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LA CHRONIQUE DES ARTS
il vaut par la tonne, qui atteint au style, par l'ex-
pression songeuse de la physionomie, par la qua-
lité du modelé, enfin, par l'agrément du coloris et
du métier judicieusement simplifié. Heureux pein-
tre, franchement moderne, et qui conduit délicieu-
sement notre souvenir auprès des primitifs de
Sienne ! — La progression est à signaler de deux
artistes qu'avaient d'emblée distingués les préfé-
rences de l'élite : une suite de nus sous bois, cher-
chés dans une donnée décorative, retiennent par
le souci de l'arabesque et du lien à établir entre
les figures : on la doit à M. Dusouchet ; quant à
M. André Barbier, ses aspects du Port de La Ro-
chelle le montrent logique dans la poursuite de
ses notations et toujours mieux en mesure d'ex-
primer ce qui semble résister à toute transcription
matérielle, à savoir l'enveloppe impalpable et dia-
phane de l'atmosphère. — Dans quelle limite la
parenté avec M. Maurice Denis entrc-t-elle dans le
plaisir que nous cause le Jardin do M. Jaulmès?
Je ne saurais trop dire, et l'essentiel n'est-il pas,
d'ailleurs, d'applaudir à un talent très délicat et
aux promesses que confirment, d'ailleurs, un se-
cond tableau, La Terrasse, et trois études, toutes
pourvues d'intérêt et de charme.
Le Château de Glyrolles, par M. Hermenjat. —
La Baigneuse de M. Fornerod. — Miss Mayorie
Bovcen, par M. Beveridge. — Lecture et études,
de M. Juli Gonzales. — Des fleurs de M.Battagla;
des paysages de M. Fongerousse; des portraits de
M. Bloomfield, et les natures mortes de MM.
Morton Johnson (3151), de M. Cotte, de M. Beau-
clair (389 et 390), de M. Asselin (182 et 183), de
M. Batty de Jong.
Salle VIL — Le hasard du placement groupe
ici des artistes aimés, connus, classés : M. Bon-
nard et M. Charles Guerin, M. Dufrénoy et
M. Francis Jourdain, M. Hermann Paul et M. Jules
Flandrin, M. Henri Dezivé et M. Paul de Castro ;
dans la même salle se rencontrent maints novateurs
assidus aux expositions de la rue Victor-Massé :
M. Briaudeau et M. Deborne, M. Deltombc et
M. Boudot-Lamotto, puis, à leurs côtés, des illus-
trateurs de goût et de verve, M. Dresa et M. Bris-
saud, puis des peintres en voie de célébrilé, comme
M-'Adour, MM.Cosyns, Charmy, Chenard-IIuché,
Chariot. Si leur contribution no prêle pas à des
remarques neuves, du moins sied-t-il d'en recon-
naître l'importance, d'aulant que la plupart sont
représentés mieux ici que par de simples ébauches
décrochées du mur de l'atelier.
Les Fleurs de M. Georget Faure. — Les Vues
de Venise de M110 Boyd. — Le Temps gris de
M. François Grange. — Les Indiennes couchées
de M-" Judith. — L'Intérieur de M"" Blum-La-
zarus.— Les Remparts d'Avila de M. Barbey. —
La Petite Couturière de Mm0 Marie Boylesve. —
Le Printemps de M. Hugonnet. — Les natures
mortes de M. Boisgegrain, de MUo Beringer et de
M"1 Battenberg.
