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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 19 (7 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0156
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LA CHRONIQUE DES ARTS

aux vols commis à la cathédrale de Limoges,
dans les églises paroissiales d’Ambazac et de
Saint-Viance (Corrèze), et de Saint-Vaury
(Creuse), ainsi qu’au musée de Guéret. Trois
accusés, MM. Baudet, Chevillard et Nicolas,
antiquaires parisiens, étaient renvoyés de-
vant le jury sous l’accusation de complicité
pour receL des vols commis par Detollenaère,
dit Delaunay qui, avant de se suicider, au
moment de son arrestation, tua à coups de
revolver M. Blot, sous-chef de la Sûreté et un
de ses inspecteurs.

Baudet, Chevillard et Nicolas ont été res-
pectivement condamnés à deux ans, quinze
mois et un an de prison.

PETITES EXPOSITIONS

Exposition A. Besnard
(Pavillon de Marsan)

La faculté d’inventer semble être prééminente en
M. Besnard. Invention abondante, variée, dévastés
décors, vision qui s’élève sans efforts à la féerie
fastueusement décorative. Dans l’éloignement du
souvenir, les formes, les intentions psychologi-
ques des ouvrages s’évanouissent, mais on conserve
cî’une façon nette et jolie la perception du lieu où
la scène se passe. Nous pouvons oublier si cette
scène est une fête galante ou un épisode de la
Passion, mais nous revoyons la lumière de rêverie
qui l’éclaire. Aussi, les cartons de M. Besnard,
privés de couleurs, nous séduisent-ils moins que
la plus petite de ses aquarelles ou la plus hâtive de
ses détrempes quand le temps ne les a pas ter-
nies. Car la couleur détermine les créations de
l’artiste, et plus son rôle y reste important, comme
dans le plafond des Astres et les paysages de Sa-
voie, plus elles semblent heureusement accomplies.
M. Besnard, d’ailleurs, obéit de plus en plus com-
plètement à sa prédilection, et, dans ses récentes
décorations, les figures sont comme absorbées par
les rayons, les tourbillons et les splendeurs pris-
matiques de la couleur.

Exposition Chaplet
(Pavillon de Marsan)

Les legs de Chaplet aux Musées parisiens doi-
vent être accueillis avec joie. De leur ensemble se
dégage l’impression d'un art pondéré, médité,
d’une recherche technique visant plus à la perfec-
tion, à la splendeur, par la simplicité et la pureté
que par les effets extraordinaires. On a un peu
abusé, après lui, des coulées polychromes du
grès, des fusions qui semblent parfois des accidents
de cuisson. Lui sut la limite qu’il ne fallait point
dépasser, et ses grès blancs, mouchetés de noir,
meubleraient bien la bibliothèque recueillie d’un
philosophe.

Salon des Humoristes

La bonne manière d’apprécier les œuvres d’un
humoriste est bien de les humer en passant devant
le kiosque blindé d’illustrés. Un tourniquet, une
cimaise, un cadre, un catalogue, donnent à ces
images pour rire une importance exagérée. Bien
peu sont inédites. Mais on ne connaissait prs en-
core les toiles de M. Bac, que ses dessins calligra-

phiques n’annonçaient pas capable de peindre avec
autant de liberté des fantoches verlainiens, ni les
peintures ironiques où M. lbels parodie 1’ « école des
fauves», ni les cocasses binettes fabriquéesjd’assem-
blages breughelesques de M. Eggimann, « sculp-
teur sur éponges ». Toutes les affiches exposées
par M. Capiello n’ont pas égayé les murs pari-
siens, mais, inédites ou non, c’est plaisir de voir
ces créations jaillies si prestement — comme des
figures d’un ballet féerique — sous les projections
multicolores, et qui continuent de danser sur les
murs, malgré la colle de l’afficheur. Surprise aussi,
la frise qu’a dessinée M. Willette pour une biblio-
thèque : un cortège de marmots nés à Montmartre
de parents nobles. Une rétrospective de Grévin,
que les procédés encore imparfaits de la gillotypic
obligèrent à dessiner au trait et qui tira peut-être
de cette nécessité le meilleur de son talent, nous
montre que le caricaturiste plu second Empire
finissant fut surtout un dessinateur de modes. La
plupart des humoristes d’aujourd’hui,ne sont aussi
que les dessinateurs des modes, et la pauvreté de
leur dessin se dissimule sous leur habileté à sché-
matiser la coupe de nos vêtements. Aussi leurs
dessins se démodent-ils comme les habits et ne
reprendront-ils un intérêt que dans longtemps, a
titre de souvenirs. Même le nu, qui se multiplie
—■ avec les intentions pornographiques qui ont le
tort de manquer de la gaieté qui les assainirait —
même le nu subit l’empire de la mode, et les pe-
tites Parisiennes de M. Carlègle pourront être,
dans quelques années, facilement datées. M. Abel
Faivre — et il est le seul, M.Forain n’exposant pas
— est assez observateur pour donner parfois à ses
personnages un air de vérité hilarant. Mais combien
est apparente sa recherche d’une manière! Gomme
M. Hermann Paul, et comme M. Léandre, M. Fai-
vre est victime du journalisme et de la nécessité
d’y avoir un graphisme artificiellement personnel.

Exposition Romaine Brooks

(Galerie Durand-Iluel)

Treize toiles conçues avec une netteté, exécutées
avec une décision rares chez une femme, suffisent
à exprimer sans ambiguïté un idéal amoureuse-
ment artificiel. Mme Brooks, observe en sa préface
pénétrante M. Roger Marx, « ne se rapproche de
Glande Debussy et de Whistler que dans la limite
où elle se retrouve en eux. Le désir de la recherche
est inné chez elle et il y aurait, de sa part, affec-
tation ou contrainte à n’y pas céder ».

Ges arrangements, subtils parla qualité rare des
éléments, par la couleur et la lumière, ces por-
traits dont la vie est toute d’accents incisifs, sont,
en effet, des œuvres trop entières pour n’êfre pas
directement émanées d’une nature exceptionnelle-
ment affinée, soutenue par le talent même qu’elle
nécessitait.

Exposition Marquet
(Galerie Druet)

M. Marquet exécute des tours de force. Avec les
moyens les plus rudimentaires il donne une solide
image des éléments essentiels de ses motifs —
les quais de la Seine, de l’Elbe et de la Méditer-
ranée — et il fait mieux encore : il caractérise
leur lumière spéciale. Il possède le pins préhensif
œil de paysagiste qui soit actuellement. Si som-
maires que soient les silhouettes qu'il trace des
montagnes, des maisons, des navires, elles dési-
 
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