LES CONCOURT ET L’ART
DEUXIÈME ARTICLE1)
II
Il faut sc garder de croire à la similitude des tempéraments
chez Edmond et Jules de Goncourt ; tout en recevant du monde
extérieur des impressions identiques, les deux frères différaient
autant par l’humeur que par le dehors. « L’un était le sourire de
l’autre », écrit joliment Théophile Gautier, et, parmi leurs contem-
porains, plusieurs se sont fait un jeu, comme Sainte-Beuve, d’oppo-
ser à la gravité mélancolique de l’aîné l’enjouement du cadet, peu
contemplatif, mieux préparé pour l’action.
L’abondance des dons, par où Jules de Goncourt réussissait dans
les tâches les plus diverses, assurait l’aboutissement de son effort
d’artiste ; d’autre part, la vocation impérieuse ne laissa jamais chômer
chez lui la culture de l’aquarelle, de l’eau-forte ; pour suspendre
l’achèvement de la planche qui clôt son œuvre, il fallut l’entrave du
mal dont il devait mourir ; et, lors presque de la séparation, durant
1, Voir Gazette des Beaux-Arts, 3e pér,, t, XVII, p. 139,
DEUXIÈME ARTICLE1)
II
Il faut sc garder de croire à la similitude des tempéraments
chez Edmond et Jules de Goncourt ; tout en recevant du monde
extérieur des impressions identiques, les deux frères différaient
autant par l’humeur que par le dehors. « L’un était le sourire de
l’autre », écrit joliment Théophile Gautier, et, parmi leurs contem-
porains, plusieurs se sont fait un jeu, comme Sainte-Beuve, d’oppo-
ser à la gravité mélancolique de l’aîné l’enjouement du cadet, peu
contemplatif, mieux préparé pour l’action.
L’abondance des dons, par où Jules de Goncourt réussissait dans
les tâches les plus diverses, assurait l’aboutissement de son effort
d’artiste ; d’autre part, la vocation impérieuse ne laissa jamais chômer
chez lui la culture de l’aquarelle, de l’eau-forte ; pour suspendre
l’achèvement de la planche qui clôt son œuvre, il fallut l’entrave du
mal dont il devait mourir ; et, lors presque de la séparation, durant
1, Voir Gazette des Beaux-Arts, 3e pér,, t, XVII, p. 139,