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Monatshefte für Kunstwissenschaft
peintre en particulier. Manet et Monet par exemple sont representes par deux ou
trois tableaux qui, outre leur qualite artistique, ont l'avantage de marquer le point de
depart et les stades successifs de l'evolution de ces deux maitres. Comme la Galerie
Nationale est par definition consacree avant tout ä l'art allemand, M. von Tschudi
n'a pas commis la faute de constituer ä cote du musee allemand un musee independant
d'art frangais. Ce qui l'interesse, ce n'est pas l'art fran^ais en general, c'est l'art
fran^ais dans ses rapports avec l'art allemand. C'est pourquoi il a provisoire-
ment ecarte de sa collection, Delacroix et l'Ecole de Fontainebleau pour mieux
mettre en lumiere les peintres fran^ais comme Courbet, Manet et les Impressionnistes
qui depuis 1850 environ ont exerce une influence decisive sur l'art allemand moderne.
Les salles de peinture francaise de la National Galerie ne sont donc pas un hors d'ceuvre
inutile, mais un complement necessaire de l'histoire de l'art allemand qui est alle chercher
ä Paris ses inspirateurs et ses modeles.
Ainsi ou peut dire que, gräce ä Frederic II et ä M. von Tschudi, qui apparait
ici comme son veritable successeur deux des plus grandes et des plus seduisantes
epoques de l'art franqais: l'epoque des Peintres de Fetes Galantes et l'Ecole
impressionniste sont representees ä Berlin sous tous leurs aspects. Mais Watteau
et Manet, ces deux maitres privilegies, ne sont pas les seuls dont le nom figure
sur les catalogues de Musees allemands. 11 ne faut pas oublier que, gräce ä
la Societe du Musee de l'Empereur Frederic, le Musee de Berlin a acquis recemment
le Portrait d'Etienne Chevalier, ceuvre capitale de Maitre Jean Fouquet qui
illustre brillamment l'art des Primitifs franqais du XVe siecle. En outre il n'est
presque pas un seul Musee allemand de quelque importance qui ne possede
des ceuvres caracteristiques de nos peintres du XVIIe siecle: des paysages de Poussin
et de Claude Lorrain, des tableaux d'histoire de Lebrun. Au Musee de Berlin,
le portrait de la famille Jabach par Lebrun, dont la place serait tout indiquee
au Musee du Louvre qui a herite des collections du banquier colonais, le charmant
portrait de Marie Mancini par Mignard representent tres heureusement les peintres
du Roi-Soleil. Enfin la plupart des grands Musees allemands commencent ä suivre
l'exemple de la National-Galerie et ouvrent largement leurs portes ä l'art fran^ais
moderne: je citerai seulement l'Institut Staedel du Francfort et le Musee de Dresde
qui ont acquis recemment des ceuvres importantes de Courbet, de Puvis de Chavannes
et de Monet.
Il s' en faut de beaucoup que l'art allemand soit aussi bien represente dans les
Musees fran^ais. Le Louvre possede il est vrai un certain nombre d'ceuvres tres
remarquables de l'Ecole allemande.1) Mais c'est une collection formee au hasard, sans
esprit de suite et sans methode; elle provient presque entierement du Cabinet du roi
Louis XIV et depuis lors elle est restee stationnaire. Il semble qu'on ait neglige
systematiquement toutes les occasions qui s'offraient d'enrichir cette serie si incomplete.
En somme il est impossible de se faire ä Paris une idee meme approximative de l'art
9 Cf. Lafenestre et Richtenberger: Le Musee National du Louvre. 1902.
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peintre en particulier. Manet et Monet par exemple sont representes par deux ou
trois tableaux qui, outre leur qualite artistique, ont l'avantage de marquer le point de
depart et les stades successifs de l'evolution de ces deux maitres. Comme la Galerie
Nationale est par definition consacree avant tout ä l'art allemand, M. von Tschudi
n'a pas commis la faute de constituer ä cote du musee allemand un musee independant
d'art frangais. Ce qui l'interesse, ce n'est pas l'art fran^ais en general, c'est l'art
fran^ais dans ses rapports avec l'art allemand. C'est pourquoi il a provisoire-
ment ecarte de sa collection, Delacroix et l'Ecole de Fontainebleau pour mieux
mettre en lumiere les peintres fran^ais comme Courbet, Manet et les Impressionnistes
qui depuis 1850 environ ont exerce une influence decisive sur l'art allemand moderne.
Les salles de peinture francaise de la National Galerie ne sont donc pas un hors d'ceuvre
inutile, mais un complement necessaire de l'histoire de l'art allemand qui est alle chercher
ä Paris ses inspirateurs et ses modeles.
Ainsi ou peut dire que, gräce ä Frederic II et ä M. von Tschudi, qui apparait
ici comme son veritable successeur deux des plus grandes et des plus seduisantes
epoques de l'art franqais: l'epoque des Peintres de Fetes Galantes et l'Ecole
impressionniste sont representees ä Berlin sous tous leurs aspects. Mais Watteau
et Manet, ces deux maitres privilegies, ne sont pas les seuls dont le nom figure
sur les catalogues de Musees allemands. 11 ne faut pas oublier que, gräce ä
la Societe du Musee de l'Empereur Frederic, le Musee de Berlin a acquis recemment
le Portrait d'Etienne Chevalier, ceuvre capitale de Maitre Jean Fouquet qui
illustre brillamment l'art des Primitifs franqais du XVe siecle. En outre il n'est
presque pas un seul Musee allemand de quelque importance qui ne possede
des ceuvres caracteristiques de nos peintres du XVIIe siecle: des paysages de Poussin
et de Claude Lorrain, des tableaux d'histoire de Lebrun. Au Musee de Berlin,
le portrait de la famille Jabach par Lebrun, dont la place serait tout indiquee
au Musee du Louvre qui a herite des collections du banquier colonais, le charmant
portrait de Marie Mancini par Mignard representent tres heureusement les peintres
du Roi-Soleil. Enfin la plupart des grands Musees allemands commencent ä suivre
l'exemple de la National-Galerie et ouvrent largement leurs portes ä l'art fran^ais
moderne: je citerai seulement l'Institut Staedel du Francfort et le Musee de Dresde
qui ont acquis recemment des ceuvres importantes de Courbet, de Puvis de Chavannes
et de Monet.
Il s' en faut de beaucoup que l'art allemand soit aussi bien represente dans les
Musees fran^ais. Le Louvre possede il est vrai un certain nombre d'ceuvres tres
remarquables de l'Ecole allemande.1) Mais c'est une collection formee au hasard, sans
esprit de suite et sans methode; elle provient presque entierement du Cabinet du roi
Louis XIV et depuis lors elle est restee stationnaire. Il semble qu'on ait neglige
systematiquement toutes les occasions qui s'offraient d'enrichir cette serie si incomplete.
En somme il est impossible de se faire ä Paris une idee meme approximative de l'art
9 Cf. Lafenestre et Richtenberger: Le Musee National du Louvre. 1902.