DES PIERRES GRAYÉES.
25 ï
S I L È N E.
JNlous ne répéterons point ici ies remarques que nous avons
faites dans l’article précédent. Nous nous bornerons à faire ob-
server que?même dans les derniers temps de la Mythologie, il y eut
un Siiène pris individuellement 3 lequel fut toujours disbingué de la
tourbe des Silènes que îes Poëtes confondoient souvent avec les
Satyres ôc les Faunes ; c’étoit le reste d’une ancienne allégorie
qui, en rouîant de siècle en siècle à travers Fimagination men-
songère des Grecs s’étoit altérée sans se détruire. La Mythologie
n’étoit autre chose que la Religion & la Philosophie cachées sous
des emblêmes sensibles , souvent grossiers & quelquefois extrava-
gans & même ridicules ; or Pan ne fut pas seuîement le symbole
de la Nature , il le fut encore ? sous le nom de Silène , de ia
Mythoîogie même. (1) Voilà pourquoi P011 donnoit le nom de
Silène à certaines sigures informes & bizarres qui renfermoient
des Statues dont îa matière & le travail étoient également pré-
cieux ; & cVtoit bien plus sur ce rapport qu’Alcibiade comparoit
Socrate à Silène , (2) que sur la ressemblance qui pouvoit se
trouver dans leurs traits. C^est encore pour la même raison que
Silène nous est offert tout-à-la-fois comme un ivrogne & comme
un Philosophe ? comme un bouffon Ôc comme un grand Capi-
taine, comme un libertin & comme un Sage.
Dans Diodore , il enseigne à Bacchus l’Art de la Guerre Ôc
(1) Nous n’avons eu garde d’ensser cet article par les nombreuses origines que les
Grammairiens & les Savans ont asïignées au mot Silétie, elles n’ont rien de satisfai-
sant. 11 nous suffira donc de rappeller ce que nous avons déjà dit que Pan, Silène,
les Faunes & les Satyres ne différoient que de nom. Nous ajouterons seulement que
dans ie Glofîaire de Philoxène, Pan , Silène & Sylvain sont regardés comme une
seule & même Divinité, & que dans îe Prologue des Eacchuïes de Plaute , Silène
dit qu il est le Dieu de la Nature : Naturce Deus sum,
(2) In Platon. Conviv.
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S I L È N E.
JNlous ne répéterons point ici ies remarques que nous avons
faites dans l’article précédent. Nous nous bornerons à faire ob-
server que?même dans les derniers temps de la Mythologie, il y eut
un Siiène pris individuellement 3 lequel fut toujours disbingué de la
tourbe des Silènes que îes Poëtes confondoient souvent avec les
Satyres ôc les Faunes ; c’étoit le reste d’une ancienne allégorie
qui, en rouîant de siècle en siècle à travers Fimagination men-
songère des Grecs s’étoit altérée sans se détruire. La Mythologie
n’étoit autre chose que la Religion & la Philosophie cachées sous
des emblêmes sensibles , souvent grossiers & quelquefois extrava-
gans & même ridicules ; or Pan ne fut pas seuîement le symbole
de la Nature , il le fut encore ? sous le nom de Silène , de ia
Mythoîogie même. (1) Voilà pourquoi P011 donnoit le nom de
Silène à certaines sigures informes & bizarres qui renfermoient
des Statues dont îa matière & le travail étoient également pré-
cieux ; & cVtoit bien plus sur ce rapport qu’Alcibiade comparoit
Socrate à Silène , (2) que sur la ressemblance qui pouvoit se
trouver dans leurs traits. C^est encore pour la même raison que
Silène nous est offert tout-à-la-fois comme un ivrogne & comme
un Philosophe ? comme un bouffon Ôc comme un grand Capi-
taine, comme un libertin & comme un Sage.
Dans Diodore , il enseigne à Bacchus l’Art de la Guerre Ôc
(1) Nous n’avons eu garde d’ensser cet article par les nombreuses origines que les
Grammairiens & les Savans ont asïignées au mot Silétie, elles n’ont rien de satisfai-
sant. 11 nous suffira donc de rappeller ce que nous avons déjà dit que Pan, Silène,
les Faunes & les Satyres ne différoient que de nom. Nous ajouterons seulement que
dans ie Glofîaire de Philoxène, Pan , Silène & Sylvain sont regardés comme une
seule & même Divinité, & que dans îe Prologue des Eacchuïes de Plaute , Silène
dit qu il est le Dieu de la Nature : Naturce Deus sum,
(2) In Platon. Conviv.