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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Baudot, A. de: Salon de 1882, [7]: architecture
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0271

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Frise composée et gravée par P. A. Ducerceau.

SALON DE 1882

ARCHITECTURE

es architectes ne brillent pas cette année au Salon ; aussi le jury,
quoique disposé en général à l'indulgence, a-t-il cru devoir se montrer
sévère et n'a-t-il pas délivré les premières médailles prévues au
rèe;lement. Assurément il a bien agi et il eût mieux fait encore
d'apporter la même circonspection à l'égard de la médaille d'honneur.
Ce n'est pas que M. Paulin, l'heureux mortel auquel a été décernée
cette suprême récompense, n'ait pas, dans sa Restauration des Thermes
de Dioctétien, fait preuve d'une grande habileté; mais en vérité on
fera difficilement croire aux artistes que cette institution si élevée a
Lettre du xvn« siècle. été créée pour des travaux d'élèves, pour des exercices obligatoires

qui sont peut-être utiles à l'éducation des pensionnaires de la Villa
Médicis, mais qui n'ont aucune action sur notre art contemporain et n'accusent aucun effort
individuel.

Le Salon d'architecture depuis longtemps manque d'intérêt. Ce n'est pas en ravalant la
valeur des récompenses par des choix médiocres et déplacés qu'on relèvera le niveau actuel et
qu'on stimulera les chercheurs qui restent trop en dehors de la lutte. 11 eût été d'autant plus
sage et peut-être de bon goût de ne pas amoindrir la médaille d'honneur, que cette année, contrai-
rement à ce qui s'est fait l'an dernier et en opposition avec le règlement plus libéral des
autres sections, le jury d'architecture s'était réservé à lui tout seul, à l'exclusion des exposants,
le droit de décerner cette haute récompense. Les circonstances actuelles donnent aux Romains
la majorité dans la section d'architecture et il serait puéril de les trop blâmer s'ils profitent de
leur pouvoir peut-être éphémère," mais ici la mesure a été dépassée et c'est notre devoir de le
dire, ne serait-ce qu'au nom de la minorité. Si encore, dans la distribution des médailles d'un
ordre secondaire, les choix avaient été plus heureux, nous nous inclinerions plus volontiers, mais,
à deux ou trois exceptions près, les jugements rendus sont véritablement faits pour dérouter les
moins exigeants et on ne devine pas la pensée du jury, si ce n'est une tendance à récompenser,, avant
tout, l'habileté de main et le rendu, que tout élève zélé acquiert rapidement à l'École des Beaux-
Arts, et qu'on aime à retrouver partout, même au Salon, mais avec l'accompagnement toutefois
de mérites plus sérieux. En tout cas, les juges ne paraissent pas s'être préoccupés des qualités
qui, au point de vue du bon sens, du caractère et de la distinction, doivent être exigées des
architectes militants pour lesquels l'Exposition annuelle semble faite. En approuvant comme ils
l'ont fait cette année les applications les plus baroques et les plus creuses de tous les styles
connus, ils entraînent certainement sans s'en douter et sans le vouloir les artistes dans une voie
fausse et sans issue. On entend décidément aujourd'hui d'une singulière façon l'utilisation du passé.

Tome XXIX. 36
 
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