262
Monatshefte für Kunstwissenschaft
Jean Gigoux de deux tableaux importants de Cranach; une Lucrece et surtout une
Source qu'un cartouche designe sous le nom de Fontis Nympha (Nymphe de la Fon-
taine). Ce tableau parfaitement conserve et signe du dragon aile represente au milieu
d'un delicieux paysage franconien une femme nue d'une elegance un peu contournee
avec un front enorme et des yeux brides selon le type eher ä Cranach. Il existe plusieurs
repliques du ce tableau: mais aucune n'egale le charme et la fraicheur de la Source
du Musee de Besancon.
La ville de Besancon possede dans sa Bibliotheque Municipale un autre tresor non
moins precieux de l'art allemand: c'est un fragment important du fameux Livre d'heures
de l'empereur Maximilien1). On sait que Maximilien fit imprimer en 1513 par les
presses du celebre editeur d'Augsbourg Hans Schönsperger un «Diurnale seu Liber
precum» qui devait etre tire ä un tres petit nombre d'exemplaires pour les chevaliers
de l'Ordre de S1 Georges. L'empereur chargea Albert Dürer et les plus grands maitres
allemands de l'epoque de decorer d'arabesques et de dessins ä la plume les marges
de l'exemplaire sur velin qu'il avait fait reserver pour son usage personnel. Cet exem-
plaire imperial est aujourd'hui conserve en deux fragments ä la Bibliotheque de Munich
et ä la Bibliotheque de Besancon. Les feuillets de Munich sont de beaucoup les plus
precieux: car ils ont ete enrichis de la main meme de Dürer de dessins exquis executes
ä l'encre verte, rouge ou violette, dont la fantaisie, la verve, l'aisance et la sürete de
trait sont admirables. Le fragment de la Bibliotheque de Besancon a ete decore par
Burgkmair, Altdorfer, H. Baldung Grien, Jörg Breu et Hans Dürer, le frere d'Albert Dürer,
mais avec infiniment moins de talent et d'esprit. Quoi qu'il en soit, ces feuillets qui
sont reproduits en fac-simile ä la suite des feuillets de Munich dans la luxueuse edition
du Livre d'heures de Maximilien que M. K. Giehlow fait paraitre chez l'editeur Bruckmann
sont un monument capital de l'art de l'illustration ä l'epoque de la Renaissance allemande.
Le livre d'heures de Besancon provient du Couvent des Benedictins de S' Vincent,
secularise ä la Revolution. On ne sait ä la suite de quels avatars ce precieux fragment
est venu echouer dans un couvent bisontin.
M. Benoit qui va faire paraitre prochainement une etude sur la Peinture au
Musee de Lille attribue au Pseudo Grünewald un tableau tres curieux de ce musee
representant un Couronnement d'Epines. Mais si le Pseudo Grünewald n'est autre
que Hans Cranach, il est impossible de lui attribuer un tableau ä tendances catholiques
dirige contre la Reforme lutherienne.
Les illustrations marginales du Livre d'heures de Besancon nous amenent ä
parier des dessins de l'Ecole allemande qui meritent au meme titre qui les peintures
une etude approfondie. Un grand nombre de dessins de Dürer, qui se trouvaient
9 Cf. Jahrbuch der K. K. Samml. des all. Kaiserhauses: Chmelarz: Diurnale oder
Gebetbuch des Kaisers Maximilian I. 1884 — et K. Giehlow: Beiträge zur Entstehungsgeschichte
des Gebetbuches Kaisers Maximilian. 1899. — K. Giehlow: Kaiser Maximilians Gebetbuch mit
Zeichnungen von A. Dürer und anderen Künstlern. Fo. München. Bruckmann. 1908. — Ephrussi:
Albert Dürer et ses dessins. Paris. Quantin. 1881. — Musees et Monuments: Jahrg. 1907; No. 7.
Monatshefte für Kunstwissenschaft
Jean Gigoux de deux tableaux importants de Cranach; une Lucrece et surtout une
Source qu'un cartouche designe sous le nom de Fontis Nympha (Nymphe de la Fon-
taine). Ce tableau parfaitement conserve et signe du dragon aile represente au milieu
d'un delicieux paysage franconien une femme nue d'une elegance un peu contournee
avec un front enorme et des yeux brides selon le type eher ä Cranach. Il existe plusieurs
repliques du ce tableau: mais aucune n'egale le charme et la fraicheur de la Source
du Musee de Besancon.
La ville de Besancon possede dans sa Bibliotheque Municipale un autre tresor non
moins precieux de l'art allemand: c'est un fragment important du fameux Livre d'heures
de l'empereur Maximilien1). On sait que Maximilien fit imprimer en 1513 par les
presses du celebre editeur d'Augsbourg Hans Schönsperger un «Diurnale seu Liber
precum» qui devait etre tire ä un tres petit nombre d'exemplaires pour les chevaliers
de l'Ordre de S1 Georges. L'empereur chargea Albert Dürer et les plus grands maitres
allemands de l'epoque de decorer d'arabesques et de dessins ä la plume les marges
de l'exemplaire sur velin qu'il avait fait reserver pour son usage personnel. Cet exem-
plaire imperial est aujourd'hui conserve en deux fragments ä la Bibliotheque de Munich
et ä la Bibliotheque de Besancon. Les feuillets de Munich sont de beaucoup les plus
precieux: car ils ont ete enrichis de la main meme de Dürer de dessins exquis executes
ä l'encre verte, rouge ou violette, dont la fantaisie, la verve, l'aisance et la sürete de
trait sont admirables. Le fragment de la Bibliotheque de Besancon a ete decore par
Burgkmair, Altdorfer, H. Baldung Grien, Jörg Breu et Hans Dürer, le frere d'Albert Dürer,
mais avec infiniment moins de talent et d'esprit. Quoi qu'il en soit, ces feuillets qui
sont reproduits en fac-simile ä la suite des feuillets de Munich dans la luxueuse edition
du Livre d'heures de Maximilien que M. K. Giehlow fait paraitre chez l'editeur Bruckmann
sont un monument capital de l'art de l'illustration ä l'epoque de la Renaissance allemande.
Le livre d'heures de Besancon provient du Couvent des Benedictins de S' Vincent,
secularise ä la Revolution. On ne sait ä la suite de quels avatars ce precieux fragment
est venu echouer dans un couvent bisontin.
M. Benoit qui va faire paraitre prochainement une etude sur la Peinture au
Musee de Lille attribue au Pseudo Grünewald un tableau tres curieux de ce musee
representant un Couronnement d'Epines. Mais si le Pseudo Grünewald n'est autre
que Hans Cranach, il est impossible de lui attribuer un tableau ä tendances catholiques
dirige contre la Reforme lutherienne.
Les illustrations marginales du Livre d'heures de Besancon nous amenent ä
parier des dessins de l'Ecole allemande qui meritent au meme titre qui les peintures
une etude approfondie. Un grand nombre de dessins de Dürer, qui se trouvaient
9 Cf. Jahrbuch der K. K. Samml. des all. Kaiserhauses: Chmelarz: Diurnale oder
Gebetbuch des Kaisers Maximilian I. 1884 — et K. Giehlow: Beiträge zur Entstehungsgeschichte
des Gebetbuches Kaisers Maximilian. 1899. — K. Giehlow: Kaiser Maximilians Gebetbuch mit
Zeichnungen von A. Dürer und anderen Künstlern. Fo. München. Bruckmann. 1908. — Ephrussi:
Albert Dürer et ses dessins. Paris. Quantin. 1881. — Musees et Monuments: Jahrg. 1907; No. 7.