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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 31 (24 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0256
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LA CHRONIQUE DES ARTS

bêtes de la création, Frémiet devint un grand ani-
malier et fut digne de succéder à Barye, en 1875,
au Muséum, dans la chaire de dessin et de mode-
lage. Depuis son premier envoi au Salon, une Ga-
zelle, exposée en 1843, il n’a cessé, tout en traitant
d’autres sujets, d’étudier et de représenter les ani-
maux. Citons notamment: Y Étude de chien (1846);
La Mère Chatte (1849) ; le Cheval de halage
(1855; musée du Mans); un Ours blessé (1861);
l’admirable Chien blessé (1851) et le Pan et Our-
sons (1867) du musée du Luxembourg; de nom-
breuses études de chats, d’oiseaux, d'éléphants, etc.,
pleines d’esprit. Ajoutons-encore, au Louvre, des
Marabouts servant de supports à une table au-
trefois dans la galerie d’Apollon, aujourd’hui au Mu-
sée de la Marine (1849), et trois chapiteaux dans la
salle du Manège du Prince impérial, consacrés à
la fauconnerie, aux cerfs et aux chevaux armés
(1857-1858); Le Centaure Têrée emportant dans
son antre des ours pris dans les montagnes de
VHémus (1861) ; les Chevaux marins de la fontaine
de l’Observatoire (1870) ; le Jeune éléphant du
bassin du Trocadéro (1818) ; au Muséum, L'Homme
de l’âge de pierre (1885) ; Orangs-Outangs et
sauvage de Bornéo (1895); Dénicheur d’oursons
(1897), et le Gorille enlevant une femme qui lui
valut, en 1887, la médaille d’honneur du Salon.

En même temps il donnait, dans le domaine de
la sculpture historique, des créations remarquables
d’invention et de science. Napoléon III lui avait
commandé pour le musée de Saint-Germain le
Cavalier gaulois et le Cavalier romain, qu’on
y admire encore aujourd’hui. Quand Yiollet-le-Duc
eut entrepris la restauration de Pierrefonds, Fré-
miet fut chargé également de modeler, outre
quatre animaux (un bœuf, un aigle, un marabout
et un dragon) pour la rampe de l’escalier, la
statue équestre de Louis d'Orléans pour la cour
d’honneur et en fit un chef-d’œuvre, que suivirent
une statue équestre de Napoléon Ier, pour Gre-
noble (1868) ; Saint Grégoire de Tours, statue en
marbre pour le Panthéon; la célèbre Jeanne
d’Arc, d’une conception si neuve, qui orne la place
des Pyramides et que Frémiet eut la conscience,
à la suite des critiques suscitées par certains dé-
tails, de reprendre et de parfaire ; il en fit, en 1889,
une réplique, modifiée, pour la ville de Nancy ;
Le Grand Condé, statuette équestre en bronze
(1881 ; à Chantilly); Charles V, buste en marbre
pour la Bibliothèque Nationale (1882) ; le Porte-
falot à cheval de l’Hôtel de Ville de Paris (1883) ;
la statuette du Chevalier croisé; le Velâzquez à
cheval placé dans le jardin de l’Infante au Louvre
(1890); l’admirable Saint Georges transperçant le
dragon (1891) ; Le Connétable de Clisson, bas-
relief (1892) ; Lsabeau de Bavière, statuette équestre
(1892) ; le monument de Raffet placé devant le
Louvre; la statue de Meissonier érigée à Poissy
(1894) ; le Saint Michel destiné à la flèche de l’église
du Mont-Saint-Michel; la statue colossale de Fer-
dinand de Lesseps pour l’entrée du canal de Suez
(1899) ; la statue équestre de Duguesclin pour la
ville de Dinan (1902) ; François /or, statuette
équestre en bronze (1904), etc. Sa verte vieillesse
ne connut pas le repos ; en 1906 il exposait encore
une belle statue, pleine de robustesse et de vérité
familière, de Rude. Original, vigoureux, à la fois
réaliste et poète, Frémiet a été un des plus grands
sculpteurs du xix8 siècle.

Frémiet obtint successivement les récompenses

et distinctions suivantes : médailles de 3e classe en
1849, de 2e classe en 1851, de bronze à l’Exposition
Universelle de 1855 ; la croix de chevalier de, la
Légion d’honneur en 1860 ; une médaille d’argent à
l’Exposition Universelle de 1867 ; la rosette d’officier
de la Légion d’honneur en 1878 ; la médaille d’hon-
neur en 1887 ; hors concours à l’Exposition rde
1889 ; membre de l’Institut en 1892 ; commandeur
de la Légion d’honneur en 1896 ; grand'croix en
1900, en même temps qu’il obtenait un grand-prix
à l’Exposition Universelle (1).

Nous avons le regret d’apprendre la mort de
M. Auguste Raffet, conservateur adjoint au dé-
partement des Estampes de la Bibliothèque Natio-
nale, décédé le 11 septembre, à l’âge de soixanteœt
onze ans. Il était le fils du grand peintre Raffet.

Le peintre de paysages et de sujets de genre
Valton est mort au commencement de ce mois. Il
était président honoraire de la Société des Artistes
indépendants, qu’il avait dirigée comme président
effectif pendant vingt- cinq ans avec habileté et dé-
vouement.

Cette Société vient d’être, en outre, éprouvée par
la mort d’un autre collaborateur de Valton et l’un
des fondateurs des Indépendants, Davrigny.

Le dernier survivant des Préraphaélites anglais,
le peintre William Holman Hunt, est mort à Lon-
dres le 7 septembre. Il était né le 2 avril 1827 et
avait exposé pour la première fois à Londres en
1846. Ses premières œuvres furent des composi-
tions d’après des romans ou des poèmes célèbres
de l’époque, par exemple, la Fuite de Madeleine et
de Porphyro (1848), tiré d’un poème de Keats. En
1848, avec Millais et Rossetti, il fonda la Confrérie
des Préraphaélites, qui se donnait pour modèles les
peintres primitifs avec leur sincérité de sentiment,
leur conscience dans l’observation et le rendu de la
nature, et il peignit alors des toiles comme Valentin
délivrant Sylvia, et Claudio et Isabelle, tirées de
Shakespeare ; Le Réveil de la Conscience (1853) ;
mais son inspiration prit bientôt un caractère net-
tement religieux et mystique, et en 1854, il exposait
dans cette manière le célèbre tableau, La Lumière
du Monde (montré de nouveau à l’Exposition Uni-
verselle de Paris en 1855, et actuellement au Ke-
ble College, à Oxford), qui lui valut de la part de
Ruskin une série de lettres admiratives dans le
Times et fonda sa renommée. Il créa successive-
ment, dansle même esprit, Le Christ retrouvé dans
le Temple (1860); L’Ombre de la Mort (1873, au-
jourd’hui au musée de Manchester); Le Triomphe
des Lnnocents (à Liverpool). Ces œuvres allient un
sentiment évangélique et mystique au réalisme le
plus exact et à l’exécution la plus finie. Il avait
passé plusieurs années en Egypte et en Palestine
pour y étudier le décor nécessaire à ses toiles re-
ligieuses et s’y mieux imprégner de l’esprit chré-
tien dont il voulait les animer. Vers la fin de sa
vie, en 1905, il avait publié sur les débuts de l’école
préraphaélite un livre de souvenirs : Pre-Raphae-

(Fl Consulter, pour plus de détails, la péné-
trante étude qu’a consacrée à Frémiet, en 1898,
dans la Gazette des Beaux-Arts (livraisons de
juin et de juillet), M. Etienne Bricon.
 
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