DES PIERRES GRAVÉES.
A P O L L O N.
Les Artîstes & les Poëtes de l’Antiquité semblent s’être disputé
à qui embelliroit davantage Apolion ; tout ce que les formes 5 les
traits & les proportions peuvent avoir à la fois de pius noble & de.
plus éiégant, de pks auguste & de plus aimable, iis le réunirent
& le concentrerent, ceux-là dans les représentations, ceux-ci dans
les descriptions qu’ils firent dc ce Dieu. II y a deux sortes de
Beauté, dit Cicéron , (i) Tune consiste dans ia dignité ôt l’autre
dans la vénujlé; ce fut du mélange de Fune & de Fautre qu’on
forma celie d’Apolion ; & tei devoit être en effet le caraâère
d’une figure desiinée à représenter , ou plutôt , à désigner le
Dieu du Jour, Un visage où la douceur se mêle à ia majesté,
un corps doué d’une jeunesse éterneile , ou circuie au iieu de
sang une rosée Céieste , où tout est arrondi ou mollement ar«
ticuié comme dans le corps d’une femme jeune , belie & dé*
Ücate : (2) voüà en générai le portrait que nous ont laissé
d’Apollon les Artistes & les Poëtes. II ne faut donc pas s’étonner
que M. Mariette n’ait pas voulu voir ce Dieu dans la figure re-
présentee sur la Cornaline que nous publions ; ( 3 ) en effet, si
l’on en excepte la tête , cette figure n’a rien du caraètère que
nous venons de tracer ; on ne vit jamais de membres plus ner-
veux ni plus fortement prononcés ; les muscles y sont auIÏÏ res-
(1) Lib. I. de Offic.
(i) Tibulle (Lib. III. Eleg. iv.) donne à Apoîlon îes grâces & le teint dàine
jeune fille. Ce quil y a de remarquable à cet égard c’est une médaille d'Alexandre
L Roi de Syrie ( Vaiilant. Hist. îlcg. Syr. pag. 25p. ) sur laquelle les formes qu on
a données à Apollon approchent tellement de celles de la femme, que Nonnius (In
Goltz. As min. Num. p. 17p.) en décrivant cette médaille a pris le Dieu pour Vé-
nus. On connoit austi des médailles de la Ville de Myrina ( Pell. Peupl. & Vill.
Tom. II. pl. liv. ) sur lesquelles Apollon paroit avec une gorge formée comme
celle d’une femme.
(3) Pierr. Grav. du Cab. du Roi, Tom. I. pag. 58,
Tome L
CcG
A P O L L O N.
Les Artîstes & les Poëtes de l’Antiquité semblent s’être disputé
à qui embelliroit davantage Apolion ; tout ce que les formes 5 les
traits & les proportions peuvent avoir à la fois de pius noble & de.
plus éiégant, de pks auguste & de plus aimable, iis le réunirent
& le concentrerent, ceux-là dans les représentations, ceux-ci dans
les descriptions qu’ils firent dc ce Dieu. II y a deux sortes de
Beauté, dit Cicéron , (i) Tune consiste dans ia dignité ôt l’autre
dans la vénujlé; ce fut du mélange de Fune & de Fautre qu’on
forma celie d’Apolion ; & tei devoit être en effet le caraâère
d’une figure desiinée à représenter , ou plutôt , à désigner le
Dieu du Jour, Un visage où la douceur se mêle à ia majesté,
un corps doué d’une jeunesse éterneile , ou circuie au iieu de
sang une rosée Céieste , où tout est arrondi ou mollement ar«
ticuié comme dans le corps d’une femme jeune , belie & dé*
Ücate : (2) voüà en générai le portrait que nous ont laissé
d’Apollon les Artistes & les Poëtes. II ne faut donc pas s’étonner
que M. Mariette n’ait pas voulu voir ce Dieu dans la figure re-
présentee sur la Cornaline que nous publions ; ( 3 ) en effet, si
l’on en excepte la tête , cette figure n’a rien du caraètère que
nous venons de tracer ; on ne vit jamais de membres plus ner-
veux ni plus fortement prononcés ; les muscles y sont auIÏÏ res-
(1) Lib. I. de Offic.
(i) Tibulle (Lib. III. Eleg. iv.) donne à Apoîlon îes grâces & le teint dàine
jeune fille. Ce quil y a de remarquable à cet égard c’est une médaille d'Alexandre
L Roi de Syrie ( Vaiilant. Hist. îlcg. Syr. pag. 25p. ) sur laquelle les formes qu on
a données à Apollon approchent tellement de celles de la femme, que Nonnius (In
Goltz. As min. Num. p. 17p.) en décrivant cette médaille a pris le Dieu pour Vé-
nus. On connoit austi des médailles de la Ville de Myrina ( Pell. Peupl. & Vill.
Tom. II. pl. liv. ) sur lesquelles Apollon paroit avec une gorge formée comme
celle d’une femme.
(3) Pierr. Grav. du Cab. du Roi, Tom. I. pag. 58,
Tome L
CcG