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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 3 (15 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0029
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ET DE LA CURIOSITÉ

19

PETITES EXPOSITIONS

Petites Sculptures et Dessins de Sculpteurs

(Cercle International clés Arts)

La petite sculpture est sacrifiée clans les grands
Salons: ni les locaux, ni l’entourage ne lui con-
viennent. Lui consacrer une réunion plus intime
était une heureuse idée. Réunion de talents fort
divers d’ailleurs, mais, parmi les jeunes, influence
sensible, inévitable de Rodin. Et même les feuil-
les cl’album accrochées derrière les statuettes
montrent que les œuvres du maître ont in-
fluencé bien des disciples. Cette influence, chez
M. Clara, n’empêche qu’on reconnaisse en lui
l’émotion directe et de véritables qualités de mo-
deleur. Mn° Marie Cazin aime les figures pensives.
M. Bourdelle continue ses effigies de grands artistes
et cherche un Beethoven. M. Dampt et M. Angstont
traduit avec délicatesse ces gras modelés, ces crâ-
nes à peine ossifiés de l’enfance. M. Roche évoque
en poète les ébats d’une sirène dans un paysage de
rêve.

Les Peintres Lithographes
(Galerie Devambez)

Les lecteurs de la Gazette connaissent parfaite-
ment, grâce à M. Bénédite (1), l’histoire du grou-
pement des lithographes s’unissant pour défendre
non seulement leurs intérêts, mais l'existence
même de la lithographie. Vers 1885 on ne l’em-
ployait guère que pour les travaux de commerce.

S’ils veulent utilement défendre leur art, les
peintres-lithographes agiront peut-être sagement
en espaçant davantage leurs expositions et, par
suite, en y apportant une production plus impor-
tante. Il n’est plus guère de dessinateur qui se
consacre uniquement à la lithographie et l’on sent
ici que plusieurs qui l’avaient délaissée se sont
mis en hâte à reporter quelques croquis sur pierre.
Ainsi se font des lithographies, mais non des
estampes. Plus que l’eau-forte, la lithographie a
besoin d’une destination. L’œuvre de M. Chéret
qui, pour notre plaisir, est exposé là — moins les
affiches —en est une preuve. Il n’est peut-être pas
une de ces charmantes petites pièces qui ne soit
ou une couverture de livre, ou un programme, un
simple menu. Ges êtres de fantaisie, pourtant si vi-
vants, ces petites Parisiennes, dont les hauts talons
ont quitté le bitume pour les nuages, gambadent,
répandent leurs farandoles autour des lettres d’un
titre. Le mélange du texte et de l’image est un
charme de plus. M. Ghéret a dessiné de superbes
lettres ; il connaît à fond son métier de lithogra-
phe, et pourtant quelle sobriété dans les moyens 1
Un noir, un blanc, un fond teinté, cela lui suffit
pour faire une œuvre d’art exquise, légère, mais
durable.

L’un des fondateurs de la Société, Dillon, récem-
ment décédé, est représenté par des scènes de la
rue dont on peut ne pas goûter l’exécution froide-:
il a tenté du moins de réaliser des estampes.
M. Belleroche ajoute de nouveaux visages fémi-
nins à son œuvre. De M. Maurice Eliot se voient
six compositions pour Diane au Bois de Ban-
ville, colorées comme du Nanteuil; de M. Ernest
Jackson, des portraits bien étudiés; deM. Léandve,
des crayonnages qui amusent certains visiteurs.

« La Cimaise »

(Galerie Georges Petit)

Je ne sais si la meilleure partie de cette exposi-
tion n’est pas, non sur la cimaise, mais dans les
vitrines ou sur les socles. Le petit bronze joliment
patiné, l’objet d’art bien exécuté ont des séduc-
tions qui reposent des efforts plus tapageurs de la
peinture. Nous avons parmi les sculpteurs actuels
un bon nombre d’excellents animaliers. Ici M.
Henri Vallette — malgré les très petites dimen-
sions qu’il donne à ses Lévriers russes, à sa
Chouette, à ses Chats, dont l’un, en marbre de
Sienne, est d’une vie si bien exprimée — prouve,
par sa science de la construction en larges plans,
qu’il est de bonne école. M. Ed. Sandoz, admirateur
des Egyptiens, simplifie à leur manière les silhouettes
de ses pigeons, de ses hiboux, de ses lapins,tail-
lés dans des marbres polychromes. M. Jouve, que
nous avons vu à 1’ « Eclectique », montre ici de petits
bronzes : un mouflon, un tigre, des singes. M. Bou-
chard lance une jument et son poulain au galop; sa
petite Danseuse romaine n’est-elle pas aussi presque
un petit animal plein de vie? M11* Jeanne Jozon, qui
remplit deux vitrines de petits sujets en plâtre, a
modelé avec goût une étude de Jeune fille au divan.

Avec les sculpteurs voisinent M. Brindeau de
Jarny, ferronnier, dont les lustres et les petits objets
— miroirs, tire-boutons — sont joliment inventés et
bien exécutés ; Mme Gaston Lecreux, auteur de pei-
gnes à motifs d’algues; Mme Marguerite Brossard,
dont les broderies à l’aiguille ont mon admiration,
et enfin les grès à décor bleu de M. Methey, le fécond
céramiste. Je signale trop rapidement les pointes
sèches de M. Chahino et de M. Dehérain; les eaux-
fortes de M. Beurdcley, et surtout ses Vieillards à
l’hôpital; les bois de M. Colin et les figures dessi-
nées par M. Morerod, et j’arrive aux peintres-
M. Barnetta Asteinsa, peintre du pays basque, est
physionomiste; M. Harry Bloomfield a certes une
belle palette, mais pourquoi, pas plus dans son nu
que dans ses portraits d’enfants, où il semble
avoir tenté de donner son maximum d’éclat, a-t-il
omis le coin tranquille où nos yeux se repose-
raient? M. Marcolesco est plus simple, c’est-à-dire
plus pénétrant que ne le sont, en général, ses voi-
sins. Enfin, nous n’avons garde d’oublier la femme
étrangement maigre et singulièrement construite
que M. Zuloaga a placée près d’une toilette, dans
une chambre assez obscure.

Exposition Cézanne
(Galerie Bernheim)

Une exposition comme celle-ci, représentant
d’une façon complète l’art de Cézanne, est le véri-
table hommage à rendre à sa mémoire. Point
n’était besoin cl’un monument, d’un comité qui,
parmi de véritables « admirateurs et défenseurs
du maître », réunit des personnalités qui de son
vivant l’ont ignoré, sinon décrié, et de ses notables
compatriotes qui n’ont su enrichir le musée d’Aix
d’aucune de ses œuvres. Ceux qui, voyant la statue
de Gérôrne dans les jardins du Louvre, ont crié :
« Laissez passer cinquante années avant de statu-
fier», doivent logiquement prendre patience, même
s’il s’agit de Cézanne. Les grands peintres, d’ailleurs,
peuvent se passer de monuments. Qu’on les réserve
aux politiciens. Apprenons à mieux connaître l’en-
seignement de Cézanne. N’est-il pas lamentable de
voir que, parmi ceux qui se réclament de lui, il

(1) Y. Gazette des Beaux-Arts de décembre 1909.
 
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