Salle VIII. — Et voici, selon l'appellation au-
jourd'hui admise, les « Fauves » j'entends, ceux
qui semblent pousser à l'outrance la déformation
du dessin et l'arbitraire de la couleur. La latitude
étant laissée à chacun de s'exprimer à sa guise,
le débat se réduit, en l'espèce, à une simple ques-
tion de bonne foi. L'artiste a-t-il obéi à la loi
de l'instinct ou bien a-t-il eu recours à l'artifice
frauduleux d'une bizarrerie voulue, afin de capter
l'attention ? Je conçois en quel doute les monstrueu-
ses fantaisies de Mllc Gerebetsoff (S. IX) peuvent in-
duire l'esprit ; mais tout de même cette méfiance
s'atténue, en présence de M. Braque, de M. van Don-
gen, et voici que l'on ne saurait refuser le bénéfice
de qualités certaines à M. Othon Friesz [Travail à
l'automne) et à M. Raoul Dufy (tous deux disciples
de M. Matisse) non plus qu'à M. Georges Bouche
et à M. Le Fauconnier, à M. Girieudet à M. Herbin.
Cependant que l'intérêt ne se laisse pas confisquer
par ces seuls ouvrages appelés à provoquer, selon
la norme, les querelles passionnées 1.11 y a dans
cette salle encore M. Albert Braut et M. Joachim
de Bulow, tous deux en belle évolution; puis Mmt»
Jeanne Baudot, Jelka Bosen, Kellermaon et M"™
Marval, dont le talent tendre et fort apparaît, à son
grand avantage, dans deux claires visions d'une
riante ingénuité: Jeux d'enfant et Le Papillon.
Salle IX. —- S'il était besoin d'établir par
quelque prouve péremptoire et nouvelle les mérites
de Mm" Galtier-Boissière, on la trouverait dans
cette exposition où ses envois (et notamment la
Jeune fille au rhododendron et le Départ) con-
servent, au milieu des plus audacieuses manifes-
tations, impérieux prestige de l'originalité foncière.
Le Jardin, par M"" Alice Bally.— Temps doux
en hiver, par M. A. Anitchkof. — Les projets dé-
coratifs de M11" Dorothée George. —Les portraits
de M. Thomas Jean.— Les Laveuses en Bretagne,
de M. Bruguière. — La Nature morte, de M. Guil-
mont (2758), et les études de fleurs de M. Victor
Dupont. — La Leçon et Baigneuse de Mra° Paule
Gobillard. — La Seine à Giverny, par M. Butler.
Salle X. — De la grâce, de la poésie dans
le sentiment, une prédilection décidée pour les
bleus, les roses et les verts cendrés, pâlis, éteints,
parent d'une séduction rare, les inventions pré-
cieuses de M™ Marthe Galard, en particulier
son Bonjour ancien.
Les scènes de moeurs parisiennes de M. Chapuy,
et les Roses pâles de M. Cohendy.
Rotonde. — M. Castelucho triomphe ici ; il re-
tient, il ravit par la fougue et le claquant du métier,
par la vie intense, incluse en toutes ses peintures,
où l'ombre et la lumière se heurtent avec une
violence qui n'est pas sans attrait.
Le Raisin, l'Orage et la Rive, de M. Cingria. —
Les pastels sur papier jaune do M. Agasse-Lafont.
— Les estampes en couleurs de M. Abramovitz.—
Des plaquettes de M. Bergfeld et do M. Gosselin.
Serre de l'Aima (K—Z)
Salle I. — Do clairs paysages de M. Lewis
Waguet, de M. Saltanoff, et les notes dessinées ou
aquarellécs de M. Edmond Kayser.
Salle II. — Le bel historien d'art qu'est M. Léon
Rosenthal se double d'un observateur sensible à la
fraîcheur de la lumière tamisée et d'un coloriste
délicat très apte à en exprimer les jeux attendris.
Les gris et les ors jouent et s'harmonisent à ravir
dans une petite étude intitulée La Cheminée, que
M. Vuillard ne désavouerait pas.
Les Souvenirs d'Espagne de M. Vasquez Diaz.
— Le Luxembourg de M"" Taubmann-Bonat. —
Los paysages de MM. Lahayc (3468), Lantoine cl
Scheikévitch, et les dessins de M. Thielc.
