DES PIERRES GRAVÉES.
247
S A T Y R E
FAÏSANT DANSER UN ENFANT.
Tout ce qu’on a dit des Satyres, des Silèaes, des Tityres,
desPans, des Egipans, des Faunes & des Sylvains se résout en
une seule & même fable, celie de Pan. ( 1 ) Ce Dieu , dans Pan-
cienne Théologie des Grecs , étoit regardé comme le Dieu de la
Nature, ou plutôt comme la Nature elle-même : c’étoit le Tout^ c’é-
toit YUnivers ydinCi que Fexprime son propre nom. (2) Mais au temps
011 les Arts florissoient chez ies Grecs , il s’étoit déjà fait de grands
changemens dans ia Théologie de ce peuple ; la révoiution des
âges , Fimagination aes PoëteSj les fantarsies dss Artistes, les
divers objets que se proposoient les Phiiosophes dont les uns fai-
soieht servir ia Fabie à expÜquer la Nature, Ôe les autres à faire
aimer & respeder ie Gouvernement, avoient considérabiement al-
téré toutes ies parties de l’ancienne ôc première Mythoiogie. On
divisa la puissance de Pan ainsi que ses caradlères ôt ses Attributs ;
ce Dieu fut envisagé sous divers rapports 5 & tous ces rapports
(1) Unhomme de beaucoupd’esprit, mais quelquefoisparadoxal, a cruque l’Orang'Ou-
tan avoitdonné lieu àla superÜition qui fitimaginer lesSatyres, lesSylvains, les Pans,
Scc. ( liecherches P/ulofophiques fur les Américains , Tom. II. p. 78.) Ses observations
mémes sur les inclinations & le caradtère de cet être singulier nous empêchent de
trouver aucune analogie entre l’Orang-Outan & les Satyres. L’un esi; doux, simple,
sérieux : s’il témoigne quelquefois pour les femmes un appétit violent, cet appétit est
tempéré par séducation, quand on sa tranlporté en Europe. Les autres au contraire
sont toujours gais, pétulans, aimant la danse, les plaisirs bruyans, & surtoutils sont
fort lascifs. D’ailleurs les Grecs, chez qui les Satyres , les Faunes &c. ont pris naii-
sance, avoient-ils quelques notions de l’Orang-Outan qui n’habite, dit-on, que la
Zône torride? Et quand ils en auroient eu connoissance, pourquoi sauroient-ils dé-
naturé en lui donnant des oreilles pointues, une queue de cheval au bas des reins,
des cornes au front & des pieds de chèvre j n’étoit-il pas déjà assez extraordinaire de
sa nature ? D’où vient ensuite cette diversité de Satyres, de Faunes, de Pans , de
Sylvains, de Silènes , &c. L’Orang-Outan auroit-il été seul le Prototype de cette
multitude de Dieux subalternes , & pourquoi les Grecs auroient-ils accordé les hon-
neurs de l’Apothéose aux Orang-Outans
(*) Tlavu, Kclka KpclTSpov, Kocrp.oto t0 (rupvrc(.V,
Ovçctv'bv, m ôcthciTcrctv, «css 'xJovci nrciy.CcitrlksictVy
KCt) 7TVÇ ùùâvctlov , TctS'e $ y.Zktl êç) Tct TTClvÔç.
Orph. Hymn.
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S A T Y R E
FAÏSANT DANSER UN ENFANT.
Tout ce qu’on a dit des Satyres, des Silèaes, des Tityres,
desPans, des Egipans, des Faunes & des Sylvains se résout en
une seule & même fable, celie de Pan. ( 1 ) Ce Dieu , dans Pan-
cienne Théologie des Grecs , étoit regardé comme le Dieu de la
Nature, ou plutôt comme la Nature elle-même : c’étoit le Tout^ c’é-
toit YUnivers ydinCi que Fexprime son propre nom. (2) Mais au temps
011 les Arts florissoient chez ies Grecs , il s’étoit déjà fait de grands
changemens dans ia Théologie de ce peuple ; la révoiution des
âges , Fimagination aes PoëteSj les fantarsies dss Artistes, les
divers objets que se proposoient les Phiiosophes dont les uns fai-
soieht servir ia Fabie à expÜquer la Nature, Ôe les autres à faire
aimer & respeder ie Gouvernement, avoient considérabiement al-
téré toutes ies parties de l’ancienne ôc première Mythoiogie. On
divisa la puissance de Pan ainsi que ses caradlères ôt ses Attributs ;
ce Dieu fut envisagé sous divers rapports 5 & tous ces rapports
(1) Unhomme de beaucoupd’esprit, mais quelquefoisparadoxal, a cruque l’Orang'Ou-
tan avoitdonné lieu àla superÜition qui fitimaginer lesSatyres, lesSylvains, les Pans,
Scc. ( liecherches P/ulofophiques fur les Américains , Tom. II. p. 78.) Ses observations
mémes sur les inclinations & le caradtère de cet être singulier nous empêchent de
trouver aucune analogie entre l’Orang-Outan & les Satyres. L’un esi; doux, simple,
sérieux : s’il témoigne quelquefois pour les femmes un appétit violent, cet appétit est
tempéré par séducation, quand on sa tranlporté en Europe. Les autres au contraire
sont toujours gais, pétulans, aimant la danse, les plaisirs bruyans, & surtoutils sont
fort lascifs. D’ailleurs les Grecs, chez qui les Satyres , les Faunes &c. ont pris naii-
sance, avoient-ils quelques notions de l’Orang-Outan qui n’habite, dit-on, que la
Zône torride? Et quand ils en auroient eu connoissance, pourquoi sauroient-ils dé-
naturé en lui donnant des oreilles pointues, une queue de cheval au bas des reins,
des cornes au front & des pieds de chèvre j n’étoit-il pas déjà assez extraordinaire de
sa nature ? D’où vient ensuite cette diversité de Satyres, de Faunes, de Pans , de
Sylvains, de Silènes , &c. L’Orang-Outan auroit-il été seul le Prototype de cette
multitude de Dieux subalternes , & pourquoi les Grecs auroient-ils accordé les hon-
neurs de l’Apothéose aux Orang-Outans
(*) Tlavu, Kclka KpclTSpov, Kocrp.oto t0 (rupvrc(.V,
Ovçctv'bv, m ôcthciTcrctv, «css 'xJovci nrciy.CcitrlksictVy
KCt) 7TVÇ ùùâvctlov , TctS'e $ y.Zktl êç) Tct TTClvÔç.
Orph. Hymn.