Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Rayet, Olivier [Hrsg.]
Monuments de l'art antique (Band 2): Sculpture grecque, seconde moitié du IVe siècle, IIIe et IIe siècles; sculpture romaine, terres cuites — Paris, 1884

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.13860#0217
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
MONUMENTS DE L'ART ANTIQUE.

3

une scène de genre que les peintres céramistes ont plus d'une fois traitée Sur une
petite amphore du Cabinet des médailles, on voit un acrobate coiffé d'un casque
portant des cnémides et armé de deux boucliers, qui exécute des tours de vol'
tige sur la croupe d'un cheval, tandis qu'un joueur de flûte accompagne ses mou-
vements. La foule applaudit et encourage le bateleur par des cris que traduit une
inscription : KAAOS TOI KVBi^ TrEllTlOi]1 : « Bravo, le bateleur! » Ici l'effet comique
est obtenu par les mômes procédés que dans la figurine précédente : à savoir la
laideur grotesque du visage et l'amincissement des membres. Les traits du saltim-
banque sont allongés, le nez pointu, le menton saillant, les oreilles énormes, lar-
gement épanouies en éventail. Son corps disloqué se dessine sous l'étoffe de la
blouse, qui laisse voir une poitrine bombée et difforme avec un ventre déprimé.
On sera frappé au premier coup d'ceil de la singularité du costume qui comporte
une sorte de blouse, avec des braies larges et courtes : c'est le costume des
Galates, ces Gaulois d'Asie Mineure qui inquiétèrent plus d'une fois les rois
de Pergame. Si les conjectures n'étaient pas souvent chose périlleuse, ne serait-on
. pas tenté de voir dans notre saltimbanque un descendant asservi des Gaulois
vaincus par les Attalides ? Nous aurions alors dans notre figurine le pendant
grotesque du Gaulois mourant du Capitole. Les culottes du bateleur ne sont pas
exactement les braies que l'on retrouve sur plusieurs monuments, entre autres
sur les bas-reliefs de la colonne Trajane; plus amples et moins longues, elles
appartiennent à la variété que les Grecs appelaient ~zpiax{Xrh « braies descendant
jusqu'aux genoux2 », et dont l'usage se répandit dans l'empire romain en même
temps que celui du sayon gaulois (birrus ou sagumj.

Les couleurs sont encore très visibles sur les pièces du costume et les acces-
soires ; les fleurs de la couronne sont bleues ; la blouse est peinte en blanc grisâtre
et les culottes en rouge brun.

La troisième figurine a déjà été reproduite dans la Ga^cilc des Beaux-Arts,
sous le titre de marchand forain'; mais la netteté de l'héliogravure, bien supé-
rieure aux meilleurs bois, permet mieux d'apprécier l'esprit de la facture et le
naturel de la pose. Debout, et le corps un peu renversé en arrière, le marchand
tient à deux mains, appuyée contre son ventre, la corbeille évasée qui contient
tout son étalage, et dont il ne reste plus aujourd'hui qu'un fragment. C'est à plein
gosier qu'il crie sa marchandise; l'effort fait saillir les tendons du cou et creuse les

1. Ce vase faisaic partie de l'ancienne collection Oppermann . cf. Salzmann : Nécropole dê Camiros. pi LVII
Certaines parties de l'inscription sont repeintes, ce qui en rend la lecture incertaine : rien n'indique qu'il n'y eût as

KuStffTEUTat OU Kj£i07£'JT£!.

2. Saint Jérôme, dp. LXIV : Ad Fabiolam. cap. ro.

3. 1/Art grec au Trocadcro, par M. O. Rayet {Guette des Beaux-Arts, septembre 1878. p. 365). Cf Calalo
D. Rayet, n° 114. ' &UC
 
Annotationen