N° 4. — 19ÔÔ BUREAUX : 83 RUE FAVART 27 Janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
ï-iRIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an......... 12 fr. | Six mois . ,......8 fr,
PROPOS DU JOUR
vV^OvpuE de chemin fait en huit jours!
Cl^M^K H faut croire que force bonnes
^XTg»^! volontés travaillaient à la sape
^r^èCt et que l'assaut a été donné au
moment propice, car voici d'un coup ville
gagnée. La discussion du budget des Beaux-
Arts devant la Chambre a eu l'efficace
d'aboutir aux décisions et aux propositions
suivantes :
Le Garde-meuble national ouvrira ses
portes pour le départ des six cent trente-cinq
tentures des Gobelins qu'il recèle;
La Manufacture des Gobelins aura le soin
de réparer les pièces avariées, et de veiller
à la sauvegarde de toutes ;
Les Musées nationaux recevront, à l'oc-
casion de l'Exposition universelle, les pièces
en bon état qui peuvent servir à leur déco-
ration.
Hélas ! c'est la part de M. Guiffrey qui
sera la plus grosse : trois cent quatre-vingt-
seize, autant dire quatre cents tentures ont
besoin de passer par cet atelier de rentrai-
ture dont la fondation fait si grand honneur
au directeur des Gobelins ; sur ce nombre,
cent trois « ne sont pas entrés mauvais état»,
quatre-vingt-dix sont « en très mauvais
état ». Deux cents pièces, en somme, sont
seules disponibles.
M. Georges Berger a eu l'honneur d'expo-
ser devant le Parlement la richesse unique
des collections ainsi abandonnées et le cou-
rage de dénoncer les dangers du statu quo.
Il a conclu en proposant la constitution d'un
« Musée de la peinture en tapisserie », mu-
sée qui demain serait œuvre faite si les bâ-
timents du pavillon de Flore étaient enfin
restitués au plus timide des ministères, qui
n'ose les réclamer.
N'oublions pas d'enregistrer, malgré sa
forme bien vague, une promesse officielle :
les tentures du mobilier national ne seraient
plus prêtées ou envoyées au loin qu'à bon
escient. Cette promesse s'imposait, car les
couloirs de la Chambre venaient d'entendre
l'édifiante histoire de ces Gobelins envoyés
en 1897 à ïananarive pour décorer la rési-
dence du général gouverneur, et ces petits
faits-là en disent plus long sur une adminis-
tration que les plus beaux discours du
monde.
-«s—*6<3SS>+«—o-.
NOUVELLES
Au Cabinet des Médailles, on vient de
classer, dans une vitrine spéciale, les cent
soixante-sept pièces qui composent la collec-
tion vraiment unique de camées et d'intailles
antiques dont M. Pauvert de la Chapelle se
défaisait si généreusement, voici quelques
mois, en faveur de notre Bibliothèque Natio-
nale. M. Babelon a surveillé avec soin le
classement de cette admirable collection, qui
contient, entre autres pièces rarissimes, un
archer à type éginétique, qui est une mer-
veille; une améthyste à l'effigie de Thésée;
une cornaline où est représenté Mélôagre et
un camée, signé Diodote, qui représente une
tête de Méduse. M. Pauvert de la Chapelle
avait réuni toutes ces pierres gravées, à la
suite de mille recherches passionnantes, chez
les antiquaires, chez les marchands, dans les
ventes aux enchères, et même chez des vigne-
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moment propice, car voici d'un coup ville
gagnée. La discussion du budget des Beaux-
Arts devant la Chambre a eu l'efficace
d'aboutir aux décisions et aux propositions
suivantes :
Le Garde-meuble national ouvrira ses
portes pour le départ des six cent trente-cinq
tentures des Gobelins qu'il recèle;
La Manufacture des Gobelins aura le soin
de réparer les pièces avariées, et de veiller
à la sauvegarde de toutes ;
Les Musées nationaux recevront, à l'oc-
casion de l'Exposition universelle, les pièces
en bon état qui peuvent servir à leur déco-
ration.
Hélas ! c'est la part de M. Guiffrey qui
sera la plus grosse : trois cent quatre-vingt-
seize, autant dire quatre cents tentures ont
besoin de passer par cet atelier de rentrai-
ture dont la fondation fait si grand honneur
au directeur des Gobelins ; sur ce nombre,
cent trois « ne sont pas entrés mauvais état»,
quatre-vingt-dix sont « en très mauvais
état ». Deux cents pièces, en somme, sont
seules disponibles.
M. Georges Berger a eu l'honneur d'expo-
ser devant le Parlement la richesse unique
des collections ainsi abandonnées et le cou-
rage de dénoncer les dangers du statu quo.
Il a conclu en proposant la constitution d'un
« Musée de la peinture en tapisserie », mu-
sée qui demain serait œuvre faite si les bâ-
timents du pavillon de Flore étaient enfin
restitués au plus timide des ministères, qui
n'ose les réclamer.
N'oublions pas d'enregistrer, malgré sa
forme bien vague, une promesse officielle :
les tentures du mobilier national ne seraient
plus prêtées ou envoyées au loin qu'à bon
escient. Cette promesse s'imposait, car les
couloirs de la Chambre venaient d'entendre
l'édifiante histoire de ces Gobelins envoyés
en 1897 à ïananarive pour décorer la rési-
dence du général gouverneur, et ces petits
faits-là en disent plus long sur une adminis-
tration que les plus beaux discours du
monde.
-«s—*6<3SS>+«—o-.
NOUVELLES
Au Cabinet des Médailles, on vient de
classer, dans une vitrine spéciale, les cent
soixante-sept pièces qui composent la collec-
tion vraiment unique de camées et d'intailles
antiques dont M. Pauvert de la Chapelle se
défaisait si généreusement, voici quelques
mois, en faveur de notre Bibliothèque Natio-
nale. M. Babelon a surveillé avec soin le
classement de cette admirable collection, qui
contient, entre autres pièces rarissimes, un
archer à type éginétique, qui est une mer-
veille; une améthyste à l'effigie de Thésée;
une cornaline où est représenté Mélôagre et
un camée, signé Diodote, qui représente une
tête de Méduse. M. Pauvert de la Chapelle
avait réuni toutes ces pierres gravées, à la
suite de mille recherches passionnantes, chez
les antiquaires, chez les marchands, dans les
ventes aux enchères, et même chez des vigne-