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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 1 (1 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0015
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ET DE LA CURIOSITÉ

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tard avec Gentile da Fabriano et Pisanello, pour
s’affirmer définitivement lorsque Jacopo Bellini
vient à Florence faire son éducation de peintre.
On trouve dans le Titien tout ce qui fait le mé-
rite des livres de M. Lafenestre : une profonde
connaissance du sujet, une très vive sensibilité
artistique, et le style d'un poète.

Marcel Reymond.

Après l’étude que la Chronique consacra jadis (1)
à l'Art religieux du xnr siècle en France, il ne
saurait être de nouveau question ici du livre de
M. Emile Mâle. Nous tenons seulement à saluer
l’apparition delà troisième édition de l’ouvrage et à
signaler les additions nombreuses dont elle a été
l’objet aussi bien au point de vue du texte qu’à celui
de l’illustration. Elles ne font qu’accroître l’excep-
tionnel prestige d’un travail tenu pour classique
aujourd’hui.

Andrea Corna.— Storia ed arte in S. Maria di
Campagna (Piacenza). Bergamo, Istituto ita-
liano d’arli grafiche. Un vol. in-8, 804 pages
avec 59 gravures hors texte.

Le livre que le Père Andrea Corna consacre à
l’église de son couvent, la Madona di Campagna,
de Plaisance, est la preuve de l’intérêt que peut
prendre un livre écrit avec amour et sincérité,
même si son auteur n’est pas un archéologue et
un historien d’art.

Le Père Corna a eu tout d’abord le grand mérite
en dépouillant les archives de son couvent, de re-
trouver le nom de l’auteur de cette église, Alessio
Tramello, qui s’était si bien assimilé le style de
Bramante que, jusqu’à nos jours, son œuvre était
universellement attribuée à ce maître. De très in-
téressantes gravures, faites d’après des photogra-
phies peu connues, nous montrent le charmant
intérieur de cette église, avec sa grande coupole
soutenue par des piliers légers et flanquée de
quatre basses coupoles. Il y a là une impression
de légèreté, d’élégance, de finesse décorative, qui,
plus que partout ailleurs, nous montre ce que fut
l’art de l’école de Bramante dans le milieu mila-
nais.

Cette église si intéressante par son architecture,
est non moins précieuse par ses œuvi’es d’art, et
notamment par les fresques du Pordenone, qu’il
fit vers la fin de sa vie, ut qui nous montrent sous
sa forme la plus savante l’art de ce Vénitien qui,
ayant été appelé à diverses reprises dans le centre
de l’Italie, trojva à Crémone et à Plaisance, dans
lés coupoles construites par les maîtres de l'école
de Bramante un vaste champ décoratif que les
Titien et les Véronèse n’avaient, pas à Venise

Marcel Reymond.

NECROLOGIE

Le peintre Georges Becker est mort à Paris
cette semaine. Il y était né en 1845. Élève de
Gérôme à l’École des Beaux-Arts, il prit près de
lui le goût de la peinture d’histoire, et la première
partie de sa carrière fut marquée par de grandes

toiles dont les sujets, empruntés à l’antiquité clas-
sique ou à la Bible, se caractérisaient d’ordinaire
par la recherche du dramatique. Elles lui valurent
en 1870 et en 1872 des médailles de troisième et de
deuxième classe. Son tableau du Salon de 1876,
Respha protégeant les cadavres de ses fils contre
les vautours, acheva de le rendre célèbre.

En 1880 il obtint un non moindre succès avec
un Portrait du général de Gallifct. Puis il partit
pour la Russie pour les fêtes du couronnement
d'Alexandre III à Moscou, où il prit nombre de
croquis et d’esquisses, condensés plus tard dans
une grande toile commandée par le gouvernement
russe Le succès qu’elle obtint lui valut la com-
mande de nombreux portraits de hauts person-
nages ou de grandes dames russes auxquels il se
consacra désormais.

Il était chevalier de la Légion d’honneur depuis
l’Exposition de 1889.

Le mercredi 22 décembre dernier est mort à
Paris un artiste qui, quoique jeune encore, eut une
influence indéniable sur plusieurs des jeunes
sculpteurs du temps présent et laisse une œuvre
déjà considérable. Lucien Schnegg,né à Bordeaux
en 1854, avait été formé par un de ces sculpteurs
ornemanistes qui, dans cette ville, perpétuèrent
avec un goût et une intelligence supérieurs, durant
une partie du xix° siècle, les traditions du siècle
précédent. Venu à Paris, Lucien Schnegg acheva
son éducation dans l’atelier de Falguière d’abord, et
ensuite au contact de Rodin, dont l’art vivant l’avait
vite séduit. Mais à l’encontrede tant d’autres, Lucien
Schnegg ne s’en tint pas à l’inritalion. Il chercha
de son côté et conçut une sculpture très équilibrée,
d’un modelé extrêmement savant, si poussé que le
travail disparaît pour laisser une figure tout en
lumière.

Il eut longtemps la vie difficile, non seu-
lement pour lui, mais pour la petite famille qu’il
avait constituée à ses côtés Aussi fut-il contraint
bien souvent d’abandonner les recherches person-
nelles pour les travaux qu’offrent aux artistes pau-
vres les ateliers de décoration, où sa grande habi-
leté et son sens artiste étaient fort appréciés. Mais
sa main ne s’était pas avilie à cette besogne. Peut-
être même l’initia-t-elle à des effets de coloration
inconnus des sculpteurs de morceaux.

D’abord exposant au Salon dus Artistes fran-
çais, il passa en 1894 à la Société Nationale, où il
avait envoyé une Fontaine décorative érigée à
Toul. Il a exposé depuis d'admirables bustes
d’hommes et de femmes, parmi lesquels celui de
son élève, Mlls Poupelet, obtint parmi les artistes
un succès considérable; il est maintenant au
Luxembourg. Schnegg a modelé un grand nombre
de délicieuses statuettes féminines qui seront dans
l’avenir sûrement très recherchées. Il est l’auteur
des frontons d’angle de l’hôtel Astoria et de la dé-
coration du bel immeuble construit par l’architecte
Plumet, 50, avenue Victor-LIugo.

Ch. S.

On annonce également la mort de M1U Pauline-
Elisa-Léonide Bourges, artiste peintre, décédée
à Auvers-sur-Oise la semaine dernière. Elle était
née à Paris le 22 janvier 1838. Élève de T. Salrnon
et d’Edouard Frère, elle exposa souvent au Salon,
à partir de 1857, des natures mortes et surtout des

(1) V. Chronique des Arts, 1899, p. 108.
 
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