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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Goutzwiller, Charles: Le retable des Antonites d'Issenheim au Musée de Colmar, [2]: Guido Guersi
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0228

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L'ART

que Vasari et les autres écrivains n'en ont point parlé. Cela est parfaitement vrai, mais cette
omission peut avoir plusieurs causes, notamment cette circonstance que Guersi, après avoir étudié
l'art dans un atelier d'Italie, s'est confiné dans un cloître étranger, sans relations avec son pays
natal, et que, dès lors, son évolution artistique, accomplie dans le silence d'un couvent, a échappé
à l'attention de ses compatriotes. Quoi qu'il en soit, et jusqu'à plus ample informé, cette omission
ne saurait prévaloir contre la précision d'un texte d'archives qui le désigne formellement comme
l'auteur du -retable d'Issenheim. On peut torturer le texte latin en tous sens, lui prêter même des
sous-entendus, on ne parviendra point à lui faire dire autre chose que ce qu'il énonce avec la
clarté de l'évidence, à savoir que Guersi a magnifiquement décoré son église, qu'il est l'auteur
du retable du maître-autel, des stalles du chœur et des ornements sacerdotaux de la sacristie.
A l'exemple des grands artistes de l'Italie, ses contemporains, cet homme était à la fois peintre,
sculpteur et architecte. Si cette œuvre unique n'était pas une émanation directe de son propre
génie, le texte n'eût pas manqué de nous le faire comprendre en le citant comme donateur ou
fondateur de l'œuvre; mais le mot auteur n'admet pas d'interprétation étrangère à son sens
littéral. Peintre, sculpteur, architecte, cette triple incarnation du grand artiste se révèle dans
l'unité de style de son œuvre, dans les fragments de stalles, portant la date de 1493, que
conserve le musée de Colmar, dans l'architecture du retable polychrome, dans celle qui décore
le tableau de Y Annonciation.

Rendons donc à César ce qui appartient à César. Que de restitutions tardives la critique
historique, armée de documents écrits dus au hasard des recherches, n'a-t-elle pas dû faire à des
génies oubliés ou méconnus pendant des siècles, génies modestes qui, par mortification, avaient
dédaigné de signer leurs œuvres ? Un jour devait venir où ces ouvriers de la première heure
devaient sortir du suaire de l'oubli pour entrer dans l'immortalité. Et, à ce propos, qu'il me soit
permis de rappeler les vicissitudes par lesquelles a passé l'attribution d'une autre œuvre bien
remarquable aussi, remontant à 1495, le fameux triptyque du Buisson ardent de la cathédrale
d'Aix en Provence, connu sous le nom de Triptyque du roi René. Les anciens inventaires en
attribuaient la paternité tantôt au roi René lui-même, tantôt à Jean Van Eyck. Or, en 1877,
l'archiviste départemental de Marseille découvrit une quittance donnée par maître Nicolas, qui
fecit rubum quem videbat Moyses (qui peignit le buisson ardent apparu à Moïse). Ainsi que l'a
prouvé M. Paul Mantz dans un très intéressant travail publié par la Galette des Beaux-Arts,
c'était un peintre français, Nicolas Froment.

J'étais autorisé à dire, au début de cette étude, que, grâce à des recherches bien dirigées
dans les dépôts publics d'archives et dans des collections privées, l'histoire de l'Art en Europe
s'appuiera sur des documents véridiques dégagés de toute légende.

Les documents fournis jusqu'ici par les archives sur le retable d'Issenheim étant fort rares,
je crois devoir, pour compléter cette étude, consigner ici la substance d'une communication faite
par M. J. Dietrich à la Revue d'Alsace (1873), sous ce titre : la Dépouille du couvent des Antonites
d'Issenheim :

<( Extrait de l'inventaire dressé le 4 février 1795, par Louis Vaillant et Louis Homberger,
commissaires nommés par arrêté du District de Colmar, pour procéder à l'estimation des
bâtiments et dresser l'inventaire des meubles du couvent des Antonites d'Issenheim.

« Dans l'église,

« i° Dans le chœur, le maître-autel en bois marbré et doré, au-dessus duquel se trouve un
grand tableau peint sur bois représentant le Christ. Ce tableau est peint sur deux battants fermés
en forme d'armoire, laquelle renferme différentes autres peintures aussi sur bois, dans le fond de
laquelle se trouve une statue en bois d'une sculpture antique représentant la figure de saint
Antoine.

« Au-dessous de ces tableaux sont des bustes ou demi-reliefs sculptés en bois, peints en
huile et dorés, représentant les figures de Jésus-Christ et de ses douze apôtres. La sculpture
de ces figures, quoique antiques (sic), nous a paru digne de l'attention des connaisseurs.

« Aux deux côtés de ce tableau s'en trouvent deux autres, aussi sur bois, qui sont attenants,
 
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