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Monatshefte für Kunstwissenschaft — 1. Halbband, Heft 1 - 6.1908

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Heft 4
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Réau, L.: L'art allemand dans les Musées français
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https://doi.org/10.11588/diglit.70400#0266

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Monatshefte für Kunstwissenschaft

Puisqu'aussi bien il est question de l'Ecole de Cologne, je nie permettrai de
suggerer ici un leger remaniement qui donnerait plus de cohesion ä la petite
collection allemande du Musee. Le Louvre a la bonne fortune de posseder un
tableau du Maitre de la Mort de Marie, tres comparable comme dimensions
et comme sujet ä la Deposition de croix du Maitre de S' Barthelemy. Pourquoi
ne pas placer du meme cöte de la Galerie et sur la meme cimaise deux ceuvres
similaires dont le rapprochement serait instructif? Pour faire l'education artistique
du public, il faut multiplier les termes de comparaison, suggerer par le simple
classement des ceuvres des rapports et des filiations. Le rapprochement de ces
deux tableaux aurait l'avantage de montrer de quelle fa^on differente deux maitres
colonais ont traite le meme theme et de mettre en evidence les tendances contradictoires
entre lesquelles hesite la peinture colonaise au commencement du XVIe siecle.
Chez le Maitre de S' Barthelemy, les influences flamandes sont encore prepon-
derantes; avec le Maitre de la Mort de Marie, peintre anversois etabli ä Cologne
qu'on a identifie avec Joos van Cleve, c'est l'italianisme qui apparait. L'ordonnance
reguliere et academique, le coloris froid et bleuätre, tout trahit l'influence des
manieristes italiens qui chez Bartel Bruyn, le dernier des peintres colonais, va devenir
encore plus sensible. D'ailleurs le tableau du Louvre a ete peint par le Maitre de la
Mort de Marie en Italie; il provient de leglise Sta Maria della Pace ä Genes. C'est la
partie centrale d'un triptyque mutile et il est divise en trois zönes. La partie centrale
represente une Pieta, la lunette la stigmatisation de Sf Francois d'Assise et la predelle
la Sainte Cene. C'est une ceuvre qui, malgre l'excellence de certains portraits, est loin
de valoir la Deposition de Croix qui lui fait pendant, surtout au point de vue du coloris
qui est moins chaud et moins transparent. Mais elle constitue un document tres precieux
pour les historiens de l'art colonais; elle marque en effet la penetration de l'influence
italienne ä Cologne par l'intermediaire des Romanistes flamands. L'Ecole colonaise, qui
n'etait guere depuis le XVe siecle qu'une annexe de l'Ecole flamande, aurait sans
doute continue ä ignorer la Renaissance italienne si les Flamands eux-memes n'avaient
passe ä l'ennemi et ne s'etaint fait les propagateurs de l'art ultramontain.
Il est hors de doute que la collection allemande du Louvre, malgre ses lacunes
et ses insuffisances, acquerrait un peu de cohesion si on la classait logiquement dans
une salle ä part au lieu de l'eparpiller comme on fait dans une travee de cette Grande
Galerie qui sert de rendez-vous ä toutes les Ecoles.1) Mais ce qui est plus grave, c'est
qu'on a fait disparaitre recemment sans autre forme de proces une ceuvre tres curieuse
du peintre-graveur Hans Sebald Beham qui vient immediatement dans la serie des chefs-
d'ceuvre allemands du Louvre apres les portraits d'Holbein et la grande Deposition de croix du
Maitre de Sf Barthelemy. Il s'agit, il est vrai, d'une peinture assez difficile ä presenter;
car elle est destinee ä etre posee ä plat; mais ce n'est pas une raison süffisante pour
distraire de l'ensemble des collections une piece de cette importance qui etait restee longtemps

9 Au lieu d'etre partagee entre toutes les Ecoles, la Grande Galerie devrait servir ä
montrer l'evolution de la peinture fran^aise depuis Jean Fouquet jusqu'ä Manet; les tableaux
de l'Ecole fran^aise sont eparpilles aux quatre coins du Musee.
 
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