientôt
on monument unique par son ancienneté, par sa valeur historique
et surtout par sa belle physionomie architecturale. Les premières
constructions, le blockhaus du vieux caste/lum, remontent en effet au
ixe siècle et l’on peut affirmer que parmi les châteaux-forts restés
debout en France comme en Belgique il n’en est pas d’origine plus
lointaine. De plus, le ’s Gravemteen nous offre un modèle parfait
d'architecture militaire à l’époque féodale et les curieux de polior-
cétique en pourront étudier jusqu’aux moindres parties avec profit.
Les formidables murailles, bâties en blocs énormes, conservent cette
allure redoutable qui devait faire reculer jadis les assiégeants les
plus résolus. La bastille d’entrée, élégante et plus légère que le
reste du manoir, avance dans la ville, comme une sentinelle aux
aguets. Enfin,le donjon carré, presque aussi large au sommet qu’à la
base, hardi et menaçant, comme tous les fiers beffrois des communes
flamandes, complète, par son aspect inébranlable et dominateur, le
caractère majestueux de la demeure comtale...

Certes, nous ne pouvons que féliciter tous ceux qui ont pris
intérêt à la conservation et à la restauration du château des comtes ;
mais nous voudrions les mettre en garde contre la manie de la
reconstitution intégrale dont les architectes d’une certaine école
- trop nombreux en Belgique -— sont aujourd'hui possédés. On
aurait tort assurément de ne pas laisser dans l’état actuel certains
coins de l’ancienne résidence seigneuriale. Malgré la perfection avec
laquelle on imite le granit séculaire, les murailles ainsi maquillées,
ont toujours quelque chose de choquant pour l’artiste véritablement
amoureux des vieilles pierres. Ainsi, je souhaiterais que l’on conser-
vât telle quelle, en sa grâce mélancolique et grave, certaine tourelle
septentrionale, percée de lézardes, déchiquetée comme un haillon de
guerre, et qui laisse voir par ses trous béants la teinte du ciel. Peut-
être y réussira-t-on, en consolidant le trompillon et le contrefort
 
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