Salle III. — Do quel amour passionné de
Whistler procède l'art de Mmt Emma Kopp — cha-
LA CHRONIQUE DES ARTS
il vaut par la tonne, qui atteint au style, par l'ex-
pression songeuse de la physionomie, par la qua-
lité du modelé, enfin, par l'agrément du coloris et
du métier judicieusement simplifié. Heureux pein-
tre, franchement moderne, et qui conduit délicieu-
sement notre souvenir auprès des primitifs de
Sienne ! — La progression est à signaler de deux
artistes qu'avaient d'emblée distingués les préfé-
rences de l'élite : une suite de nus sous bois, cher-
chés dans une donnée décorative, retiennent par
le souci de l'arabesque et du lien à établir entre
les figures : on la doit à M. Dusouchet ; quant à
M. André Barbier, ses aspects du Port de La Ro-
chelle le montrent logique dans la poursuite de
ses notations et toujours mieux en mesure d'ex-
primer ce qui semble résister à toute transcription
matérielle, à savoir l'enveloppe impalpable et dia-
phane de l'atmosphère. — Dans quelle limite la
parenté avec M. Maurice Denis entrc-t-elle dans le
plaisir que nous cause le Jardin do M. Jaulmès?
Je ne saurais trop dire, et l'essentiel n'est-il pas,
d'ailleurs, d'applaudir à un talent très délicat et
aux promesses que confirment, d'ailleurs, un se-
cond tableau, La Terrasse, et trois études, toutes
pourvues d'intérêt et de charme.
Le Château de Glyrolles, par M. Hermenjat. —
La Baigneuse de M. Fornerod. — Miss Mayorie
Bovcen, par M. Beveridge. — Lecture et études,
de M. Juli Gonzales. — Des fleurs de M.Battagla;
des paysages de M. Fongerousse; des portraits de
M. Bloomfield, et les natures mortes de MM.
Morton Johnson (3151), de M. Cotte, de M. Beau-
clair (389 et 390), de M. Asselin (182 et 183), de
M. Batty de Jong.
Salle VIL — Le hasard du placement groupe
ici des artistes aimés, connus, classés : M. Bon-
nard et M. Charles Guerin, M. Dufrénoy et
M. Francis Jourdain, M. Hermann Paul et M. Jules
Flandrin, M. Henri Dezivé et M. Paul de Castro ;
dans la même salle se rencontrent maints novateurs
assidus aux expositions de la rue Victor-Massé :
M. Briaudeau et M. Deborne, M. Deltombc et
M. Boudot-Lamotto, puis, à leurs côtés, des illus-
trateurs de goût et de verve, M. Dresa et M. Bris-
saud, puis des peintres en voie de célébrilé, comme
M-'Adour, MM.Cosyns, Charmy, Chenard-IIuché,
Chariot. Si leur contribution no prêle pas à des
remarques neuves, du moins sied-t-il d'en recon-
naître l'importance, d'aulant que la plupart sont
représentés mieux ici que par de simples ébauches
décrochées du mur de l'atelier.
Les Fleurs de M. Georget Faure. — Les Vues
de Venise de M110 Boyd. — Le Temps gris de
M. François Grange. — Les Indiennes couchées
de M-" Judith. — L'Intérieur de M"" Blum-La-
zarus.— Les Remparts d'Avila de M. Barbey. —
La Petite Couturière de Mm0 Marie Boylesve. —
Le Printemps de M. Hugonnet. — Les natures
mortes de M. Boisgegrain, de MUo Beringer et de
M"1 Battenberg.
