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MONATSHEFTE
^KUNSTW] SSENSCHAFT
Herausgeber: DR -GEORG BIERMANN
Redaktion: LEIPZIG, Liebigstr. 2
Heft 4
I. Jahrg.
1908
L'art allemand dans les Musees fran^ais
Par L. Reau (Paris)
S'il n'y a pas en Allemagne un seul Musee qui reflete exactement l'evolution
generale de la peinture fran^aise depuis ses origines jusqu'ä nos jours, il faut
reconnaitre du moins que certaines epoques de l'art franqais sont admirablement
representees dans les collections d'Outre-Rhin. La peinture franqaise du XVIIIe siede
par exemple rayonne ä Berlin d'un eclat incomparable gräce ä une profusion de chefs
d'ceuvre exquis qui peuvent rivaliser avec ceux du Louvre. Il n'existe en somme hors
de France que trois grandes collections oü l'on puisse etudier comme ils le meritent
les «Peintres de Fetes Galantes»: le Musee de Stockholm, le Musee Richard
Wallace ä Londres et enfin — last not least — les collections imperiales de Berlin.1)
Le Palais de l'Empereur ä Berlin recele en effet, dans des appartements dont l'acces
est malheureusement interdit, les deux ceuvres capitales de Watteau: l'Embarquement
pour Cythere et 1'Enseigne de Gersaint; et les trois palais de Potsdam: le Vieux
Palais, le pavillon de Sans-Souci et le Nouveau Palais dont les terrasses sont decorees
de sculptures des Adam et de Pigalle, ont conserve un ensemble admirable de toiles
de Chardin, de Pater et de Lancret qui s'accordent ä merveille avec la decoration
architecturale et les boiseries de style rococo. Ces tableaux seraient cruellement
depayses au Musee de l'Empereur Frederic: ils sont tout ä fait ä leur place dans les
palais du roi Frederic le Grand qui a ete non seulement l'ami de Voltaire et des
Encyclopedistes, mais un des amateurs les plus delicats et les plus fervents de l'art
franqais du XVIIIe siecle.
Gräce ä M. Hugo von Tschudi, la National Galerie de Berlin peut opposer
aux collections de Frederic II un ensemble äquivalent de peinture frangaise moderne.
Cette collection qui ne doit rien aux subventions officielles ne comprend bien entendu
qu'un nombre restreint de tableaux; mais si les ceuvres exposees sont en petit nombre,
elles ont ete choisies avec un goüt exquis et caracterisent ä merveille non seulement
tes tendances generales de la peinture franqaise, mais encore l'evolution de chaque
9 Cf. P. Seidel: Französische Kunstwerke des 18. Jahrhunderts im Besitze Seiner Majestät
des Deutschen Kaisers — Die Kunstsammlung Friedrichs des Grossen.
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MONATSHEFTE
^KUNSTW] SSENSCHAFT
Herausgeber: DR -GEORG BIERMANN
Redaktion: LEIPZIG, Liebigstr. 2
Heft 4
I. Jahrg.
1908
L'art allemand dans les Musees fran^ais
Par L. Reau (Paris)
S'il n'y a pas en Allemagne un seul Musee qui reflete exactement l'evolution
generale de la peinture fran^aise depuis ses origines jusqu'ä nos jours, il faut
reconnaitre du moins que certaines epoques de l'art franqais sont admirablement
representees dans les collections d'Outre-Rhin. La peinture franqaise du XVIIIe siede
par exemple rayonne ä Berlin d'un eclat incomparable gräce ä une profusion de chefs
d'ceuvre exquis qui peuvent rivaliser avec ceux du Louvre. Il n'existe en somme hors
de France que trois grandes collections oü l'on puisse etudier comme ils le meritent
les «Peintres de Fetes Galantes»: le Musee de Stockholm, le Musee Richard
Wallace ä Londres et enfin — last not least — les collections imperiales de Berlin.1)
Le Palais de l'Empereur ä Berlin recele en effet, dans des appartements dont l'acces
est malheureusement interdit, les deux ceuvres capitales de Watteau: l'Embarquement
pour Cythere et 1'Enseigne de Gersaint; et les trois palais de Potsdam: le Vieux
Palais, le pavillon de Sans-Souci et le Nouveau Palais dont les terrasses sont decorees
de sculptures des Adam et de Pigalle, ont conserve un ensemble admirable de toiles
de Chardin, de Pater et de Lancret qui s'accordent ä merveille avec la decoration
architecturale et les boiseries de style rococo. Ces tableaux seraient cruellement
depayses au Musee de l'Empereur Frederic: ils sont tout ä fait ä leur place dans les
palais du roi Frederic le Grand qui a ete non seulement l'ami de Voltaire et des
Encyclopedistes, mais un des amateurs les plus delicats et les plus fervents de l'art
franqais du XVIIIe siecle.
Gräce ä M. Hugo von Tschudi, la National Galerie de Berlin peut opposer
aux collections de Frederic II un ensemble äquivalent de peinture frangaise moderne.
Cette collection qui ne doit rien aux subventions officielles ne comprend bien entendu
qu'un nombre restreint de tableaux; mais si les ceuvres exposees sont en petit nombre,
elles ont ete choisies avec un goüt exquis et caracterisent ä merveille non seulement
tes tendances generales de la peinture franqaise, mais encore l'evolution de chaque
9 Cf. P. Seidel: Französische Kunstwerke des 18. Jahrhunderts im Besitze Seiner Majestät
des Deutschen Kaisers — Die Kunstsammlung Friedrichs des Grossen.
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