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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 6
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Fierens-Gevaert, Hippolyte: Le château des Comtes de Gand
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0539

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Les communiers gantois, devenus riches et puissants, ne con-
servèrent plus vis-à-vis de leur suzerains leur attitude docile et sou-
mise. A la moindre atteinte du seigneur contre la liberté municipale,
les corporations d’archers et de porteurs de goedendcigs se tenaient
prêtes à marcher contre le ’s Grcivensteen. Le château, après avoir
servi de défense à la cité naissante, devint la forteresse des princes
régnants et constitua, des ce moment, une terrible menace pour la
remuante bourgeoisie. Aussi les chocs entre l’élément populaire et
le pouvoir aristocratique furent-ils sanglants.

En 1128, le manoir des comtes de Flandre eut à subir de terri-
bles assauts. Occupé par les partisans de Guillaume de Normandie,
il fut assiégé, à grand renfort de batistes et de mangonneaux, par
les Gantois et les tenants de Thierry d'Alsace. Il avait sans doute
subi à cette époque de graves dégradations, car, à son retour d une
croisade en Palestine, en 1180, Philippe d’Alsace, jugeant les pre-
miers travaux de restauration insuffisants et voulant s'assurer un
abri tout à fait sur contre les révoltes éventuelles de ses sujets,
ht mettre la résidence dans un étal de défense formidable, eu l'en-
tourant d'une haute et épaisse muraille crénelée, supportant, do
distance en distance, des échauguettes construites en encorbelle-
ment. De nouveaux étages surmontèrent le donjon, auquel s'ajou-
tèrent des constructions latérales. Le château des comtes prit alors
la physionomie redoutable qu’il a retrouvée de nos jours. Les
Gantois désormais allaient être tenus en respect, et Philippe d’Al-
sace pouvait entendre sans crainte les grondements populaires,
derrière les murailles gigantesques élevées avec l’argent même de
ses vassaux.

La turbulente cité, calmée pendant quelque temps, ne tarda pas
à reprendre, vis-à-vis des comtes, son attitude hardie et menaçante.
Toute la pittoresque et palpitante histoire de la commune de Gand
au moyen âge trouve son principal intérêt, d'une part dans ces
démêlés violents éclatant, de génération en génération, entre le
comte et les communiers; d’autre part dans l’interminable et tout à
fait singulière discussion que les moines de Saint-Bavon et de Saint-
Pierre engagèrent au sujet de l’ancienneté de leurs abbayes respec-
tives et de la « qualité » de leurs saints patrons. Malgré ces que-
relles intestines, Gand devenait une des plus puissantes cités du
moyen âge; son étendue était aussi considérable que celle du Paris
d’alors et elle pouvait mettre sur pied, en cas de guerre, une armée
nombreuse et bien équipée, capable de tenir en échec les troupes
 
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