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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 13 (26 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0111
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ET DE LA CURIOSITÉ

101

Cambrai. Un appoint sérieux sera fourni par les
collections privées, dont celles de Mm“ Édouard
André, de MM. Schloss, Porgès, Nardus.

La Galerie de l'Ermitage, à titre tout à fait ex-
ceptionnel, prêtera un de ses plus beaux van Dyck:
le Portrait de Snyders avec sa femme et son en-
fant. La Galerie impériale de Vienne enverra son
fameux portrait de Rubens, les superbes es-
quisses des grandes pages créées par le maître
pour l’église des Jésuites d’Anvers, et l’Infante
Isabelle en religieuse, par van Dyck. Plusieurs
des grandes galeries particulières autrichiennes
seront également représentées : Liechtenstein, Czer.
nin, Harrach, Benda, Miethke, Schwarz, etc.
Budapest exposera un splendide portrait de van
Dyck et diverses autres créations d'intérêt artisti-
que et historique important, ün verra notamment,
dans l’envoi de la galerie nationale hongroise, une
Vue du Palais de Bruxelles par Teniers. La par-
ticipation des galeries de Munich, de Dresde, de
Stuttgart est dès à présent acquise; des négocia-
tions entreprises avec d’autres sont en bonne voie.

Plusieurs grandes galeries italiennes ont été
autorisées officiellement à consentir des prêts. Dans
le nombre on cite, comme devant être représentée,
la galerie du prince Doria. D'Angleterre, d’Espa-
gne et de Hollande, où fonctionnent des comités
spéciaux, les envois seront dignes de l’importance
de ces pays si réputés pour leurs trésors d’art. Des
Etats-Unis, le contingent paraît devoir être ex-
traordinaire, numériquement : on ] arle de vingt-
cinq Rubens et de cinquante van Dyck, apparte-
nant aux collections souvent citées de New-York
et de Boston.

Il n'est question ici que des peintures. De très
importants morceaux de sculpture sont également
annoncés. On verra, venant de la collection impé-
riale de Vienne, l’armure de parade de l’archiduc
Albert, morceau exceptionnel dont, chose curieuse,
le complément (l’armure de cheval du même prince)
est conservé à Bruxelles, au musée d’artillerie de
la Porte de Hal.

D’importantes tapisseries concourront à rehaus-
ser la splendeur d’un ensemble dont sans doute
peu de pays auront vu l’équivalent depuis la célè-
bre Exposition de Manchester, en 1857.

J’ai dit un mot, dans une précédente correspon-
dance (1), de la part que prennent à l’Exposition
universelle les grandes villes du pays. Anvers
reconstitue la maison de Rubens, conservée encore
dans certaines parties essentielles — le portique de
la cour d’entrée, le pavillon du jardin —et dont les
documents graphiques donnent un aspect assez
précis, sans parler de certains tableaux de divers
musées.

Bruxelles s’est inspirée, pour sa part, d’une
construction encore existante : la maison de l’archi-
tecte Jean Gosyns, auteur d’une partie considéra-
ble de la Grand’place. L’immeuble, situé dans une
arrière-cour de la rue de Flandre, n° 46, et connu
d’assez peu de Bruxellois même, est daté de
1697, c’est dire qu’il remonte au lendemain du
bombardement qui éprouva si cruellement la ca-
pitale. Ici encore il a fallu, dans une large mesure
suppléer à l’insuffisance de l’édifice-type. De même
pour Gand, dont le Refuge de l’abbaye de Saint-
Bavon (aujourd'hui le Conservatoire), et de Liège,
dont l’hôtel Curtius apporteront une note fort in-

téressante et bien belge et l’ensemble des pavil-
lons élevés pour des cités qui, en Belgique, ont
gardé l’importance d’un passé illustre.

Hem’i Hymans.

CHRONIQUE MUSICALE

Théâtre National de l’Opéra-Gomique ; Leone,

opéra-comique en quatre actes, d’après la nou-
velle d’E. Arène, paroles de M. G. Mentorgueil,

musique de Samuel Rousseau.

D’après la notice du programme officiel, aucun
musicien jusqu’ici ne se serait inspiré de la Corse,
pas même de la Colomba de Prosper Mérimée.
(La notice est très mal informée, et c’est assez
surprenant, car précisément M. Büsser, qui n’est
pas un inconnu, vient de terminer l’orchestration
d’un important ouvrage écrit d’après la Colomba
en question.) L’action de Leone se passe, elle
aussi, dans l’île aux maquis. C’est un de ces faits
divers dramatiques qqe les directeurs et tous ceux
« du métier » jugent être du vrai théâtre. Il me
semble au contraire (on l’a dit mainte fois) que le
vrai théâtre musical est celui qui permet l’expres-
sion et le développement de sentiments profonds :
Orphée, Tristan et Yseult, Pelléas et Mélisande.
Mais toujours le même préjugé sévit, grâce auquel,
il y a cinquante ans, on condamnait le délicieux
acte du jardin (1) sous le prétexte absurde « qu’il
ne s’y passait rien ». A ce compte-là, d’ailleurs,
le Prométhée d’Eschyle ne serait pas du théâtre.
Passons...

La partition de Samuel Rousseau fait penser aux
cantates qui rassemblent l’unanimité des suffrages
de l’Institut. Elle est d’ailleurs infiniment plus
habile, mieux écrite, plus sincèrement sentie, plus
sérieusement travaillée que ces petites œuvres
fabriquées en loge, rapidement et sur commande ;
mais, honnêtement et correctement jolie, régulière
et prévue, comme l’architecture officielle contem-
poraine, elle n’est pas très nouvelle, ni très per-
sonnelle. C’est le type de l’œuvre qu’aiment les
jurys des concours; c’est de l’art de prix de Rome.
— Prix de Rome, d’admirables artistes peuvent
l’avoir été ; Berlioz, M. Besnard, M. Debussy,
pour ne citer que ceux-là ; mais tout justement ils
sont personnels en raison de leur liberté, et du
peu d’art académique qu’on retrouve chez eux.
Pour aller de l’avant, ils ont su oublier le métier
artificiel de l’École.

Disons-le en passant, d’ailleurs : l’enseignement
musical du Conservatoire est injustement décrié
par les partisans de la Schola ; mais il se peut,
cependant, que le concours actuel du prix de Rome
donne parfois à nos jeunes compositeurs de fâ-
cheuses habitudes : travailler trop vite, avec les
premières idées venues, d’après des procédés ap-
pris, et non cherchés, créés par l’artiste lui-même.
Je ne dis pas que le voyage et le séjour à Rome
soient à supprimer : la question est discutable.
Mais, si l’on peut à la rigueur admettre l’utilité
d’un concours à la fin de la classe de composi-
tion, il faut, de toute nécessité, supprimer la can-
tate, fa.ux théâtre, fausse musique, fausse poésie.

(1) Du Faust de Gounod, est-il besoin de l’indi-
quer ?

L(l) V. Gazette des Beaux-Arts d’octobre 1909.
 
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