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LA GHALDÉE ET L'ASSYRIE.
la lête du personnage et au-dessus du chapiteau ; la brique ne peut
guère donner cette ligne sinueuse ; et d'ailleurs il paraît invraisem-
blable que l'on ait pu appuyer une voûte de briques, toute mince qu'on
l'ait bâtie, sur le fût effilé qui se dresse en avant du sanctuaire.
Etait-ce de bois qu'était faite la couverture de ce pavillon? Ce
n'est pas impossible, quoiqu'il ne soit pas facile d'imposer au bois les
formes arrondies qui nous frappent ici. Ces formes, on les obtient au
contraire le plus aisément du monde avec le métal ; nous chercherions
donc volontiers ici des liges de bronze cachées sous une tenture
d'étoffé ou de cuir, analogue à celles que nous avons rencontrées dans
les pavillons des bas-reliefs assyriens (fig. 67 et 68). L'artiste a employé
là un procédé graphique dont nous avons trouvé déjà de nombreux
exemples dans les monuments égyptiens1. Ce qu'il tenait surtout à faire
voir, c'était la personne même du dieu; or il n'était pas assez habile
pour la montrer de face, s'encadrant entre les deux colonnes qui déco-
raient le devant du sanctuaire; c'était le profil qu'il voyait, c'était le
profil qu'il représentait. Il a donc pratiqué ce que nous appellerions
une élévation latérale; pour le spectateur placé sur le côté, les deux
colonnes, dressées clans le même plan, se recouvrent; il n'aperçoit que
l'un des supports par lesquels était soutenu le berceau qui s'arron-
dissait au-dessus de la tête de la statue.
Si l'enveloppe de la chapelle est indiquée ainsi d'une manière con-
ventionnelle et succincte, la colonne a été traitée avec un soin minu-
tieux; le sculpteur semble avoir pris plaisir à eu copier jusqu'aux
moindres détails. Cette colonne, élancée comme elle l'est ici, n'a pu
être qu'en bois; les imbrications que l'on y distingue semblent indi-
quer un tronc de palmier; mais est-ce le bois même que nous voyons,
découvert et à nu? Il est permis d'en douter. Même avec le climat de
la Chaldée, un tronc d'arbre exposé à l'air n'aurait jamais présenté
de garanties de durée; un peu plus tôt, un peu plus tard, le soleil, la
pluie, les changements de température auraient fini par en avoir
raison ; l'écorce se serait détachée la première et serait tombée par
morceaux. Ajoutez que la grossièreté d'une pièce de bois brut aurait
été mal en rapport avec le luxe qu'on n'avait pu manquer de déployer
dans l'installation de ce sanctuaire, consacré à la plus grande divinité
de la ville. Il est bien plus vraisemblable que le bois était revêtu ici
d'une gaine de bronze doré, fixée à l'aide de clous.
i. Histoire de l'Art, t. 1, ch. V, § 1.
LA GHALDÉE ET L'ASSYRIE.
la lête du personnage et au-dessus du chapiteau ; la brique ne peut
guère donner cette ligne sinueuse ; et d'ailleurs il paraît invraisem-
blable que l'on ait pu appuyer une voûte de briques, toute mince qu'on
l'ait bâtie, sur le fût effilé qui se dresse en avant du sanctuaire.
Etait-ce de bois qu'était faite la couverture de ce pavillon? Ce
n'est pas impossible, quoiqu'il ne soit pas facile d'imposer au bois les
formes arrondies qui nous frappent ici. Ces formes, on les obtient au
contraire le plus aisément du monde avec le métal ; nous chercherions
donc volontiers ici des liges de bronze cachées sous une tenture
d'étoffé ou de cuir, analogue à celles que nous avons rencontrées dans
les pavillons des bas-reliefs assyriens (fig. 67 et 68). L'artiste a employé
là un procédé graphique dont nous avons trouvé déjà de nombreux
exemples dans les monuments égyptiens1. Ce qu'il tenait surtout à faire
voir, c'était la personne même du dieu; or il n'était pas assez habile
pour la montrer de face, s'encadrant entre les deux colonnes qui déco-
raient le devant du sanctuaire; c'était le profil qu'il voyait, c'était le
profil qu'il représentait. Il a donc pratiqué ce que nous appellerions
une élévation latérale; pour le spectateur placé sur le côté, les deux
colonnes, dressées clans le même plan, se recouvrent; il n'aperçoit que
l'un des supports par lesquels était soutenu le berceau qui s'arron-
dissait au-dessus de la tête de la statue.
Si l'enveloppe de la chapelle est indiquée ainsi d'une manière con-
ventionnelle et succincte, la colonne a été traitée avec un soin minu-
tieux; le sculpteur semble avoir pris plaisir à eu copier jusqu'aux
moindres détails. Cette colonne, élancée comme elle l'est ici, n'a pu
être qu'en bois; les imbrications que l'on y distingue semblent indi-
quer un tronc de palmier; mais est-ce le bois même que nous voyons,
découvert et à nu? Il est permis d'en douter. Même avec le climat de
la Chaldée, un tronc d'arbre exposé à l'air n'aurait jamais présenté
de garanties de durée; un peu plus tôt, un peu plus tard, le soleil, la
pluie, les changements de température auraient fini par en avoir
raison ; l'écorce se serait détachée la première et serait tombée par
morceaux. Ajoutez que la grossièreté d'une pièce de bois brut aurait
été mal en rapport avec le luxe qu'on n'avait pu manquer de déployer
dans l'installation de ce sanctuaire, consacré à la plus grande divinité
de la ville. Il est bien plus vraisemblable que le bois était revêtu ici
d'une gaine de bronze doré, fixée à l'aide de clous.
i. Histoire de l'Art, t. 1, ch. V, § 1.