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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Brès, Louis: Exposition universelle de 1889: l'art dans nos colonies et pays de protectorat, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0074

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L’ART DANS NOS COLONIES ET PAYS DE PROTECTORAT.

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soient des produits de l’Inde française. Ce sont d’ailleurs
de purs articles de commerce tels qu’on en trouve dans
tous les bazars de l’Inde. Les bijoux exposés méritent à
plus juste titre de fixer notre attention. Leurs formes
caractéristiques, aussi bien que leur décoration, en font
des documents pleins d’intérêt au point de vue spécial qui
nous occupe. Il y a là des boîtes d’argent, des poignées de
canne, des anneaux de nez, des bagues et des bracelets de
bayadères en or, et quelques autres bijoux d’un usage plus
intime, qui sont bien l’expression de cet art hindou fin,
élégant et compliqué, qui découle directement de la Perse,
la grande initiatrice des arts en Asie.

Divers meubles ont été exposés par notre colonie de
l’Inde. Ce sont, si l’on veut, des productions de l’art indi-
gène. Mais par une déplorable aberration, dans la plupart
de ces ouvrages, on s’est attaché à reproduire les formes
de nos meubles européens que l’on a revêtues du décor
hindou. Nous avons pu voir ainsi des buffets, des bahuts,

quelques spécimens nous montrent l’heureux parti que les
ouvriers indous savent tirer des produits de cette indus-
trie, qui ont toujours eu, d’ailleurs, un grand caractère
chez les peuples primitifs.

V

Les pays d’Extrême-Orient placés sous le protectorat
de la France occupent une large place à l’Esplanade des
Invalides. On a tenu à ce que chacun d’eux eût son Expo-
sition spéciale; et cela nous a valu le pavillon de la
Cochinchine, celui de l’Annam-Tonkin et enfin une
réduction de la pagode d’Angkor consacrée à l’Exposition
du Cambodge.

Le pavillon de la Cochinchine nous offre cet intérêt
exceptionnel qu’il a été transporté de toutes pièces de
Saigon à Paris, qu’il a été construit avec les bois des
forêts de la Cochinchine par des ouvriers indigènes,
qu’il a 'été décoré par des artistes annamites que nous
avons pu voir à l’œuvre ici même, qu’il constitue en un
mot une production très sincère, de l’architecture cochin-

des bureaux, des bibliothèques, des armoires à glace cou-
verts de feuillages découpés à jour. On ne saurait avoir
idée de l’étrangeté de cette association, dont le résultat
est en somme des plus disgracieux. Par contre, une grande
table en bois de porcher, appartenant à l’Exposition per-
manente des colonies, nous montre ce que l’on peut
attendre de l’art hindou livré à lui-même. Ici les lignes du
meuble se combinent harmonieusement avec les détails de
l’ornementation. Des éléphants dressés sur leurs pieds de
derrière supportent le lourd plateau; une frise taillée dans
la tranche du bois court tout autour de la table et déroule
parmi ses rinceaux une suite de figures et de scènes
indiennes. C’est vraiment décoratif.

Une collection de petits ouvrages de tabletterie, boîtes
en bois de sandal sculpté, boîtes en bois de bith, boîtes à
gants incrustées d’ivoire, représentent tout un côté des
plus caractéristiques de l’industrie artistique de l’Inde
française. Nous n’aurions garde d’oublier la vannerie :

chinoise. Le fait d’avoir été exécuté d’après les plans et
sous la direction d’un Européen, M. Foulhoux, ne lui
enlève rien de son authenticité. Il suffit d’ailleurs de le
voir pour être frappé du caractère vraiment original de sa
construction et charmé par les détails de son ornemen-
tation.

Le plan de l’édifice est celui des grandes habitations
annamites : un portique d’entrée supporté par des colonnes
de bois donnant accès dans une cour centrale bordée de
deux côtés par des galeries à gradins et au fond par la
salle d’exposition, représentant le corps principal d’habi-
tation. Au centre de la cour intérieure, nous trouvons un
bassin avec son petit rocher et quelques plantes aquatiques
sur lesquelles retombe un mince filet d’eau. Çà et là, des
vases en grès bleu et des pylônes surmontés de dragons de
faïence au masque grimaçant, les accessoires obligés de
toute habitation annamite. Nous pouvons y voir aussi divers
moulages de sculptures tonkinoises et des frises en bois
semées de personnages, d’animaux fantastiques, d’oiseaux,
de vases de fleurs, de touffes de roseaux, qui, par la jus-
tesse des accents, la coupe franche du bois, la largeur de

Cour intérieure du Palais de Cochinchine.
(Exposition Universelle de 1889.) — Dessin de L. Le Riverend.
 
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