Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1900

DOI Heft:
Nr. 12 (24 Mars)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19755#0117
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ET DE LA CURIOSITÉ

107

édifices de la vieille ville, l'ancienne demeure du
duc de Richelieu, gouverneur de la Guyenne, si-
tué sur le cours de l'Intendance, et occupé en ces
dernières années par l'hôtel Richelieu, vient
d'être loué entièrement par la Belle Jardinière,
qui va faire procéder à une transformation com-
plète de cet immeuble pour y établir une succur-
sale de sa maison de Paris.

Nous osons espérer qu'à Bordeaux comme à
Bouen se trouvera une voix autorisée pour s'éle-
ver contre ce projet, et que finalement, dans ces
deux villes, victoire restera à la cause de l'Art.

Réouverture de la Salle La Caze

AU MUSÉE DU LOUVRE

On dirait une salle nouvelle, tant il y a
d'œuvres qu'il vous semble n'avoir jamais
vues. Nous venons de la quitter et nous
sommes sous le charme. Trop petite, quoique
grande, pour le nombre considérable d'œu-
vres qu'elle devait contenir, son caractère
était surtout la plénitude et la confusion.
On pouvait croire que cette salle, où la col-
lection totale du donateur était réunie, ne
valait que par quelques chefs-d'œuvre et
que le reste, entassé, superposé, amoncelé,
n'avait pas grande importance. On parlait
volontiers des Rembrandt, des petits Hol-
landais et des Watteau, Chardin, Pater,
Fragonard et Lancret de l'excellent collec-
tionneur, mais en considérait un peu comme
une manie encombrante d'avoir acquis cer-
taines « grandes machines ». En vérité, sa
collection se présentait mal et, alors que
tout y méritait bonne place, l'amateur le
plus éclairé ne pouvait être qu'injuste.
Nous croyons fermement qu'entre l'arran-
gement aujourd'hui détruit et le parti nou-
veau que l'on vient de prendre, Louis La
Caze lui-même n'eût pas hésité. Pour avoir
élagué quelques merveilles qui vont enri-
chir, dans des salles lointaines, des groupes
de peintures étrangères et propager à tra-
vers tout l'immense et magnifique Louvre
son nom de bienfaiteur des Beaux-Arts,
voici, en somme, le vrai caractère de sa col-
lection qui surgit. La Caze a été un enthou-
siaste et éclairé amateur d'art français.
Nous avions une salle universelle et confuse
des plus curieuses nous ; avons maintenant
une salle française de plus et, peut-être, la
meilleure. Répétons que, par suite des em-
prunts faits à la collection pour compléter
ailleurs de beaux ensembles et leur donner
plus de prestige, le nom de La Caze, du
même coup, se répand d'un bout à l'autre de
notre grand musée. Oui donc y trouverait à
redire? Quel collectionneur 'se plaindrait
d'un pareil sort ?

Et elle est encore d'une plénitude admi-
table, cette salle La Caze, et l'on se demande
où pouvait tenir ce que l'on a enlevé. En
outre, comme on a très judicieusement
nettoyé quelques toiles et panneaux trop
éteints, l'aspect en est fort agréablement
rehaussé.

La descente à la cimaise d'œuvres naguère
juchées trop haut est une victoire pour les
fins portraits de Rigaud : Le Cardinal de
Polignac, Le Président de Bérulle, Le Duc
de Lesdiguières; pour Le Prévôt des Mar-
chands et Les Échevins de Paris, d'une si
grave tenue, de Philippe de Champaigne ;
pour les somptueux et puissants portraits
de Largillière, surtout celui du président de
Laage ; pour Y Hercule et Omphale, de Fran-
çois Le Moine ; pour les jolis portraits de
femmes d'Antoine Vestier et pour un autre,
jadis introuvable, de Roslin ; pour Vénus
chez Vulcain, de Boucher. Ces œuvres occu-
pent le mur de gauche, en entrant par l'es-
calier de la cour du Louvre.

A droite, la rangée charmante des déli-
cieux Fragonard, dont jamais Les Baigneu-
ses n'ont paru plus éclatantes, des exquis
Pater dont on a fait voisiner les Baigneu-
ses et les Comédiens dans un parc, des
Lancret aimables et des Watteau merveil-
leux. L'Assemblée dans un parc a été placée
pour notre joie entre Y Indifférent et la Fi-
nclle. Les Chardin, qui étaient disséminés,
forment le groupe le plus important.

Il faut féliciter, louer môme, l'administra-
tion du Louvre de nous avoir fait, avec tant
de goût et de discernement, une salle pa-
reille et d'avoir ainsi honoré l'école française,
comme La Caze eût lui-même voulu la voir
célébrée, sans atténuer l'importance du legs,
au contraire.

J. L.

PETITES EXPOSITIONS

EXPOSITION GEORGES D'ESPAGNAT

Je me souviens des débuts de M. Georges
d'Espagnat, il y a huit ou neuf ans, au Sa-
lon des Indépendants, qui logeait encore au
Pavillon de la Ville de Paris. Le peintre
était alors un très jeune homme, si jeune que
huit ou neuf années de plus ne l'ont guère
vieilli et qu'il reste un jeune artiste. Mais
son talent a considérablement progressé et
il y paraît avantageusement, maintenant
que des années ont passé. La manière enthou-
siaste, véhémente, de Vincent van Gogh
l'ayant captivé, il exposa d'abord des pay-
sages emportés, qui n'avaient pas ces dé-
licatesses que l'on distingue au milieu des
tourbillons de la couleur de Vincent. L'ar-
deur et la nature vigoureuse de Georges d'Es-
pagnat se manifestaient en tout cas claire-
ment. Il aime tout ce qui est exalté, lyrique,
vibrant. Parmi les maîtres des musées, Dela-
croix est celui de sa prédilection. Et, en effet,
pendant trois ou quatre ans, nous le voyons
brosser des légendes avec un zèle et une
précipitation qui plurent, malgré le laisser-
aller et les effets faciles de sa façon. Cepen-
dant l'originalité perçait et la tendance na-
turelle au genre décoratif devenait évidente.
Avec une audace louable, il couvrait aisé-
ment de grandes surfaces. Il aimait le mou-
 
Annotationen