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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 37 (10 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0301
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ET DE LA CURIOSITÉ

291

Le Rapport sur le Budget des Beaux-Arts

Le rapport rédigé par M. Paul-Boncour sur le
budget des Beaux-Arts est exceptionnellement volu-
mineux. On y trouve une foule de documents et
aussi une part assez importante de projets nou-
veaux dont quelques-uns pourront peut-être être
examinés par la Chambre au moment de la discus-
sion. Il est impossible de donner même un résumé
de ce travail, qui touche à peu près à toutes les
questions ressortissant au sous-secrétariat des
Beaux-Arts. On se bornera donc ici à signaler les
problèmes posés depuis longtemps, et dont la so-
lution pourtant urgente a toujours été ajournée.

Et d’abord la sécurité du Louvre. Le rapporteur
constate la lenteur du déménagement, décidé en
principe, du ministère des Colonies et examine les
raisons qui retardent encore le transfert complet
des bureaux dans les locaux coûteusement aména-
gés de la rue Oudinot.

L’Ecole des Arts décoratifs est l'occasion d’ob-
servations très justes et qu’on ne saurait trop ap-
prouver. La Chronique a signalé maintes fois
l’insuffisance scandaleuse des bâtiments de l’École
des Arts décoratifs. Le rapporteur souhaite que
cette école si importante pour l’avenir de notre art
ornemental et le développement des industries dé-
coratives trouve le plus promptement possible un
asile digne cl’elle.

En ce qui concerne le Mont Saint-Michel, sujet
bien connu de nos lecteurs, le rapporteur demande
que la digue du Mont soit enfin supprimée. On
sait que depuis longtemps l’administration des
Beaux-Arts est sollicitée de prendre ce parti et
qu’elle s’y est refusée pour des raisons qui se rap-
portent beaucoup plus aux intérêts de Sociétés d’in-
dustriels et d’ingénieurs qu’à ceux de l’art. Cette
fois, on peut espérer, d’après le rapport, que la
question sera discutée à fond. Le Mont Saint-Mi-
chel sera sauvé ou définitivement sacrifié.

Le rapporteur s’inquiète ensuite du sort des
paysages et des sites historiques, trop souvent
défigurés par l’abus de l’affichage et de la publi-
cité. Il rappelle ce qui a été fait pour améliorer
la situation toujours précaire des places publiques
des campagnes. Il souhaite même que la publicité
puisse, être enrayée. En réalité, elle *peut l’être
dans une certaine mesure par une loi récente qui
permet de déterminer autour des monuments classés
un périmètre interdit à l’affichage. Le rapporteur
ne fait pas allusion à cette loi, peut-être parce
qu’elle ne lui paraît pas suffisamment efficace.

Enfin, il faut relever, dans le rapport, le texte
d’un projet de loi déposé sur le bureau de la Cham-
bre et qui modifierait la loi de 1837 sur les monu-
ments historiques. D’après ce nouveau texte, un
monument pourra être classé, même en cas de
refus du propriétaire, et cependant sans expro-
priation. Il serait frappé d'une servitude, moyen-
nant indemnité fixée par le tribunal. Quant aux
objets d’arts classés, ils seront déclarés inaliéna-
bles, et leur exportation sera interdite. La me-
sure s’appliquerait non seulement aux objets con-
tenus dans les édifices publics, mais même aux
objets appartenant à des particuliers. Plusieurs
des dispositions de cette loi ont été souvent récla-
mées ici même. On aura l’occasion d’y revenir au
moment de la discussion. I

PETITES EXPOSITIONS

« La Comédie Humaine »
Exposition Yitelleschi
(Galerie Georges Petit)

Trois salles : au fond de l’une, un grand tableau,
un nu grandeur nature, de M. Abel Faivre, un
nu terrifiant ; des pastels du même auteur, ct’une
grâce un peu factice ; de petites figures peintes
d’une couleur un peu bouchée, malgré sa vivacité
apparente. En face, des Steinlen: un beau tableau
d’une couleur forte et soutenue, avec la vérité des
gestes propre à cet auteur et où chaque membre a
son poids, tandis que chaque levier fait son juste
effort. De beaux dessins du même auteur. Des
aquarelles de M. Sem, des Devambez, des gouaches
claires et spirituelles deM. Brunelleschi, d’intéres-
santes études de fillettes de M. Gosé, des foules
assez mouvantes de M. Lefort, des envois aimables,
adroits et amusants de valeur de M. Marcel
Clément, de très remarquables petits tableaux de
M. Pfeffermann-Pann. Dans l’ensemble, souvent
plus d’esprit que de dons de peintre : et, comme
toujours, des imitations, des types, des poncifs,
de la facilité.

A la même galerie, M. Yitelleschi expose des
aquarelles de Rome, où le motif est parfois très
beau et où l’exécution, sans qualités exception-
nelles, n’est pas sans mérite.

Exposition Zoir
(Galerie Allard)

Il y a, de cet artiste suédois, de belles gravures
mouvementées et pathétiques. Sa peinture a de la
force et du sentiment, avec une couleur sombre et
dont la qualité, en étant intéressante, n’est pas tou-
jours très picturale. Ce sont la plupart du temps
des figures de pauvres gens, à Bruges et en Suède,
des crépuscules obscurs éclairés d’un accent de
couleur forte.

Bijoux de M. Paul Irribe
(Chez M. Robert Linzeler)

M. Paul Irribe, dont on connaît les dessins
curieusement stylisés, a dessiné d’admirables
bijoux. La simplicité, la beauté de lignes à la fois
souples et géométriques, l’emploi et le sens des
matières et des gemmes, une sobriété qui élimine
tous les colifichets, la richesse orientale enfermée
dans un style strict, en voilà, le principal carac-
tère. Des diadèmes, dont l’un rayonne autour d’un
très beau diamant, des agrafes de coiffure sertis-
sant une émeraude gravée, des bagues, des bou-
cles, des flacons, un miroir, sont disposés autour
d’une vaste salle. Les artistes goûteront très par-
ticulièrement la délicatesse de certains rapports
de volume et les inflexions de forme où chaque
perle, par son aspect et sa dimension, agit réelle-
ment en élément décoratif.

Exposition Léandre
(International Gallery)

M. Léandre a rassemblé des œuvres où l’on
reconnaît son double talent de dessinateur et de
peintre. A côté de ces charges si solides et si pous-
sées, il a des portraits où la même science s’allie
à la plus agréable délicatesse d’exécution.

Henry Bidou.
 
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