DES PÏERRES GRAVÉES.
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VÉNUS etMARS
SURPRIS PAR VULC AIN.
Nous ne donnons cetce pierre ni comme antique ? ni même
comme copiée de PAntique ; la composition n’en est pas sans
mérite ? ôc ne manque pas de mouvement, mais le travail en est sec
& la touche lourde ; les formes en sont savantes, mais mâniérées;
îes muscles y sont à leur place , mais trop détachés les uns des
autres, trop arrondis, trop chargés, trop apperçus ; ( 1 ) d’ailleurs
FArtiste les a auiTi fortement prononcés dans les sigures qui sont
en repos, que dans celies qui sont en aflion ; les extrémités, les
mains surtout y sont peu soignées, ôc la manière dont les cheveux
y sont traités n’a ni la lègereté , ni le mouvement que savoient
donner à cette partie les Artistes Grecs, qui, sans jamais entrer
dans des détails minutieux , mettoient néanmoins dans tous leurs
ouvrages tant d’esprit ôc de vérité.
Nous soupçonnons que Ie travail de cette pierre appàrtient
à quelqu’un de ces hommes estimables qui , encouragés par les
Médicis, ranimerent l’Art de graver en creux & en relief, (2) Ôc
que le dessin en est de Jules Romain, peut-être même de Michel-
Ange ; car ces premiers Graveurs, sans en excepter le pîus cèlébre
d’entr’eux, Valerio de Belli, surnommé Vicentini, ne travailioient
que d’après sAntique ou sur les deTms des plus grands Maîtres de
leur temps, Ôc le deTin de notre Sardoine nous paroit tenir insi-
niment de la manière toujours grande mais souvent exagèrèe de
Jules Romain ou plutôt de celie de Michel -Ange, lequel pro-
nonçoit teilement ies muscles qu’Ü sembloit avoir oubliè qu’ils sont
couverts d’une peau.
On sera, sans doute, étonné de voir Saturne sans barbe, Nep»»
îune ayant le Foudre à la main ôc Pluton portant un Sceptre ; à la
(r) Ils sont extrêmement adoucis dans la planche.
(2) Voyez le Vasari} Tom. II. pag. %. Vie de Valerio Vicentini.
Tome L
O Q>
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VÉNUS etMARS
SURPRIS PAR VULC AIN.
Nous ne donnons cetce pierre ni comme antique ? ni même
comme copiée de PAntique ; la composition n’en est pas sans
mérite ? ôc ne manque pas de mouvement, mais le travail en est sec
& la touche lourde ; les formes en sont savantes, mais mâniérées;
îes muscles y sont à leur place , mais trop détachés les uns des
autres, trop arrondis, trop chargés, trop apperçus ; ( 1 ) d’ailleurs
FArtiste les a auiTi fortement prononcés dans les sigures qui sont
en repos, que dans celies qui sont en aflion ; les extrémités, les
mains surtout y sont peu soignées, ôc la manière dont les cheveux
y sont traités n’a ni la lègereté , ni le mouvement que savoient
donner à cette partie les Artistes Grecs, qui, sans jamais entrer
dans des détails minutieux , mettoient néanmoins dans tous leurs
ouvrages tant d’esprit ôc de vérité.
Nous soupçonnons que Ie travail de cette pierre appàrtient
à quelqu’un de ces hommes estimables qui , encouragés par les
Médicis, ranimerent l’Art de graver en creux & en relief, (2) Ôc
que le dessin en est de Jules Romain, peut-être même de Michel-
Ange ; car ces premiers Graveurs, sans en excepter le pîus cèlébre
d’entr’eux, Valerio de Belli, surnommé Vicentini, ne travailioient
que d’après sAntique ou sur les deTms des plus grands Maîtres de
leur temps, Ôc le deTin de notre Sardoine nous paroit tenir insi-
niment de la manière toujours grande mais souvent exagèrèe de
Jules Romain ou plutôt de celie de Michel -Ange, lequel pro-
nonçoit teilement ies muscles qu’Ü sembloit avoir oubliè qu’ils sont
couverts d’une peau.
On sera, sans doute, étonné de voir Saturne sans barbe, Nep»»
îune ayant le Foudre à la main ôc Pluton portant un Sceptre ; à la
(r) Ils sont extrêmement adoucis dans la planche.
(2) Voyez le Vasari} Tom. II. pag. %. Vie de Valerio Vicentini.
Tome L
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