La chronique des arts et de la curiosité (1910)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

l’œuvre de l’artiste et essentiel pour l’étude
de la peinture religieuse moderne.

*** Le jury des arts décoratifs pour le
Salon de 1910 à la Société des Artistes fran-
çais est ainsi composé :

Président : M. Antonin Mercié ; vice-prési-
dents : MM. Maillart, Mayeux et Focillon ;
secrétaires : MM. Carli, Hèraud et Bénédic-
tus; membres : MM. Bouisset, d'Espouy,
Ernest Dubois, Laporte -Blairsy, Laugée,
Maxence, Mignon, Marcel, Petitjean, Ruffe,
Saint-André et Vital Cornu.

*** « Vingt peintres et cent chefs-d’œu-
vre » : tel est le programme de l’Exposition
que Mmo la marquise de Ganay va, comme
nous avons dit, organiser à la galerie Geor-
ges Petit au profit de la Croix-Rouge. Les
œuvres des peintres choisis sont de Dela-
croix, Decamps, Manet, Daumier, Daubignv,
Troyon, Corot, Millet, Diaz, Barye, Jongkind,
Isabey, Théodore Piousseau, Jules Dupré,Meis-
sonnier, Fromentin, Ricard, Courbet, Tas-
saert et Bonvin.

*** Jeudi dernier a eu lieu à l’Ecole des
Hautes Etudes sociales, 16, rue de la Sor-
bonne, sous la direction deM. Henry Expert,
le premier concert de la série consacrée aux
compositeurs contemporains. Les cinq autres
concerts consacrés à MM. Gabriel Fauré,
Messager, Claude Terrasse, etc., auront lieu
les jeudis suivants à 8 h. 3/4 du soir.

*** Le calvaire du Folgoët (Finistère), un
des plus anciens de Basse-Bretagne, a été
abattu par mie tempête : la lourde croix de
pierre s’est détachée du fût et s’est brisée;
heureusement le Christ est demeuré intact,
et les statuettes du piédestal n’ont pas été
endommagées.

*** Le résident général de Tunisie a inau-
guré, sous la conduite de M. Merlin, direc-
teur des antiquités, les nouvelles salles du
musée du Bardo dans lesquelles ont été ras-
semblés les objets trouvés en mer, lors des
fouilles exécutées par le service des antiqui-
tés. Ces objets proviennent de la cargaison
d’un navire naufragé au large de Mahdia,
probablement au Ier siècle avant Jésus-Christ.
Les plus remarquables sont des statuettes en
bronze, dont la Gazelle a reproduit quelques-
unes (1).

*** Le mois dernier a eu lieu, au Musée
métropolitain de New-York, l’inauguration
de la nouvelle section d’art décoratif : vingt-
cinq salles réparties sur deux étages et of-
frant, en œuvres originales ou en moulages,
un résumé des créations d’art dans les diffé-
rents pays d’Europe à tous les siècles : sculp-
tures en pierre ou en bois, meubles, tapisse-
ries, etc. du Moyen âge et de la Renaissance,
complétés par la magnifique série d’ouvrages
d’art français de Louis XIV à nos jours, pro-
venant de la collection Hoentschel.

Le Musée métropolitain a publié à cette

occasion, en supplément à son Bulletin, un
numéro spécial illustré qui donne une idée de
cette installation et de ces richesses.

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Les Achats de l’État au Salon
de la Société Nationale des Beaux-Arts

M. Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'Élat
des Beaux-Arts, a fait, la semaine dernière, au
Salon de la Société Nationale, les achats suivants
pour le compte de l’État :

PEINTURE

Lucien Simon, Le Bain ;

Léon Delacliaux, Intérieur berrichon ;

André Dauchez, Pins de Lesconil ;

Frédéric Montenard, Lieu de pèlerinage dans
le Var ;

Paul Meslé, Le Chemin creux ;

Walter Gay, Intérieur au château, de Courance;

Joseph de la Nézière, Les Derniers trains à
Maisons-Al fort (souvenir des récentes inonda-
tions).

SCULPTURE

Paul Aube, Tête de jeune fille, étude en plâtre ;

Louis de Monard, Fox-terrier retournant un
crabe, bronze à cire perdue;

Nicdirliausern-Rodo, Psyché, statuette en marbre.
objets d’art

Michel Gazin, Les Pins, grand vase en bronze;

Moreau-Nélaton, vase en grès ;

Delaherche, vase en porcelaine ;

Dammouse, coupe en pâte de verre.

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PETITES EXPOSITIONS

Société des Artistes lithographes français
(Galerie Durand-Ruel)

Si les lithographes veulent vaincre la photogra-
phie, il leur faut, alors que le procédé mécani-
que enregistre tout avec une exactitude trom-
peuse, reproduire avec discernement et tenir compte
des transpositions, des sacrifices, des accentuations
par lesquels un procédé monochrome peut exprimer
les oppositions de couleurs et donner à l’estampe une
valeur décorative que jamais n’aura la photogra-
phie, indigne de figurer sur nos murs. Une telle
compréhension de la gravure, qui fut celle des
bons burinistes français du xvne et du xvme siècle*
nécessite une solide science du dessin ; et faut-il
dire que l'on rencontre plutôt à la Société des litho-
graphes la patience et la minutie?

Aussi, au milieu de beaucoup de reproductions
noires, grises ou blanches, les œuvres de M. Willette
s’isolent-elles comme des taches de lumière. La déli-
catesse un peu mièvre de l’exécution ne compromet
jamais, chez ce maître fantaisiste, la clarté de l’en-
semble. Il est dans la tradition de Daumier (ce
classique peut-être inconscient et d’autant plus
attachant) dont quelques dessins exposés ici pour-
raient être pris comme des exemples frappants de
la lumière sobrement exprimée par le noir et le
blanc.

Cinquante œuvres de Ilervier, coins de Paris,

(1) Y. livraison de février, 1900.