264
Monatshefte für Kunstwissenschaft
preparatoires au tableau de l'Adoration de la Vierge ou du Rosaire qui se trouve
aujourd'hui en si piteux etat au cloitre Strahow de Prague. Enfin une Sainte Familie,
l'admirable Christ en croix du legs Gatteaux evoquent les derniers projets du grand artiste.
Le Cabinet des Estampes de la Bibliotheque Nationale1) possede aussi
quelques beaux dessins de Dürer qui proviennent de la collection de l'abbe de Marolles.
On y admirera surtout un paysage avec un moulin (Die Weidenmühle) peint ä l'aquarelle
et de magnifiques etudes d'enfants sur papier prepare rehausse de blanc qui ont ete
utilisees dans le tableau du Rosaire.
Enfin le Musee Conde ä Chantilly, que le duc d'Aumale a legue ä l'Institut,
complete de la faqon la plus heureuse cette collection de dessins de Dürer. Je me
borne ä signaler un precieux dessin ä la plume lave d'aquarelle qui n'est autre chose
que la premiere pensee du tableau de tous les Saints (Allerheiligenbild) avec son
beau cadre decoratif. Le tableau est aujoursd'hui comme on sait, au Musee de Vienne
tandis que le cadre original est reste au Musee Germanique de Nuremberg. Le Musee
Conde possede en outre quelques feuillets du carnet de voyage de Dürer dans les
Pays-Bas avec des vues d'Aix~la~ Chapelle et de Berg-op-Zoom et des portraits ä la
pointe d'argent d'un arrangement tout ä fait moderne se detachant sur un fond d'archi-
tecture ou de paysage. Il serait ä souhaiter qu'on reconstituät un jour en fac-simile
les feuillets epars de ce carnet d'artiste. Tous les dessins de Chantilly ont ete adietes
par le duc d'Aumale ä la vente de la collection Reiset.
En dehors de ces trois collections publiques: le Louvre, la Bibliotheque
Nationale et le Musee Conde, on peut admirer des dessins de Dürer dans cinq ou
six collections particulieres. La plus riche des collections parisiennes est ä cet egard
celle du peintre Leon Bonnat, qui est destinee ä enrichir un jour le Musee de Bayonne.
On y voit de curieux dessins du jeune Dürer d'apres les estampes de Pollaiuolo, un
portrait d'Erasme, un projet de tableau de 1522 (Madonne entouree de saintes) remar-
quable par la largeur de la composition et la liberte de l'arrangement et enfin de belles
etudes pour les Apötres de Munich.
Apres la collection Bonnat il convient de eiter les collections du baron Edmond
de Rotschild et du baron de Schickler.
Au point de vue des dessins d'Holbein, le Louvre ne saurait rivaliser ni
avec le Musee de Bale, ni avec la Bibliotheque de Windsor. Il possede cependant
outre une belle etude de mains pour le portrait d'Erasme une des plus belles
esquisses originales du maitre bälois: l'esquisse du Triomphe de la Richesse et
de la Pauvrete qui devait decorer le Stahlhof ou Steelyard des marchands alle-
mands de Londres. On sait que les «Trionfi» de Petrarque avaiant popularise
ces themes allegoriques: on peut rapprocher de l'esquisse d'Holbein le triomphe
de Cesar de Mantegna ou le Char de triomphe de Maximilien de Dürer. Puisque nous
parlons de l'art allemand en France, il n'est pas hors de propos de rappeler ici que
9 La reproduction des dessins de la Bibliotheque Nationale dans le recueil de Lippmann
est incomplete. On n'y trouve ni la celebre etude pour la tete de la Vierge ni les deux etudes
de jeunes gar^ons reproduites dans Soldan et Riehl, no. 19, 31, 74.
Monatshefte für Kunstwissenschaft
preparatoires au tableau de l'Adoration de la Vierge ou du Rosaire qui se trouve
aujourd'hui en si piteux etat au cloitre Strahow de Prague. Enfin une Sainte Familie,
l'admirable Christ en croix du legs Gatteaux evoquent les derniers projets du grand artiste.
Le Cabinet des Estampes de la Bibliotheque Nationale1) possede aussi
quelques beaux dessins de Dürer qui proviennent de la collection de l'abbe de Marolles.
On y admirera surtout un paysage avec un moulin (Die Weidenmühle) peint ä l'aquarelle
et de magnifiques etudes d'enfants sur papier prepare rehausse de blanc qui ont ete
utilisees dans le tableau du Rosaire.
Enfin le Musee Conde ä Chantilly, que le duc d'Aumale a legue ä l'Institut,
complete de la faqon la plus heureuse cette collection de dessins de Dürer. Je me
borne ä signaler un precieux dessin ä la plume lave d'aquarelle qui n'est autre chose
que la premiere pensee du tableau de tous les Saints (Allerheiligenbild) avec son
beau cadre decoratif. Le tableau est aujoursd'hui comme on sait, au Musee de Vienne
tandis que le cadre original est reste au Musee Germanique de Nuremberg. Le Musee
Conde possede en outre quelques feuillets du carnet de voyage de Dürer dans les
Pays-Bas avec des vues d'Aix~la~ Chapelle et de Berg-op-Zoom et des portraits ä la
pointe d'argent d'un arrangement tout ä fait moderne se detachant sur un fond d'archi-
tecture ou de paysage. Il serait ä souhaiter qu'on reconstituät un jour en fac-simile
les feuillets epars de ce carnet d'artiste. Tous les dessins de Chantilly ont ete adietes
par le duc d'Aumale ä la vente de la collection Reiset.
En dehors de ces trois collections publiques: le Louvre, la Bibliotheque
Nationale et le Musee Conde, on peut admirer des dessins de Dürer dans cinq ou
six collections particulieres. La plus riche des collections parisiennes est ä cet egard
celle du peintre Leon Bonnat, qui est destinee ä enrichir un jour le Musee de Bayonne.
On y voit de curieux dessins du jeune Dürer d'apres les estampes de Pollaiuolo, un
portrait d'Erasme, un projet de tableau de 1522 (Madonne entouree de saintes) remar-
quable par la largeur de la composition et la liberte de l'arrangement et enfin de belles
etudes pour les Apötres de Munich.
Apres la collection Bonnat il convient de eiter les collections du baron Edmond
de Rotschild et du baron de Schickler.
Au point de vue des dessins d'Holbein, le Louvre ne saurait rivaliser ni
avec le Musee de Bale, ni avec la Bibliotheque de Windsor. Il possede cependant
outre une belle etude de mains pour le portrait d'Erasme une des plus belles
esquisses originales du maitre bälois: l'esquisse du Triomphe de la Richesse et
de la Pauvrete qui devait decorer le Stahlhof ou Steelyard des marchands alle-
mands de Londres. On sait que les «Trionfi» de Petrarque avaiant popularise
ces themes allegoriques: on peut rapprocher de l'esquisse d'Holbein le triomphe
de Cesar de Mantegna ou le Char de triomphe de Maximilien de Dürer. Puisque nous
parlons de l'art allemand en France, il n'est pas hors de propos de rappeler ici que
9 La reproduction des dessins de la Bibliotheque Nationale dans le recueil de Lippmann
est incomplete. On n'y trouve ni la celebre etude pour la tete de la Vierge ni les deux etudes
de jeunes gar^ons reproduites dans Soldan et Riehl, no. 19, 31, 74.