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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 32 (8 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0261
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ET DE LA CURIOSITÉ

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ral, 56, avenue Jef-Lambaux, à Bruxelles, et
au bureau permanent du Congrès, Palais du
Cinquantenaire, où la Revue internationale
cl'Art public a organisé à l’occasion de l’Ex-
position universelle une exposition documen-
taire concernant les principes et le but de
l’œuvre.

*** Le Bain de Diane, tableau de Rubens,
qui se trouve à l’exposition de l’art belge du
xvne siècle à Bruxelles, vient d’être acquis
par un collectionneur américain pour la
somme d’un million de francs. Ce tableau
faisait partie jusqu’à présent de la collection
Schubart, de Munich.

Le Vernissage du Salon d’Automne

En cette année paradoxale, où les saisons s’in-
tervertissent volontiers, le dernier en date des
Salons revêt une physionomie toute printanière.
D’emblée on s’est accordé à le reconnaître pourvu
d’une vie jeune et intense, riche en signification et
en visées généreuses. Les peintres du Salon d’au-
tomne ont fourni, au terme de cette première dé-
cade, le spectacle inaccoutumé de la modestie et
de l’abnégation. Pour laisser plus de place aux
décorateurs, ils ont accepté de réduire à deux
tableaux l’effectif de leurs envois. Loin de por-
ter préjudice à l’exposition, cette contrainte ne
l’a-t-elle pas plutôt servie ? L’ensemble montre
plus de diversité; obligés de se résumer, les
artistes ont incliné à choisir les moins futiles
d’entre leurs ouvrages; ils se sont dérobés par là
au reproche, maintes fois formulé, de manquer
d’exigences envers eux-mêmes; sous un autre
rapport, l’orientation des tendances se devine plus
aisément à la faveur d’œuvres mûries et plus com-
plètes.

Le Salon d’automne reste le gardien fidèle des
mémoires chères. Il honore ceux qui vinrent à lui
pleins d’espoir, pleins d’entrain et tombèrent,
sur la route, avant l’heure, tels Trigoulet et Edmond
Lempereur, dont la fine personnalité se dégage à
travers le deuil de cette réunion posthume. Il ins-
titue l’exposition récapitulative d’un disparu glo-
rieux, Frédéric Bazille, mort à l’ennemi en 1870 :
artiste hors du commun, l’un des précurseurs de
la peinture de plein air, que la Gentennale de 1900
avait remis en lumière et dont la Gazette voudra
quelque jour fixer le souvenir. Son art et sa
sensibilité demeurent, après quarante ans, tout
proches de nous. Il a eu le pressentiment de nos
aspirations. Plus d’un artiste d’aujourd’hui s’af-
filie à Bazille et se retrouve en lui.

On constate, chez les peintres de notoriété ré-
cente, un retour à la composition (1) qui ne cause
ni déplaisir, ni surprise. Us renouent délibé-
rément avec la tradition. Leurs moyens d’ex-
pression, révolutionnaires en apparence, peu-
vent de prime abord égarer le jugement; à
l’examen, nul doute ne subsiste sur le sens de
leurs intentions. U y a là, selon la loi historique
de succession des écoles, une réaction évidente

(1) Ce parti n’est pas moins évident chez des
débutants comme MM. Blanchet, Dusouchet,
Lombard, Georget, Genin et M1 * * * 5*9 Bernouard.

contre la spontanéité impulsive de l’impression-
nisme. « Vous improvisiez, diraient volontiers à
leurs aînés M. Marinot, M. Othon Friesz et d’autres
encore ; nous préméditons. La nature vous pa-
raissait intéressante à copier, sous n’importe quel
angle ; elle n’est pour nous que le dictionnaire
dont parle Eugène Delacroix ; nous la consultons,
nous y choisissons des éléments qui s’utilisent et
s’ordonnent à la volonté de notre conception pro-
pre. Tout doit être soumis au contrôle du goût,
aux déductions du raisonnement et aux calculs de
l’esprit. »

Les historiens établiront sous quelles formes
diverses et par quelles transitions logiques ces
variations ont pu se produire. Ils en suivront le
début à travers l’œuvre de Puvis de Ghavannes et
de Paul Gauguin. Ils observeront comment de
M. Maurice Denis à M. Henri Matisse le groupe
des Symbolistes et la classe des élèves de Moreau
ont acheminé la peinture vers ses destinées pré-
sentes. Au Salon même, plus d’une remarque ap-
porterait sa contribution utile à leur étude. Des
peintres de tempérament — MM. van Dongen,
Fergusson, Fornerod — exclusivement préoccupés
par la tache, le beau ton et la qualité de la ma-
tière, ne se rencontrent guère ici qu’à l’état d’excep-
tion. Pour M. Lebasque, M. Manguin, M. Dufres-
noy, M. Hermann Paul, M. Duchamp même, il
importe autant de signifier par la ligne que
d’exprimer par la couleur. Si nous convoitons
pour M. Chabaud et M. Verdilhan le champ de
vastes pai'ois, n’est-ce pas afin que leur inven-
tion fertile et leur don réel de la mise en scène
aient la liberté de se déployer tout à l’aise? Je
sais ; les genres de vérité ne sont pas honnis ;
l’exposition a, selon la noi’me, ses paysagistes (1),
ses peintres de nature morte (2) et de nu (3) ; elle
a ses peintres d’intimité (4) et de portraits (5),
étrangers pour la plupart ; mais, qu’ils soient si-
gnés de M. Yiani (l'Epidémie) ou de M. Girieud
(.Baigneuses) ; de M. Desvallières (Le Christ fla-
gellé) ou de M. Vuillard (La Porte du jardin) :
de M. Yallotton (Persée) ou de M. Laprade {Le
Vieux port), ce sont des ouvrages ordonnancés à
loisir, qui confèrent à l’ensemble sa physiono-
mie saillante, et ce Salon n’est pas moins celui
de la décoration peinte que celui de la parure
mobilière.

Aussi bien faut-il ne pas s’en tenir aux dési-
gnations du catalogue, ni même au mode de pré-
sentation adopté. Tel ouvrage, de caractère
franchement ornemental, se trouve confondu avec
les tableaux, en dépit de l’évidence et de la raison :
ainsi, le paravent de M. René Piot, somptueux,
chatoyant et diapré comme un émail; ainsi, la frise
de Mme Ghauchet-Guilleré (pour juger de son effet
la latitude d’un plus lointain recul eût été néces-
saire); ainsi, le portrait sur fond d’or qui suffirait
à révéler l’atavisme oriental de M. Manzana-Pis-

(1) MM. Lacoste, P.-L. Moreau, La Ahlléon,
Yolot, Camoin, de Vlamynck, Chénard-TIuché,
Urbain, Claude Rameau, Léon Lehmann, Charmy,
Bréal, Roustan, Ghapuy, Oberteuffer, Ozenfant de

Klingberg. — (2) Mme Devolvé-Carrière, MM. Dé-
ziré, Ottmann, Klingsor, H. von Bulovv. — (3)
MM. Charles Guérin, Baignères, Yoguet, Simon

Bussy, Mlle Yaladon. — (4) M1U Beveridge, MM.

Borgeaud, Durenne, Renaudot, Ethel Sands. —

(5) MUe Delasalle, MM. Gottlieb, Alcorta, Spiro.
 
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