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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 7 (12 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0064
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54

LA CHRONIQUE DES ARTS

La Société dite Teyler's Tweede Genoots-
chap, de Haarlem, vient de fonder un concours
dont voici l'objet : 1° établir une liste chrono-
logique et descriptive aussi complète que pos-
sible des dessins de Rembrandt, aussi bien
ceux qui ont déjà été reproduits de quelque
façon que ce soit que ceux qui, moins connus,
ne l'ont pas été; 2° donner une descrip-
tion exacte du sujet et du procédé d'exé-
cution, avec indication des dimensions, des
rapports qui existent entre ces dessins et
d'autres œuvres (dessins, eaux-fortes, pein-
tures) du maître, et autant que possible de la
date d'exécution, des collections où ont passé
et où se trouvent actuellement ces dessins,
des reproductions qui en ont été faites. Une
étude sur la façon de dessiner de Rembrandt
aux diverses périodes de sa carrière artistique
devra précéder ce catalogue.

La récompense à décernée consiste en une
médaille d'honueur en or de la valeur de
400 florins et en un prix en espèces équivalant
aux frais nécessités pour ces recherches.

On annonce — et nous reproduisons la
nouvelle sous toutes réserves — qu'on a re-
trouvé à Tneste une oeuvre importante de
van Dyck, le portrait d'une jeune princesse
de Gonzague, probablement enlevé de Mantoue
lors du pillage de la ville qui eut lieu en 1628.
La toile serait en excellent étal.

Découverte d'une fresque de Ghirlandajo

A FLOKENCE

On nous écrit de Florence :

Florence, 7 février.

Ou vient, ces jours derniers, de remettre au
jour, en pleine ville de Florence, une fresque des
plus précieuses, oeuvre de jeunesse de Ghirlan-
dajo, et des plus délicates qu'on connaisse.

Elle était dissimulée, dans l'église Ognissanti,
derrière un médiocre tableau d'autel de Mattco
Rosselli et, malgré quelques parties endomma-
gées et repeintes, a gardé toute sa fleur. Vasari
nous dit bien, on effet, que la première peinture do
Ghirlandajo fut, dans cette église, pour la cha-
pelle des Vespuce, à savoir un Christ entouré
de plusieurs saints et, au-dessus, dans une lu-
nette (arco), une Miséricorde dans laquelle se
voit le portrait d'Amerigo Vespuce, celui qui
navigua aux Indes..

La Déposition de Croix est la partie qui a
le plus souffert. La Miséricorde placée dans la
lunette est rayonnante de grâce. On sait qu'il
faut entendre par ce mot une grande image de la
Madone debout, les bras étendus, ot abritant sous
son manteau un groupe do fidèles agenouillés. Ici,
ces fidèles sont, à n'en pas douter, des membres
de la famille Vespuce. Quel est celui où nous de-
vons reconnaître Améric Vespuce? La question
ne paraît pas tranchée. Les apparences sont,
d'après les dates, qu'il faut le chercher dans la
figure d'un jeune homme do quinze à dix-huit
ans qui, les yeux levés au ciel, semble plongé
dans l'extase.

' ■ M. L.

PETITES EXPOSITIONS

LE CERCLE DE L'UNION ARTISTIQUE

Le Cercle de l'Union artistique vient
d'ouvrir les portos de son exposition an-
nuelle ; le succès en a été vif, ce qui ne
nous a nullement étonnés. En dehors du
mérite réel des artistes qui y figurent, le
local, est vaste, bien aménagé, situé à sou-
hait sur le chemin do toutes les flâneries et
c'est un rendez-vous consacré par l'usage.
Les artistes le savent ; ils savent aussi que
leurs œuvres y seront vues par un public qui
achète volontiers et paie bien, et ils soi-
gnent leurs envois en conséquence. Un
peintre de portraits, et non des moindres,
nous affirmait que les échantillons de son
art qu'il envoyait à « l'Épatant » lui rappor-
taient, bon an mal an, une demi-douzaine de
commandes. Pareille perspective est faite
pour stimuler les ardeurs ; aussi, voyons-
nous les maîtres du genre y rivaliser de ta-
lent.

Notre intention n'est pas de dresser ici une
liste de mérite et d'exalter tel peintre aux
dépens de tel autre. Il nous semble cepen-
dant difficile de ne pas donner, cette fois, la
première place à M. Bonnat pour son su-
perbe portrait de Mme Rose Caron, magis-
tralement enlevé à lleur de toile, et que je no
puis comparer qu'à un autre chef-d'œuvre du
maître, à cet étonnant portrait de Jules
Ferry, d'une si belle ressemblance et d'une
si prestigieuse habileté d'exécution. Moins
heureux que son illustre confrère, M. Morol.
au lieu d'une artiste en vogue dont les traits,
sont universellement connus, a dû peindre
un simple millionnaire. La figure de M. D***,
n'est connue que d'un nombre restreint de
de personnes, qui seules pourraient dire
avec quelle rigoureuse exactitude et quelle
science infinie l'artiste a su traduire non.
seulement l'enveloppe extérieure et l'habi-
tuelle allure, mais encore l'intime personna-
lité de son modèle. Ce portrait, où'le peintre,
entre autres difficultés, avait à lutter contre
l'indigence de mise en scène que comportenl
le vêtement et les habitudes modernes, fait
le plus grand honneur à M. Morot.

M. Benjamin Constant est en passe de
devenir notre premier peintre officiel, et il
n'est aucune personnalité politique ou litté-
raire qui no se confie à son pinceau; il
semble qu'en même temps la manière du
peintre ait pris cerlaine tournure officielle
et gourmée qui l'alourdit quelque peu ; ses
portraits, dont on ne peut méconnaître la
belle ordonnance et la solidité de construc-
tion, manquent de verve et de libre allure,
et la pâte en est si solidement amalgamée
qu'elle a des duretés quasi-marmoréennes.
Le portrait de M. Hanotaux, que M. Benja-
min Constant nous présente aujourd'hui,
est une de ces œuvres consciencieuses et
savantes qui commandent le respect plutôt
qu'elles n'excitent l'enthousiasme.

L'antique galanterie française nous oblige
 
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