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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 18 (30 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0150
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140

LA CHRONIQUE DES ARTS

« machines » affluent, on ne saurait conclure à la
persistante faveur des genres classiques. Du moins
ceux qui traitent valablement le mythe ou l’his-
toire s’emploient à en renouveler les thèmes à force
d’humanité ou d’émotion (1). N’est-il pas signalé-
tique aussi que, dans ce Salon, les études de nu pour-
vues d'intérêt, soient rai’es au point que quelques-
unes à peine hantent le souvenir (2) ? L’ordre des
sujets, la clarté des couleurs, renseignent nette-
ment sur le sens des aspirations. Un enterrement
en Bretagne, de M. P. Gourdault, Une parade de
foire, de M. Jouas, tels sont les tableaux qui
provoqueront demain le plus de commentaires.
M. Gourdault renoue délibérément avec Courbet.
S’il est le Charles Cottet de ce Salon, M. Jonas en
semble bien le Lucien Simon. En réalité, les pein-
tres d’ici vont vers la vie; ils vont vers la lumière.
Tout un groupe d’artistes (3) applique à l’exécution
d’œuvres « composées «les principes et les méthodes
de l’impressionnisme et du néo-impressionnisme.
Le plus heureux est M. Léon Félix : ses deux:
figures en plein air, l’une à demi ensoleillée, l’autre
voilée d’ombre douce, semblent ce qu’il a
donné jusqu’ici de plus subtil et de plus complet.
En même temps s’atteste de toutes parts un sens
nouveau de la vie sociale : vie élégante avec M. du
Gardier, M. Desch, M. Grandgérard; vie de travail,
exaltant le geste ouvrier à l’usine, aux champs, à
la ville, avec MM. Adler, Pagès, G. Pierre, Grau,
Jamois, Bedorez ; vie du soldat avec M. Martin Gau-
thereau; vie de misère, dramatiquement racontée
par M. Prat; humble vie du foyer dont M. Le-
clercq, M. Cauvy et M. Descude ont évoqué tour à
tour la douceur, les amusements et les alarmes...

Il n’est pas jusqu’à la bourgeoisie provinciale
qui n’ait rencontré en M. Henri Marchai son confi-
dent et son peintre. Ici la définition atteint à
l’exactitude de l'effigie. Mais est-ce simplement à
la ressemblance physionomique que doit tendre le
portrait? M. Gosson le veut paré de séductions;
le bonheur de l’arrangement, les grâces de l’har-
monie l’aident à se satisfaire. M. Jean Roque, au
rebours, répudie le charme de la couleur; il
attend tout de l’éclairage puissant, de la mise en
toile imprévue, du choix do l’attitude. Conduite
dans une gamme sombre son œuvre a grande
allure : elle annonce un maître (4).

D’autres — MM. Zo, Ilanicotte, Deutsch — pro-
fessent la curiosité des climats étrangers, s’inté-
ressent aux singularités de leurs mœurs et de leurs
costumes; d’autres s’émeuvent de la mélancolie
latente des choses et la traduisent à délices,
comme MUe M.-E. Cahun; ceux-ci encore rappor-
tent de leurs courses à travers la campagne de
probants témoignages de leur surprise ou de leur
contentement (M. Marcel Bain, M. Grosjean) ;
M. Devambez, lui, tire le meilleur de son art de sa
propre fantaisie: elle lui suggère de quoi illustrer
l’irréel et l’invraisemblable; elle l’induit à décou-
vrir des points d’observation et des perspectives

(1) MM. Lhoste, Gazes, Fouqueray, Clément
Gontier, Font, Dupas, Gannicioni, L.-F. Ullmann,
Allard l'Olivier,

(2) Mlles Delasalle ; MM. Biloul, Guillaume,
Bedorez, Albert Laurens.

(3) MM. Guillonnet, Georges Bergès, Carrera,
Leydet, Martens, Devgas.

(4) lœs portraits de MM. Fougerat, Bordes,
Léandre, Chabas, Suau, Pascau, Laparra, Ma-
thurin et Bougeard sont encore à retenir.

inutilisés avant lui. Il est la joie, disons mieux,
la consolation de ce Salon.

Pour ce quiest de l'art étranger, il convient d’isoler
tout d’abord le groupe des écoles espagnole et ita-
lienne (1), toutes deux en pleinerenaissance.il n’est
pas démontré que le Samedi à Volendam deM.Be-
nedito Vives ne soit pas, de tout ce Salon, le tableau
le mieux conçu, le mieux peint et le plus assuré
de survivre; et l’on aimera encore, pour la douce en-
veloppe de la lumière et le chatoiement argentin
des couleurs, les deux églises de Bretagne de
M. Befani (1). Ceci dit, en dehors de ces écoles
méridionales, imaginatives par tempérament, vous
ne trouverez que peu de compositions (2) dignes
d’une étude approfondie. D’où vient alors le pres-
tige de cet apport? De la qualité des portraits (3)
et des paysages (4). Un souci permanent de l’or-
donnance et du style s'y avère; on y tire volon-
tiers avantage de nos découvertes dans l’ordre tech-
nique ; mais les recherches de facture, de matière
n’absorbent pas les énergies de façon exclusive ;
chacun montre à peindre moins de hâte, moins de
fièvre, moins de surexcitation nerveuse; la part
laissée au spirituel, a l’exercice du goût et de la ré-
flexion est plus grande. Il en résulte une tenue,
d’où la gravité n’est pas absente, et qui confère à
ces ouvrages leur dignité et leur noblesse.

A la sortie de la grande salle, — qui devai t consti
tuer un « Salon d’honneur » et qui, par une
amère ironie, est devenue, selon un terme irres-
pectueux mais juste, un dépotoir,— sur le palier de
l’escalier,uu membre du jury libère sa conscience ;
« Quelle misère ! assure-t-il. C'est à n’y rien com-
prendre ! Un sentiment unanime nous portait, une
fois les opérations finies, à augurer que les ta-
bleaux reçus offraient les éléments d’un Salon,,
peut-être un peu «en menue monnaie», mais quand
même plein d’intérêt. Le déluge des admissions
d’office a tout englouti. Je ne retrouve plus les
ouvrages pour lesquels nous nous étions pris de
passion, de querelle parfois... » Il faudrait que la
sincérité de pareils aveux ne demeurât point vaine.
Et ne serait-ce pas une expérience significative,
curieuse à tenter, que de faire, à l’avenir, dans le
Salon deux parts distinctes, l’une abandonnée aux
prérogatives de l'âge et des médailles, l’autre attri-
buée aux artistes nouveaux qui y trouvèrent accès
par le seul droit de la vocation et du talent ?

B. M.

PETITES EXPOSITIONS

« International Art Union »
(Galerie des Artistes modernes)

« L'Ecole des Beaux-Arts de Paris», disait l’autre
jour le président Roosevelt aux édiles parisiens,
« est pour les étudiants américains le bois sacré où
l’on vient écouter les paroles des Muses ». Non,

(1) MM. Bucci, Brunini, Balestrieri, Caputo,
Rizzi.

(2) Le Retour du troupeau, deMlleMordstadt, les-
Trois Marie, de M. Tanner, le Maître dessina-
teur, de M. Forbes, la Statuette chinoise, de M.
Miller.

(3) MM. Ilope, Craig, Spencer Watson, Ilubbel,
Bohm, Coates, Thiele.

(4) MM. Penfield, Hughes Stanton, Spenlove,
Gorter, Streeton, Lever, Berson, Altmann.
 
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