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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0024

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14

L’ART.

Les promoteurs de la Revue Universelle illustrée
étaient plus ambitieux encore. Ils prétendaient s’adresser
non seulement à toutes les classes, mais encore à tous les
âges. Une réflexion les avait depuis longtemps frappés :
pourquoi s’obstine-t-on à maintenir une division, au plus
haut point inféconde et nuisible, entre les ouvrages desti-
nés aux adultes et ceux qui sont réservés à la jeunesse?
Est-on bien sûr qu’une telle distinction soit dans la nature
des choses? L’antiquité, à coup sûr, ne l’a jamais connue
et l’on doit observer que nous faisons aujourd’hui l’éduca-
tion de nos enfants avec Sophocle et Virgile, Xénophon
et Tite-Live, et tant d’autres, Hellènes et Latins, qui
n’écrivaient pas, je le suppose, en vue d’un public puéril.
Cette scission regrettable, dans notre littérature contem-

Charles
(Gravure extraite de la R

poraine, produit un ridicule et déplorable résultat : d’un
côté, les parents lisent des romans « naturalistes » où le
style n’est guère « naturel » et où débordent l’inconvenance
et la grossièreté; d’autre part, les enfants sont réduits à
la maigre pâture d’ouvrages généralement vides et niais,
pleins d’une sentimentalité fausse, qu’élaborent à leu" usage
des gens spéciaux, et qui sont ordinairement écrits en un
français de bas aloi.

Les fondateurs de la Revue Universelle illustrée ont
cru qu’il y avait moyen de réunir toutes les classes, tous
les âges, sur le terrain des choses élevées et sensées, inté-
ressantes, sérieuses, littéraires, bien traitées. Dans l’esprit
d’un adolescent comme dans celui d’un homme plus expé-
rimenté et plus âgé, dans le cerveau d’un travailleur

P H I L I P O N .

evue Universelle illustrée.)

modeste, comme dans celui d’un érudit ou d’un mondain,
il y a place pour un certain nombre d’idées'qui leur sont
communes, et qui sont précisément les plus claires et les
plus brillantes, les plus pures et les plus élevées. En négli-
geant tout ce qui est bas et médiocre (car c’est par là que
les hommes se divisent et se séparent), en s’adressant exclu-
sivement aux goûts les plus fins et les plus nobles (car c’est
par là qu’ils se rapprochent et se réunissent), on était sûr
de conquérir un très grand et très fidèle public.

Est-il besoin de dire que la réalisation d’un tel plan
était d’une excessive difficulté et que, pour abaisser tous
les obstacles, il fallait une dose énorme de patience, d’in-
géniosité, d’opiniâtre et invincible ténacité?

Et d’abord, pour que la Revue eût bien le caractère
« général » qu’on rêvait de lui attribuer, pour qu’elle
devînt la lecture, le répertoire, la bibliothèque, la vivante

encyclopédie de toutes les classes et de tous les âges, il
fallait qu’elle fût tout à fait abordable comme prix, qu’elle
fût à la portée des plus petites bourses. Il serait sans inté-
rêt pour le public d’entrer ici dans le détail, et d’exposer
par quelle longue série de calculs, de combinaisons, d’ef-
forts laborieux et ingénieux il a fallu passer avant d’abou-
tir à un résultat satisfaisant. Bornons-nous à dire que ce
résultat est presque incroyable, et que toute personne
versée dans ces questions aura lieu d’être fort surprise en
examinant attentivement ce qu’on a réussi à établir. La
Revue, en effet, ne coûte que dou^e francs par an ; chaque
numéro, qui constitue un important volume, ne revient
qu’à un franc. Nous dirons tout à l’heure ce que l’on
donne pour ce prix-là.

Nous ne savons s’il est bien nécessaire de dire ici
explicitement ce que bon nombre de nos lecteurs ont déjà
 
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