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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 6
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Eekhoud, Georges: Paul-Jean Clays
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0525

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502

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

assis au quai d’un fleuve. Il n’a plus rien de l’âme boursouflée des
écumeurs de mer qui, avant lui, spécialisaient l’article. Il va vers
les fleuves; il ne dépasse pas sensiblement les côtes. Il s’assimile les
tons d'air, les densités de l’eau, les atmosphères salines. Pour la
première fois un peintre sincère s’applique à exprimer la joie saine
de ses yeux. Il a une manière grasse et nourrie qui a l’accent de la
force : il fut permis de la prendre pour de la puissance. Elle charma
les esprits qui se jugeaient hardis et conquit les résistances des
modérés. »

Cette manière, à la vérité, ne va pas sans franchise ni poésie,
et aujourd’hui encore on en éprouve l'effort et la nouveauté.

Certains Clays, entre autres Y Accalmie sur l'Escaut, et la Rade
d'Anvers, du musée de Bruxelles, ont conservé leur fraîcheur et
suggèrent la poésie souvent onctueuse et grasse de calmes étendues
liquides. Le probe artiste, s’il n’est point parvenu à s’assimiler les
tourmentes et les cataclysmes des mers septentrionales, interprète
avec vigueur l’agitation régulière des marées et les lourdes et lentes
processions de nuées au-dessus des eaux. « Clays s’atteste fidèle à
sa race éminemment flamande par le sens de la couleur, et s’il fut
même plutôt coloriste que luministe, s’il ignora les fluides éthéri-
sations, ses tons étaient savoureux et chauds, même moelleux,
comme son art était large, robuste et sûr. Il pratiqua merveilleuse-
ment la science du reflet. Ses ciels gras, mouillés d’argent liquide,
faisaient de belles taches riches dans l’eau. » Ses chalands, qui navi-
guent sur l’Escaut, semblent passer dans des joailleries. Il y aile la
tiédeur et de la cordialité dans l’air. C’est surtout dans les marines
d’été qu’excelle ce peintre friand; il apporte dans la nature, dans
le plein air, quelque chose de l’intimité et du réconfort d'un inté-
rieur cossu : les ondes font le gros dos et ronronnent comme de
bons félins domestiques; aucune aigreur, aucune âpreté n’exaspère
la nonchalance et la câlinerie des effluves; les brises et les écumes
sont à peines salines. Et pourtant n’allez pas croire que Clays ravale
ou travestisse le grand fleuve. U suffit d’avoir navigué en tout temps
sur l’Escaut pour se convaincre de la justesse, de la sincérité, de la
chaleur de ces impressions du peintre.

Ces jours de langueur voluptueuse et de grosse paresse sont
même plus nombreux qu’on ne croit dans nos régions fluviales.
Clays a simplement choisi, pour les peindre, les moments et les
ambiances qu’il préfère, ceux avec lesquels il est familiarisé et qu’il
comprend, qu’il sent le mieux.
 
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