La chronique des arts et de la curiosité (1900)

N° Ï2. — 1900

BUREAUX : S, RUE FAVART

24 Mars.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

paraissant le samedi matin

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PROPOS DU JOUR

éja, par une de ces élaborations
intimes dont nous parlions l'autre
jour, la réflexion et le sentiment
publics ont beaucoup travaillé

sur le thème de l'incendie du Théâtre-
Français. Déjà, l'opinion a compris que les
bâtiments nationaux du Louvre couraient
peut-être plus de risques que n'en courent
les magasins voisins du môme nom. Mais,
en même temps, — calculant les probabilités
et escomptant la mise en vigueur des pré-
cautions promises — elle s'est sentie sou-
lagée de savoir que les œuvres d'art démé-
nagées du théâtre étaient déposées au musée.

L'opinion commence même à aller plus
loin. S'il s'agissait de réintégrer demain ces
œuvres d'art en leur place légitime, elle pro-
testerait. Dans quelques mois, lorsque le
petit musée de la Comédie aura été exposé
au Louvre, la reprise en sera, croyons-nous,
difficile.

On souhaiterait que les possesseurs en
droit de ce musée spécial fussent alors les
premiers à en abdiquer la garde et recon-
nussent eux-mêmes que leur Maison est à
juste titre frappée de suspicion quant aux ga-
ranties contre le fléau destructeur entre
tous. On aimerait à penser que le sacrifice
consenti par eux serait aussitôt adouci par
l'État, qui pourrait et devrait leur offrir
copie des œuvres conservées ainsi par lui
en vertu d'une sorte de fidéicommis. On
n'hésitera point à affirmer enfin que le
musée de la Comédie, annexé au Louvre,
y deviendrait d'emblée populaire et célèbre,

pour le meilleur renom de l'illustre Compa-
gnie.

Sans doute, une telle solution aurait
pour adversaires les quelques dilettantes
qui qualifient les musées de prisons de
VArt ; rien de plus facile, en effet, que de
plaider ici avec esprit en faveur de l'œuvre
d'art laissée dans son ambiance. Mais, de-
vant ce dépôt bénévole, .dans ce cas de force
majeure ou peu s'en faut, qui ces dilet-
tantes pourraient ils accuser, sinon la fata-
lité des circonstances ? Le Louvre se passe-
rait bien, n'est-ce pas ? de ce petit apport
accidentel ; mais n'est-ce pas au Louvre
que viennent d'eux-mêmes, pour ainsi dire,
les objets déshérités, menacés, fragiles, les
reliques et les épaves ?

NOUVELLES

Au musée du Louvre, la salle La Gaze,
fermée depuis quelque temps eu vue de re-
maniements, a été, mercredi dernier, rendue
au public. Gomme nous le disons plus loin,
c'est maintenant une salle presque exclusi-
vement de peinture française. Les tableaux
de l'école hollandaise, saut quelques grandes
toiles qui, ainsi que les quelques tableaux ita-
liens de la collection, n'ont pu trouver place
ailleurs, en ont été retirés pour être exposés
dans les nouveaux cabinets aménagés dans
la salle des États.

**# Voici la composition des jurys de sculp-
ture et d'architecture pour le Salon de 1900 de
la Société des Artistes français :

Sculpture. — MM. Mathurin Moreau, pré-
sident ; G.-J. Thomas, vice-président ; Bois-
seau, Vital Cornu, Louis-Noël, Ed. Leroux,