Salle VIII. — Et voici, selon l'appellation au-
jourd'hui admise, les « Fauves » j'entends, ceux
qui semblent pousser à l'outrance la déformation
du dessin et l'arbitraire de la couleur. La latitude
étant laissée à chacun de s'exprimer à sa guise,
le débat se réduit, en l'espèce, à une simple ques-
tion de bonne foi. L'artiste a-t-il obéi à la loi
de l'instinct ou bien a-t-il eu recours à l'artifice
frauduleux d'une bizarrerie voulue, afin de capter
l'attention ? Je conçois en quel doute les monstrueu-
ses fantaisies de Mllc Gerebetsoff (S. IX) peuvent in-
duire l'esprit ; mais tout de même cette méfiance
s'atténue, en présence de M. Braque, de M. van Don-
gen, et voici que l'on ne saurait refuser le bénéfice
de qualités certaines à M. Othon Friesz [Travail à
l'automne) et à M. Raoul Dufy (tous deux disciples
de M. Matisse) non plus qu'à M. Georges Bouche
et à M. Le Fauconnier, à M. Girieudet à M. Herbin.
Cependant que l'intérêt ne se laisse pas confisquer
par ces seuls ouvrages appelés à provoquer, selon
la norme, les querelles passionnées 1.11 y a dans
cette salle encore M. Albert Braut et M. Joachim
de Bulow, tous deux en belle évolution; puis Mmt»
Jeanne Baudot, Jelka Bosen, Kellermaon et M"™
Marval, dont le talent tendre et fort apparaît, à son
grand avantage, dans deux claires visions d'une
riante ingénuité: Jeux d'enfant et Le Papillon.
Salle IX. —- S'il était besoin d'établir par
quelque prouve péremptoire et nouvelle les mérites
de Mm" Galtier-Boissière, on la trouverait dans
cette exposition où ses envois (et notamment la
Jeune fille au rhododendron et le Départ) con-
servent, au milieu des plus audacieuses manifes-
tations, impérieux prestige de l'originalité foncière.
Le Jardin, par M"" Alice Bally.— Temps doux
en hiver, par M. A. Anitchkof. — Les projets dé-
coratifs de M11" Dorothée George. —Les portraits
de M. Thomas Jean.— Les Laveuses en Bretagne,
de M. Bruguière. — La Nature morte, de M. Guil-
mont (2758), et les études de fleurs de M. Victor
Dupont. — La Leçon et Baigneuse de Mra° Paule
Gobillard. — La Seine à Giverny, par M. Butler.
Salle X. — De la grâce, de la poésie dans
le sentiment, une prédilection décidée pour les
bleus, les roses et les verts cendrés, pâlis, éteints,
parent d'une séduction rare, les inventions pré-
cieuses de M™ Marthe Galard, en particulier
son Bonjour ancien.
Les scènes de moeurs parisiennes de M. Chapuy,
et les Roses pâles de M. Cohendy.
Rotonde. — M. Castelucho triomphe ici ; il re-
tient, il ravit par la fougue et le claquant du métier,
par la vie intense, incluse en toutes ses peintures,
où l'ombre et la lumière se heurtent avec une
violence qui n'est pas sans attrait.
Le Raisin, l'Orage et la Rive, de M. Cingria. —
Les pastels sur papier jaune do M. Agasse-Lafont.
— Les estampes en couleurs de M. Abramovitz.—
Des plaquettes de M. Bergfeld et do M. Gosselin.
Serre de l'Aima (K—Z)
Salle I. — Do clairs paysages de M. Lewis
Waguet, de M. Saltanoff, et les notes dessinées ou
aquarellécs de M. Edmond Kayser.
Salle II. — Le bel historien d'art qu'est M. Léon
Rosenthal se double d'un observateur sensible à la
fraîcheur de la lumière tamisée et d'un coloriste
délicat très apte à en exprimer les jeux attendris.
Les gris et les ors jouent et s'harmonisent à ravir
dans une petite étude intitulée La Cheminée, que
M. Vuillard ne désavouerait pas.
Les Souvenirs d'Espagne de M. Vasquez Diaz.
— Le Luxembourg de M"" Taubmann-Bonat. —
Los paysages de MM. Lahayc (3468), Lantoine cl
Scheikévitch, et les dessins de M. Thielc.
Salle III. — Do quel amour passionné de
Whistler procède l'art de Mmt Emma Kopp — cha-