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https://doi.org/10.11588/diglit.28156#0255
DES PIERRES GRAVÉES.
LA FORCE DE L'AMOUR.
ll, ejl difficile dc définir VAmour, a dit la Rochefoucault : fes
essets & fes fentimens font étranges , extraordinaires & paroiffent
furnaturels. C’est un bien, c’est un mal ; il est foible, il est puis-
sant ; il est timide, il est courageux ; il est aveugle , il est clair-
voyant ; il est soupçonneux & crédule ; il éleve l’ame , il Tab-
bat ; il crée & détruit les talens ; un rien le transporte, un rien
Fafflige ; il commande à la Nature , il obéit à un coup d’œil 9
il porte aux plus belîes adions , il conseille les plus grands crimes %
c’est un enfant, c’est un Dieu ? c’est un monstre.
yz
Tous les Poëtes en font un Enfant & un Dieu , & dans la mul-
titude des Attributs par lesquels ils pouvoient le cara&ériser ils
ont cboisi le Carquois , un Arc, des Flèches ôc un Flambeau ;
c’est avec cet appareil guerrier , c’est sous l’image d’un vainqueur à
qui rien ne résiste qu’ils se plaisent à l’offrir , & c’est surtout sa
puissance qu’ils aiment à céiébrer. » Tous les êtres animés, dit
» Virgile , ( i ) ies habitans de la Terre , des Eaux & des Airs
» ressentent îes feux de i’Amour. La Lionne oubliant ses petits
» ne laifîe jamais dans les campagnes pîus de traces de ses fu-
» reurs que quand l’Amour l’aiguiilonne ; l’Ours , le Sangîier &
» le Tigre ravagent, ensanglantent les forêts ; maiheur au voya-
» geur egaré qui aiors erre tout seul aans les déserts de la Li-
» bye S Voyez paipiter & frémir tous les membres du courfîer à
» qui l’Amour s’est fait sentir : rien ne suspend son ardeur , ni le
» frein , ni les rochers , ni les précipices, ni les torrens dont les
» eaux rapides entraînent avec eiles dans ieur cours ies débris des
» montagnes. Le Sangiier aiguise sa dent, frappe de ses pieds la
» terre , & de ses ssancs le tronc des arbres pour s’exciter &
» s’endurcir tout-à-la-fois au combat. Mais que n’ose point le
» jeune - homme que i’impitoyable Amour embrase de tous ses
» feux ? il brave tous ies dangers ; dans les ténèbres de la plus
» sombre nuit il traverse les mers agitées par la tempête , le
(i) Georgic. III. v. 242. &: seqq.
LA FORCE DE L'AMOUR.
ll, ejl difficile dc définir VAmour, a dit la Rochefoucault : fes
essets & fes fentimens font étranges , extraordinaires & paroiffent
furnaturels. C’est un bien, c’est un mal ; il est foible, il est puis-
sant ; il est timide, il est courageux ; il est aveugle , il est clair-
voyant ; il est soupçonneux & crédule ; il éleve l’ame , il Tab-
bat ; il crée & détruit les talens ; un rien le transporte, un rien
Fafflige ; il commande à la Nature , il obéit à un coup d’œil 9
il porte aux plus belîes adions , il conseille les plus grands crimes %
c’est un enfant, c’est un Dieu ? c’est un monstre.
yz
Tous les Poëtes en font un Enfant & un Dieu , & dans la mul-
titude des Attributs par lesquels ils pouvoient le cara&ériser ils
ont cboisi le Carquois , un Arc, des Flèches ôc un Flambeau ;
c’est avec cet appareil guerrier , c’est sous l’image d’un vainqueur à
qui rien ne résiste qu’ils se plaisent à l’offrir , & c’est surtout sa
puissance qu’ils aiment à céiébrer. » Tous les êtres animés, dit
» Virgile , ( i ) ies habitans de la Terre , des Eaux & des Airs
» ressentent îes feux de i’Amour. La Lionne oubliant ses petits
» ne laifîe jamais dans les campagnes pîus de traces de ses fu-
» reurs que quand l’Amour l’aiguiilonne ; l’Ours , le Sangîier &
» le Tigre ravagent, ensanglantent les forêts ; maiheur au voya-
» geur egaré qui aiors erre tout seul aans les déserts de la Li-
» bye S Voyez paipiter & frémir tous les membres du courfîer à
» qui l’Amour s’est fait sentir : rien ne suspend son ardeur , ni le
» frein , ni les rochers , ni les précipices, ni les torrens dont les
» eaux rapides entraînent avec eiles dans ieur cours ies débris des
» montagnes. Le Sangiier aiguise sa dent, frappe de ses pieds la
» terre , & de ses ssancs le tronc des arbres pour s’exciter &
» s’endurcir tout-à-la-fois au combat. Mais que n’ose point le
» jeune - homme que i’impitoyable Amour embrase de tous ses
» feux ? il brave tous ies dangers ; dans les ténèbres de la plus
» sombre nuit il traverse les mers agitées par la tempête , le
(i) Georgic. III. v. 242. &: seqq.