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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Diehl, Charles: Les mosaïques byzantines de la Sicile, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0083

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LES MOSAÏQUES BYZANTINES DE LA SICILE.

7i

les forces vives, tous les éléments discordants du pays, et de cette combinaison sans exemple
faire naître une étonnante et incomparable civilisation.

De la part de ses turbulents mais fidèles vassaux, l’Église romaine devait beaucoup attendre,
et, en effet, le comte Roger eut pour premier soin de replacer sous l’autorité pontificale les
évéchés jadis soustraits par Byzance à la juridiction des papes ; des prêtres de rite latin montèrent,
par sa protection, sur les sièges épiscopaux de Sicile : Robert de Normandie, à Troina; Étienne
de Rouen, à Mazara ; Roger de Provence, à Syracuse ; et, en maint diocèse, Roger soumit à ces
évêques latins le clergé grec indigène. Mais, tout en faisant large place à l'Église romaine, qui
protégeait ses entreprises, et au clergé latin, venu à sa suite pour prendre sa part de la conquête,
Roger était trop fin politique pour ne point observer à l’égard de l’élément grec des ménagements
tout particuliers. Au lendemain de la conquête,
il rétablissait sur leurs sièges l'archevêque grec
de Païenne et l’évêque grec de Taormina ; sou-
cieux de ménager les susceptibilités populaires,
il respectait avec soin les droits acquis des
évêques orthodoxes; et, non content de garantir
aux Grecs, par des promesses solennelles, le
maintien de leur rite, de leurs usages et de leurs
droits, il s'occupait d’organiser l’Eglise orientale
et plaçait à sa tête, à Reggio, à Païenne, à
M essine, des protopapas chargés de l’administrer.

A côté des cathédrales latines qu’il élevait à
Alileto et à Squillace, à Troina et à Messine, à
Trapani et à Mazara, il bâtissait à Palerme des
églises consacrées au rite grec ; et tandis qu’il
appelait en Calabre saint Bruno et qu'il fondait
dans ses États les premières abbayes cister-
ciennes, il accordait sa faveur aux moines grecs
de l’ordre de Saint-Basile. La Calabre et la
Sicile sont pleines de ses fondations pieuses ;
après chaque victoire gagnée, le comte établit
un monastère, et toujours ces couvents sont
confiés à des moines grecs. De nombreux
diplômes attestent les donations magnifiques
dont la bienveillance de Roger combla les dis-
ciples de saint Basile, et la liste est longue des
couvents grecs que le grand comte fonda ou
enrichit : Saint-Grégoire-le-Thaumaturge et

Saint-Nicolas, au diocèse de Squillace; Santa
Maria de Eremo, à Stilo ; Saint-Nicomède, au diocèse de Gerace, et Saint-Philippe, au diocèse

de Locres ; Sainte-Marie de Reggio, et Saint-Philippe de Messine; Saint-Grégoire et Saint-Élie,

Saint-Michel de I roina, et Saint-Jean des Grecs, de Palerme, et bien d'autres qu'on pourrait
citer, disent assez la piété de Roger et les égards que le grand comte témoigna aux cénobites
grecs ; et telle était sa bienveillance que, pendant longtemps, les évêques orthodoxes de Sicile se
bercèrent de l’espoir d’attirer entièrement le comte Roger à l’Eglise orientale.

Roger II, devenu roi des Deux-Siciles, ne fit pas autrement ni moins que son père. C’est à
lui que doivent leur splendeur les plus célèbres monastères basiliens de l’Italie méridionale.
L’abbaye de Saint-Nicolas di Casole, fondée, auprès d’Otrante, par un autre Normand, le prince
de Tarente Bohémond ', le célèbre monastère calabrais de Santa Maria del Patire, gardèrent,

pendant de longs siècles, un reconnaissant souvenir au grand roi de Sicile; mais c’est surtout

1. Cf. mon article sur le monastère de Saint-Nicolas di Casole (Mélanges de l’Ecole française de Rome, tome VI).

Vue intérieure de l’église de la Martorana, a Palerme.

(xii" siècle.) — Dessin de Mlle Marie Weber.
 
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