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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 30 (10 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0246
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236

LÀ CHRONIQUE DES ARTS

amorphes et faussement dévotes. Ce n’est pas un
cantique chrétien, mais bien l’œuvre hébraïque du
roi David. Et vraiment, tout l’Ancien Testament
est là : danses guerrières, féroces ; chants enthou-
siastes ; sentiment de la majesté suprême du Dieu
unique; foi dans son amour immense pour le
Peuple élu. Réalisée par M. Schmitt avec une maî-
trise incomparable, sans que jamais cette maîtrise
vienne à diminuer la puissance ni la sensibilité du
musicien, je crois bien que voilà une œuvre défi-
nitive et complètement réussie. M. Schmitt, comme
M. Fauré dans Prométhée, a su élargir sa ma-
nière (cela, d’ailleurs, n’est pas contraire à sa
vraie nature), et, tout en se gardant d’amollir les
traits nets et accusés du dessin, il a conservé les
grandes lignes, sans rien perdre de sa force ni de
son accent. Cela est plein de nerf, de vie ryth-
mique et de substance musicale, et je doute qu’on
y puisse trouver jamais de l’emphase et de la
boursouflure... Ces trompettes fulgurantes, ces
trombones magnifiques, étincelants et grandioses,
qui célèbrent la gloire d’Iavèh et la vicloire de
son Peuple, cette tendresse profonde et contenue,
chaste et puissante, et jusqu’à cette apothéose :
« Dieu est monté. . », dignes des plus belles pages
où le Wagner de la Tétralogie célèbre la splendeur
du Walhall, tout cela nous apparaît comme un
mélange harmonieux de la force des vieux « can-
tores » germaniques, et du raffinement de sensi-
bilité ainsi que du besoin inné d’indépendance
des musiciens français modernes. Tel, sans parti
pris d’école, libre, mais conscient de la tradition,
ce Psaume appartient vraiment à la lignée des
grands oratorios classiques...

Il y a quelques années, il fut exécuté comme
envoi de Rome, devant le public restreint qui jouit
de ces solennités, et qui n’en sut pas alors décou-
vrir toutes les beautés. Ceriains critiques, non
des moindres ! hélas, jugèrent que l’inspiration de
M. Schmitt était « trop debussysto ». A vrai dire,
on trouverait difficilement, dans l’école moderne,
une musique plus différente de celle de Pelléas\
mais aujourd’hui tout accord nouveau ou incom-
pris est qualifié « debussyste ». Jadis, pour la
même raison, Bizet fut accusé (dans Carmen),
d’avoir été trop wagnérien. Le reproche de « de-
bussysme» est le « tarte à la crème » des critiques
actuels. Us seront étonnés de leurs erreurs pas-
sées, le jour où leur oreille aura acquis un peu
plus de finesse... (1).

Dans son ensemble (2), ce concert fut d’un vif
intérêt; toutefois, il serait trop long d’en rendre
compte en détail : nous retrouverons, un jour, en
des œuvres plus importantes, les compositeurs
qu’aujourd'hut je laisse de côté. Mais je m’en
voudrais de passer sous silence l'Étude sympho-
nique de M. Delage, si musicale, si pleine de 1

(1) Ce Psaume, envoyé par M. Schmitt au con-
cours Crescent, n'y obtint pas la moindre men-
tion; mais il serait intéressant et suggestif de
l’entendre, en un même concert, avec les deux œu-
vres primées par le jury. Un jury, même réunis-
sant comme celui-là les noms illustres de MM.
Saint-Saëns, Fauré, Bruneau, d’Indy, est-il tou-
jours infaillible?

(2) Le concert fut conduit par M. D. Ingliel-
brecht, dont la direction jeune, ardente, enthou-
siaste et pleine d’autorité autant que de mouve-
ment et de profonde musicalité, mena le Psaume
de M. Schmitt à la plus incontestable victoire.

rythmes, de sonorités séduisantes, de mouvements
divers et ondoyants, et qu’anime toute la vie mul-
tiple et toute la poésie de la mer. Il eût été grand
dommage que cette œuvre ne parvînt pas jusqu’à
l’orchestre, et tel eût été son destin, pourtant, si
l’on se fût incliné devant l’arrêt de la Société na-
tionale de musique, qui l’avait refusée. Ce seul
fait montre bien quel réel besoin se faisait sentir
d’une autre Société musicale, largement et vrai-
ment indépendante, dévouée sans parti pris à
l’art contemporain : les concerts de ce printemps
ont réuni les noms les plus divers, de M. Saint-
Saëns à M. Debussy, en passant par MM. Fauré,
Enesco, Ravel, Dupont, Schmitt... Il ne reste
qu’à lui souhaiter de justifier toujours son beau
titre d’indépendante, et de prospérer, comme elle
le mérite, pour le plus grand bien et avec le plus
grand respect de la musique.

Charles Kceciilin.

-*< • X-

REVUE DES REVUES

O Le Correspondant (10 aoûl). — A propos du
Congrès d’art décoratif qui s’est tenu le mois der-
nier à Toulouse, notre collaborateur M. Alphonse
Germain montre d’après quels principes devrait
s’accomplir la rénovation tant souhaitée de nos
arts décoratifs et, en un substantiel résumé his-
torique, donne en exemple les productionsde l’école
toulousaine de sculpture depuis le Moyen âge jus-
qu’à nos jours.

P Le Mois littéraire et pittoresque (Septem-
bre). — Le Style Louis XV dans l'ameublement,
par M. Paul Iieuzé (14 fig.).

Y The Studio (juillet 1909). — Articles deM. Al.
Eddington sur le paysagiste anglais William Mc
Taggart (12 reprod., dont 1 en couleurs); — de M.
T. M. W., sur des tableaux modernes exposés aux
Grafton Galleries (9 reprod.); — sur des dessins
de jardins dus à MM. Mallows et Griggs(9 reprod.);
de M. N. Gars tin sur la Cornouaille pays de cro-
quis (14 fig., dont 1 planche en couleurs); — sui-
des sculptures de M1U Vonnoh (7 reprod.).

(N° spécial d’été). — Cet important numéro, par-
ticulièrement intéressant, intitulé Pays de croquis,.
est consacré aux contrées les plus pittoresques du
monde interprétées parles altistes. C’est un recueil
abondamment illustré de tableaux et de croquis-
inspirés aux meilleurs d’entre les peintres modernes
par le Maroc, Venise, la Hollande, Avignon, Cau-
debec, Capri, les Pyrénées, Stockholm, l’Angle-
terre, l’Ecosse et l’Irlande, etc., et, ce qui ajoute-
encore à l’intérêt de ce volume, commentées en
outre par ces mêmes artistes.

(Août). — Etudes de M. Lys Baldry sur le pein-
tre de paysage et de scènes de genre Frederick
George Cotman (13 reprod., dont 2 en couleurs) ;
— deM. H. Singer sur des eaux-fortes et lithogra-
phies de notre compatriote Forain (9 reprod ) ; —
articles sur l’exposition dite du New English Art
Club (13 reprod.); — sur l’exposition d’art appli-
qué à Stockholm (26 fig.).

(Septembre). — Articles de M. T.-Martin Wood.
sur Le Problème de la peinture moderne d'inté-
rieur (9 reprod., dont 1 en couleurs) ; — de M. K..
 
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