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SCEVOLE DE SAINTE-MARTHE.
N n'avoit garde d'oublier dans ce recueil l'Illustre Scevole de
Sainte Marthe, non .seulement parce qu'il a esté un des plus ex-
cellens Hommes de ce siecle ; mais parce qu'ayant fait les Elo-
ges de tant d'Hommes Illustres, il y auroit une extrême injustice
à ne luy pas rendre une partie de l'honneur qu'il a fait aux au-
tres. Cet honneur ne luy sera pas rendu avec la mesme Eloquen-
ce que toute l'Europe a admirée dans ses Discours & dans ses Ecrits: mais ce
sera avec une vérité & une sincerité qui ne luy seront pas moins avantageuses
que toutes les beautez & toutes les grâces du bien dire. Il estoit President &:
Tresorier General de France à Poitiers.•
Il naquit à Loudun le deuxième Février de l'année i„6. d'une famille où
l'esprit & la vertu sont des qualitez elsentielles & hereditaires. Il estoit fils de
Louis de Sainte-Marthe Escuyer sieur de Neüilly, & de Nicole le Févre de Bisay ,
& petit fils de Gaucher de Sainte-Marthe Escuyer Sieur de Villedan & de la
Riviere , l'un & l'autre Hommes de Lettres &d'un Sçavoir distingué, tous Des-
cendans d'un Nicolas de Sainte-Marthe que le Comte de Dunois sit Chevalier
au siege de Bayonne en l'année 1451. & qui estoit issu de Messire Guillaume Ray-
mond de Sainte-Marthe Chevalier Seigneur de Roquevert, qui servoit Philippes
de Valois dés l'année i„o>
La force & la vivacité de l'esprit de Scevole le rendirent habile en peu de
temps & luy firent acquerir des connoiiTances presque sans bornes. Il estoit Ora-
teur, Jurisconsulte , Poëte & Historien. Les Langues des Sçavans luy estoient
toutes trés-familieres , particulierement la Grecque , la Latine, & l'Hébraïque.
Il joignit à cela les qualitez d'un parfaitement honneste homme. Il estoit bon
ami,zelé pour sa Patrie , & d'une fidelité inviolable pour le service deson Prince.
Il mérita l'estime& les louanges de quatre grands Rois. Henry III. s'estoit pro-
posé , peu de jours avant sa mort , de le faire Secrétaire d'Estat , & l'ayant entendu
haranguer en faveur des Tresoriers de France ses Confreres qui avoient esté
supprimez , les rétablit à sa consideration, & dit qu'il n'y avoir point d'Edits allez
forts contre une si forte Eloquence. Henry IV.le regarda comme le plus Eloquent
homme de son Royaume. Jacques Roy d'Ecosse & d'Angleterre admira ses Ecrits,
& dit que Ciceron & Virgile estoient renfermez dansun seul Scevole , & le Prince
de Galles Fils & Successeur de ce Monarque passant inconnu en France pour
aller en Espagne visita ce Sçavant homme à Loudun, & luy dit qu'il croyoit voir
tous les Sçavans , lorsqu'il voyoit Scevole de Sainte Marthe.
Henry III. & Henry IV. le chargèrent d'emplois dignes de sa suffisance &
de sa probité : Et comment nauroient-ils pas honoré un Homme qui faisoic
tant d'honneur à leur Royaume ? Sa consiance & sa fidelité parurent avec éclat
aux Estats de Blois en 1588. où il se trouva par Ordre du Roy Henry III. pour
rendre service à Sa Majesté dans les occasions qui se presenteroient. 11 y en eut
une entsautres bien importante. Un des principaux Chefs de la Ligue ayant re-
marqué qu'entre les Députez , il n'y en avoit point de plus contraires à ses des
seins, ni qui témoignaient plus de fidelité pour le Roy que les Officiers, il fit
N
SCEVOLE DE SAINTE-MARTHE.
N n'avoit garde d'oublier dans ce recueil l'Illustre Scevole de
Sainte Marthe, non .seulement parce qu'il a esté un des plus ex-
cellens Hommes de ce siecle ; mais parce qu'ayant fait les Elo-
ges de tant d'Hommes Illustres, il y auroit une extrême injustice
à ne luy pas rendre une partie de l'honneur qu'il a fait aux au-
tres. Cet honneur ne luy sera pas rendu avec la mesme Eloquen-
ce que toute l'Europe a admirée dans ses Discours & dans ses Ecrits: mais ce
sera avec une vérité & une sincerité qui ne luy seront pas moins avantageuses
que toutes les beautez & toutes les grâces du bien dire. Il estoit President &:
Tresorier General de France à Poitiers.•
Il naquit à Loudun le deuxième Février de l'année i„6. d'une famille où
l'esprit & la vertu sont des qualitez elsentielles & hereditaires. Il estoit fils de
Louis de Sainte-Marthe Escuyer sieur de Neüilly, & de Nicole le Févre de Bisay ,
& petit fils de Gaucher de Sainte-Marthe Escuyer Sieur de Villedan & de la
Riviere , l'un & l'autre Hommes de Lettres &d'un Sçavoir distingué, tous Des-
cendans d'un Nicolas de Sainte-Marthe que le Comte de Dunois sit Chevalier
au siege de Bayonne en l'année 1451. & qui estoit issu de Messire Guillaume Ray-
mond de Sainte-Marthe Chevalier Seigneur de Roquevert, qui servoit Philippes
de Valois dés l'année i„o>
La force & la vivacité de l'esprit de Scevole le rendirent habile en peu de
temps & luy firent acquerir des connoiiTances presque sans bornes. Il estoit Ora-
teur, Jurisconsulte , Poëte & Historien. Les Langues des Sçavans luy estoient
toutes trés-familieres , particulierement la Grecque , la Latine, & l'Hébraïque.
Il joignit à cela les qualitez d'un parfaitement honneste homme. Il estoit bon
ami,zelé pour sa Patrie , & d'une fidelité inviolable pour le service deson Prince.
Il mérita l'estime& les louanges de quatre grands Rois. Henry III. s'estoit pro-
posé , peu de jours avant sa mort , de le faire Secrétaire d'Estat , & l'ayant entendu
haranguer en faveur des Tresoriers de France ses Confreres qui avoient esté
supprimez , les rétablit à sa consideration, & dit qu'il n'y avoir point d'Edits allez
forts contre une si forte Eloquence. Henry IV.le regarda comme le plus Eloquent
homme de son Royaume. Jacques Roy d'Ecosse & d'Angleterre admira ses Ecrits,
& dit que Ciceron & Virgile estoient renfermez dansun seul Scevole , & le Prince
de Galles Fils & Successeur de ce Monarque passant inconnu en France pour
aller en Espagne visita ce Sçavant homme à Loudun, & luy dit qu'il croyoit voir
tous les Sçavans , lorsqu'il voyoit Scevole de Sainte Marthe.
Henry III. & Henry IV. le chargèrent d'emplois dignes de sa suffisance &
de sa probité : Et comment nauroient-ils pas honoré un Homme qui faisoic
tant d'honneur à leur Royaume ? Sa consiance & sa fidelité parurent avec éclat
aux Estats de Blois en 1588. où il se trouva par Ordre du Roy Henry III. pour
rendre service à Sa Majesté dans les occasions qui se presenteroient. 11 y en eut
une entsautres bien importante. Un des principaux Chefs de la Ligue ayant re-
marqué qu'entre les Députez , il n'y en avoit point de plus contraires à ses des
seins, ni qui témoignaient plus de fidelité pour le Roy que les Officiers, il fit
N