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La chronique des arts et de la curiosité — 1900

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Nr. 34 (10 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19755#0347
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N» 34. 1900

BUREAUX : 8, RUÉ FAVART

10 Novembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

paraissant le samedi matin

Les abonnis à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

ï.iRIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an. . „......12 fr. | Six mois . „......8 fr.

PROPOS DU JOUR

e vandalisme en France semble
malheureusement devoir être
pour nous un sujet périodique et
inépuisable. Il y a trois ans,
M. Hovelaque dénonçait ici la façon fan-
taisiste et coupable dont on restaurait Ver-
sailles. Aujourd'hui, M. Dimier, qui déjà
nous avait dit naguère comment on restau-
rait aussi Fontainebleau, proteste, dans une
lettre qu'on a pu lire dans notre dernier
numéro, contre les déplorables agissements
d'un architecte qui s'est mis en tête de res-
tituer à sa manière la Grotte des Pins
dépendant du même palais. Et, de toutes
parts, nous arrivent des nouvelles sem-
blables.

A Avignon, le maire, encouragé sans doute
par l'impunité accordée à son premier ex-
ploit, la démolition de la porte Limbert, que
l'administration des Monuments historiques
trouva suffisant de faire remplacer, sui-
vant une note dont on goûtera la saveur,
« par une grande et belle porte d'entrée dont
les plans ont été fournis par elle », vient de
procéder — sous le contrôle de cette même
Commission, dit une information que nous
voulons croire plus ironique qu'exacte, — à
la destruction d'une autre porte, en atten-
dant la démolition complète, déjà annoncée.

A Soissons, la municipalité, pour ne pas
gâter l'admirable symétrie d'une place qui
n'est qu'un carré nu planté de maigres ar-
bres, fait raser les restes d'une basilique
découverte il y a quelques années et abattre
une tour à laquelle s'attachaient des tradi-
tions locales.

A Orléans, les édiles encore décident, à
l'unanimité moins une voix, en vue de pro-
curer un logement à un fonctionnaire quel-
conque, la mutilation du cloître d'un ancien
cimetière où se trouvaient —justement dans
la partie sacrifiée — des restes assez bien
conservés d'anciennes peintures.

A Grenoble, c'est un autre genre d'exer-
cice. On peut remarquer sur les piliers de
la crypte de Saint-Laurent, qui sont du
sixième ou du septième siècle, des traces de
dégradations récentes : un architecte, pa-
raît-il, émerveillé de la beauté de ces piliers,
en a détaché un morceau comme échantil-
lon.

Et nous ne parlons pas de la maison de la
rue Saint-Romain de Rouen, de Péronne,
d'Aigues-Mortes, menacées dans leurs vieil-
les murailles.....

Ainsi, de tous côtés, la fausse science,
l'ignorance ou la stupidité brutale se coali-
sent sous l'œil indifférent de l'administra-
tion, contre les trop rares vestiges des édifi-
ces auxquels s'attachait, avec une émotion
d'art, le souvenir de la vie et des traditions
d'autrefois — alors qu'autour de nous, en
Belgique, en Suisse, en Italie, en Angleterre,
une intelligente protection s'étend sur les
beautés de l'art et de la nature et s'honore
de sauvegarder les monuments du passé.

Quand en arriverons-nous, en France, à
ce respect et à cette intelligence de notre
histoire ? Du moins, pour notre part, nous
ne cesserons de signaler les entreprises diri-
gées contre notre patrimoine artistique, et
peut-être, à la longue, finirons-nous par
communiquer au public un peu de notre in-
dignation contre nos modernes Vandales.
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