VIEILLE-CASTILLE. 47
Tel propriétaire possède soixante à quatre-vingt mille têtes de menu
bétail.
L'Espagne a deux sortes de brebis : les unes, fixées dans la contrée qui
les a vues naître, demeurent la nuit dans de vastes écuries; les autres
passent l'été dans les montagnes de la Manche, de l'Estramadure et de
l'Andalousie. La laine de celles-ci, appelées mérinas, mérinos ou tras-
humantes, est plus blanche et plus fine que la laine des autres brebis.
Un parc contient ordinairement dix mille brebis; son administra-
tion est confiée à un mayoral, homme actif, intelligent, qui a sous sa
direction cinquante bergers et un nombre égal de chiens. Ses gages
annuels sont de six mille à huit mille réaux, et on lui fournit un
cheval. Les bergers de première classe gagnent de deux cent cin-
quante à trois cents réaux par an; ceux de la seconde classe, deux cents
réaux; ceux de la troisième, cent vingt réaux; et ceux de la dernière,
soixante à quatre-vingts réaux. On leur donne en outre deux livres de
pain par jour. Dans les mois d'avril et d'octobre, chaque berger reçoit
une gratification.
Le premier soin des bergers arrivant dans les pâturages où ils doi-
vent passer l'été consiste à donner aux brebis autant de sel qu'elles
peuvent en désirer. Chacune d'elles, dit-on, n'en consomme pas moins de
dix kilogrammes. Vers la fin de juillet, ils introduisent les mâles dans
le troupeau. Six ou sept mâles suffisent pour cent brebis. On les re-
tire d'un parc où ils paissent isolément, et dès que la fécondation des
femelles s'est effectuée, ils rentrent dans leur parc. Les moutons sont
d'un rapport beaucoup plus grand que les brebis, quoique la laine de
ces dernières soit plus fine. Trois toisons de moutons pèsent ordinaire-
ment douze kilogrammes, tandis qu'il en faut au moins cinq de brebis
pour faire le même poids.
Vers le milieu de septembre, on frotte les brebis et les moutons avec
de la terre d'Almagro délayée dans l'eau, pour les défendre contre les
injures de l'air, disent les uns; pour empêcher leur laine de croître trop
vile et de s'abâtardir, disent les autres. Quoi qu'il en soit du motif, nous
considérons cette terre comme un absorbant qui s'empare d'une partie
de la transpiration de l'animal et l'empêche de fournir, en trop grande
abondance, une matière huileuse qui rendrait la laine rude.
Tel propriétaire possède soixante à quatre-vingt mille têtes de menu
bétail.
L'Espagne a deux sortes de brebis : les unes, fixées dans la contrée qui
les a vues naître, demeurent la nuit dans de vastes écuries; les autres
passent l'été dans les montagnes de la Manche, de l'Estramadure et de
l'Andalousie. La laine de celles-ci, appelées mérinas, mérinos ou tras-
humantes, est plus blanche et plus fine que la laine des autres brebis.
Un parc contient ordinairement dix mille brebis; son administra-
tion est confiée à un mayoral, homme actif, intelligent, qui a sous sa
direction cinquante bergers et un nombre égal de chiens. Ses gages
annuels sont de six mille à huit mille réaux, et on lui fournit un
cheval. Les bergers de première classe gagnent de deux cent cin-
quante à trois cents réaux par an; ceux de la seconde classe, deux cents
réaux; ceux de la troisième, cent vingt réaux; et ceux de la dernière,
soixante à quatre-vingts réaux. On leur donne en outre deux livres de
pain par jour. Dans les mois d'avril et d'octobre, chaque berger reçoit
une gratification.
Le premier soin des bergers arrivant dans les pâturages où ils doi-
vent passer l'été consiste à donner aux brebis autant de sel qu'elles
peuvent en désirer. Chacune d'elles, dit-on, n'en consomme pas moins de
dix kilogrammes. Vers la fin de juillet, ils introduisent les mâles dans
le troupeau. Six ou sept mâles suffisent pour cent brebis. On les re-
tire d'un parc où ils paissent isolément, et dès que la fécondation des
femelles s'est effectuée, ils rentrent dans leur parc. Les moutons sont
d'un rapport beaucoup plus grand que les brebis, quoique la laine de
ces dernières soit plus fine. Trois toisons de moutons pèsent ordinaire-
ment douze kilogrammes, tandis qu'il en faut au moins cinq de brebis
pour faire le même poids.
Vers le milieu de septembre, on frotte les brebis et les moutons avec
de la terre d'Almagro délayée dans l'eau, pour les défendre contre les
injures de l'air, disent les uns; pour empêcher leur laine de croître trop
vile et de s'abâtardir, disent les autres. Quoi qu'il en soit du motif, nous
considérons cette terre comme un absorbant qui s'empare d'une partie
de la transpiration de l'animal et l'empêche de fournir, en trop grande
abondance, une matière huileuse qui rendrait la laine rude.