518
GAZETTE UES BEAUX-ARTS
alliés de France, d'Angleterre et d’Ecosse, quittèrent leur ville par
le couloir en question et tombèrent, à l’improviste, sur le dos de
leurs ennemis. « Ils prirent aux Anglais tout ce qui leur tomba sous
la main, tuèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent et firent encore de
nombreux prisonniers !...»
Ce que nous en avons dit suffit pour montrer Je rôle que le
castel joua dans l’existence de la ville de Garni, et pour faire com-
prendre de quelle vie très particulière, faite de souvenirs fabuleux
et de récits historiques, les vieilles pierres s'animent aujourd’hui
aux yeux de quiconque s’est intéressé au développement de l’altière
commune. Au surplus, dans ces travaux de fortifications, où les
constructeurs s'efforcaient, tant au point de vue du dessin monu-
mental qu'au point de vue des moyens de défense, d’appliquer soit
des traditions transmises par l’antiquité, soit des procédés rapportés
d’Orient par les Croisés, on obtenait souvent d’admirables combi-
naisons architecturales, auxquelles les contemporains n'étaient peut-
être pas très sensibles, mais qui, aujourd’hui, nous saisissent a pre-
mière vue. Est-il rien déplus poétique et de plus grandiose que la
longue enceinte de remparts verdoyants et moussus derrière les-
quels s’abrite Nuremberg et que termine, à l’un des angles de la ville,
la Burg géante, érigée audacieusement au haut d’une colline isolée?
Sans doute, la nature du terrain n’avait point permis d’établir à
Gand une chaîne fortifiée d’une importance aussi considérable, et le
burg seigneurial ne planait point, comme dans la romantique cité
bavaroise, à des hauteurs effrayantes. Mais ce qui nous reste du
’s Gravensîeen n’est point pour détruire notre croyance au goût artis-
tique et au souci du pittoresque que les constructeurs des citadelles
médiévales possédaient instinctivement. Ce goût, ce sentiment de
l’art, ils le soumettaient naturellement aux exigences de la destina-
tion pratique et c’est encore une des grandes raisons pour lesquelles
la vue d’un monument comme le château des comtes de Gand nous
offre, en quelque sorte, le spectacle de l'effort humain, se perpétuant
à travers les âges. La vie morale d’un tel édifice est intense, et le
château est resté debout, comme toutes les grandes œuvres de la vo-
lonté et de l’art, en dépit des luttes, des révoltes et des combats
allumés sous ses murailles.
H. FIÉ R EX S-GE VAE RT.
GAZETTE UES BEAUX-ARTS
alliés de France, d'Angleterre et d’Ecosse, quittèrent leur ville par
le couloir en question et tombèrent, à l’improviste, sur le dos de
leurs ennemis. « Ils prirent aux Anglais tout ce qui leur tomba sous
la main, tuèrent tous ceux qu'ils rencontrèrent et firent encore de
nombreux prisonniers !...»
Ce que nous en avons dit suffit pour montrer Je rôle que le
castel joua dans l’existence de la ville de Garni, et pour faire com-
prendre de quelle vie très particulière, faite de souvenirs fabuleux
et de récits historiques, les vieilles pierres s'animent aujourd’hui
aux yeux de quiconque s’est intéressé au développement de l’altière
commune. Au surplus, dans ces travaux de fortifications, où les
constructeurs s'efforcaient, tant au point de vue du dessin monu-
mental qu'au point de vue des moyens de défense, d’appliquer soit
des traditions transmises par l’antiquité, soit des procédés rapportés
d’Orient par les Croisés, on obtenait souvent d’admirables combi-
naisons architecturales, auxquelles les contemporains n'étaient peut-
être pas très sensibles, mais qui, aujourd’hui, nous saisissent a pre-
mière vue. Est-il rien déplus poétique et de plus grandiose que la
longue enceinte de remparts verdoyants et moussus derrière les-
quels s’abrite Nuremberg et que termine, à l’un des angles de la ville,
la Burg géante, érigée audacieusement au haut d’une colline isolée?
Sans doute, la nature du terrain n’avait point permis d’établir à
Gand une chaîne fortifiée d’une importance aussi considérable, et le
burg seigneurial ne planait point, comme dans la romantique cité
bavaroise, à des hauteurs effrayantes. Mais ce qui nous reste du
’s Gravensîeen n’est point pour détruire notre croyance au goût artis-
tique et au souci du pittoresque que les constructeurs des citadelles
médiévales possédaient instinctivement. Ce goût, ce sentiment de
l’art, ils le soumettaient naturellement aux exigences de la destina-
tion pratique et c’est encore une des grandes raisons pour lesquelles
la vue d’un monument comme le château des comtes de Gand nous
offre, en quelque sorte, le spectacle de l'effort humain, se perpétuant
à travers les âges. La vie morale d’un tel édifice est intense, et le
château est resté debout, comme toutes les grandes œuvres de la vo-
lonté et de l’art, en dépit des luttes, des révoltes et des combats
allumés sous ses murailles.
H. FIÉ R EX S-GE VAE RT.