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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 11 (12 Mars)
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LA CHRONIQUE DES ARTS

de renfermer une musique trop rare, filtrée goutte
à goutte. Il faut le répéter : c’est une belle œuvre,
et M. Gédalge est un des tout premiers sympho-
nistes de notre temps.

« Ni littérature, ni peinture », a-t-il inscrit en
épigraphe. Je pense de même, s’il faut entendre
par là que la musique n’a point à représenter tel
■objet précis d’un tableau — maison, vêtement,
ustensile, — et qu’elle ne saurait à elle seule ra-
conter une anecdote par le détail... Mais il ne fau-
drait pas lui refuser le droit de s’inspirer des
paysages ou des poèmes. Je partage l’avis de M.
R. Rolland : « Tout est possible au génie, et, s’il
lui convient demain, la musique sera peinture et
poésie. » D’ailleurs, ne joue-t-on pas sur les mots ?
M. Debussy évoque, dans Pelléas, la grotte aux
ténèbres bleues, les souterrains gluants et fétides,
la lumière éclatante du jour ; et il se forme en
nous des associations d’idées immédiates, mysté-
rieuses, entre la musique entendue et les impres-
sions ressenties devant la nature. Mais cette
musique, pourquoi serait-elle moins belle et moins
humaine que toute autre ? Au lieu de « pittores-
que », on devrait l’appeler « paysagiste », et dans
cet art, autant qu’en peinture, là sensibilité peut
bien, je suppose, s’inspirer des aspects de la terre
et du ciel. Quant au reproche de « littérature »,
c’est un pur sophisme. Le musicien qui traduit
ses sentiments a toujours le droit d’exprimer ceux
qu’un beau poème lui suggère, soit en une mélodie
chantée, soit dans une œuvre écrite pour l’or-
chestre seul. Il n’en est pas moins personnel, et
n’en crée pas moins avant tout de la musique.
Dans une symphonie, lorsqu’il ne s’inspire joas
d’un poème, il est bien libre de guider l’auditeur
par un « argument » qui indique l’évolution des
sentiments au cours de l’œuvre. Il est libre aussi
de n’en rien faire et de garder son secret ; mais ce
sera toujours la même musique. Tout ce qui im-
porte, c’est qu’elle conserve son équilibre, son
unité, ses proportions harmonieuses,— sa beauté.

Et seules les compositions dites « purement in-
tellectuelles » (à supposer qu’il en existe), où
l’auteur fait œuvre, non plus même d’architecte,
mais d’ingénieur, en d’industrieuses combinaisons
de thèmes et de contrepoints, sortent du vrai do-
maine de la musique. Quant aux œuvres de musi-
que pure, dont le sentiment est intraduisible par
des mots, ce sentiment n’en existe pas moins ;
l’âme qui écoute le comprend, et sait que c’est
celui-là et pas un autre. Ce langage n’est point
vague (1), comme le prétendent quelques philoso-
phes. Il varie, certes, avec chaque compositeur, et
toujours une certaine accoutumance est nécessaire;
mais, une fois qu’on l’a compris, c’est (après le
regard humain) le plus merveilleux et le plus
profond des langages.

M. Florent Sclimitt, que ses confrères tiennent
en haute estime, et que les critiques s'avisent enfin
de découvrir, a déjà montré l’ampleur et la puis-
sance où il peut atteindre (2). Aujourd’hui, en ces

(1) Je renvoie le lecteur aux pages 44 et 45 du
remarquable livre de M. R. Rolland ; Musiciens
d'aujourd'hui.

(2) Notamment dans son admirable Psaume, que
les concerts Colonne ou Lamoureux devraient se
faire un devoir et un honneur d’inscrire à leurs
prog rammes.

deux Mélodies, c’est une musique plus intime qui
s'épanche de son cœur. Il y a là de belles effu-
sions, un peu angoissées et douloureusement vi-
brantes, d’une sensibilité rêveuse, nostalgique,
mais très aiguë et très vivante. Parfums, jets
d’eau, barques sur les étangs : c’est très contem-
porain. Mais pour toute oreille fine, capable de
discerner un accord d’un autre, ce n’est pas « du
Debussy ». Ni par la forme, ni par le caractère.
M. Debussy est bien plus « méditerranéen » ; M.
Schmittest « du Nord», il voit plus gros, il écrit
plus touffu, il est plus pessimiste. Et puis — très
personnel d’ailleurs — on sent qu’il a grandi à
l’ombre magique d’amour et de mort que répan-
dait Tristan et Yseult à la fin du xix° siècle...

Mais je ne puis caGher mon admiration pour
toute cette jeune école française, à la musique si
variée, si vivante, si choisie. Pour ne citer que
MM. Debussy, Gédalge, Roger-Ducasse, Ravel,
Schmitt, Laparra, Roussel, de Séverac, Rabaud,
Paul Dupin, que de natures diverses, que d’œuvres
belles, originales, et neuves! Et comme le domaine
de la musique s’est agrandi, combien de nouvelles
contrées sont explorées ! Et comme tout cela nous
fait bien voir qu’il y en aura toujours d’autres
encore à découvrir: il n’y a qu’à aller de l'avant...

Charles Kœci-ilin.

REVUE DES REVUES

A Revue lorraine illustrée (1939, n° 1). —
Articles de M. Ch. de Meixmoron de Dombasle sur
le peintre lorrain Jean-Baptiste-Charles. Claudot
(1733-1806), auteur de paysages, de panneaux déco-
ratifs, de décorations funéraires, etc., dont 18 sont
reproduites dans le texte ou hors texte ; — de
M. RenéPerrout sur le sculpteur alsacien contem-
porain Ernest "YVittmann (12 reprod. d’œuvres) ;
— de M. Henry Poulet sur Les Lorrains en Tos-
cane : François de Lorraine, grand-duc de Toscane
(16 fig. et 3 planches).

(N° 2). — Articles de M. Al. Martin sur diverses
églises du duché de Bar (8 fig. et 2 pl.) ; — de
M. Emile Nicolas sur des dessins d’art décoratif
de M. Victor Prouvé (4 reprod.); — de M. Emile
Ambroise sur le château de Lannoy à Herbéviller
(5 fig. et 1 pl.) ; — etsuite de l’étude de M. II. Poulet
sur Les Lorrains en Toscane.

(N° 3). — Articles de M. Gaston Varenne sur les
artistes lorrains aux Salons (14 reprod.) ; — de
AI. Pierre Boyé sur Les Châteaux du roi Stanislas
(2e partie): la destruction (23 fig. et 2 pl.)

(N° 4). — Suite des études de Al. H. Poulet sur
Les Lorrains en Toscane : la vie à Florence sous
la domination lorraine (17 fig. et 2 pl.), — de
Al. P. Boyé sur Les Châteaux du roi Stanislas :
leur état actuel (17 fig. et 2 pl.) ; —■ et article de
Al. Emile Nicolas sur La Protection des sites et
monuments naturels (4 fig. et 2 pl.)

0 Revue alsacienne illustrée (1909, n° 3). —
Etude de AI. IL Juillard-Weiss sur le peintre
mulhousien Emile Zipélius, mort à vingt-cinq ans
(1840-1865), auteur de portraits et de compositions
religieuses pleines de vigueur et d’originalité
(21 reprod., dont 8 hors texte) ; — et reproduction
 
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