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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 38 (17 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0310
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LA CHRONIQUE DES ARTS

CHRONIQUE MUSICALE

Théâtre National de l’Opéra-Comique : Macbeth,
drame lyrique en sept tableaux, de M. Ed. Fleg,
d’après Shakespeare, musique de M. Ernest
Bloch.

La musique de M. Bloch est-elle aussi anarchiste,
aussi dure, aussi uniformément sombre qu’on a
bien voulu le dire ? En vérité, je ne le crois pas...

Qu’il s’y trouve parfois des redites, que le plan
des sonorités ou des développements ne soit pas
toujours très parfait ni très net, c’est possible ;
mais on ne peut refuser de voir en Macbeth une
grande sincérité, une juste diction, un puissant
mouvement dramatique, et, ce qui est beaucoup
plus précieux encore, de la musique, de l’émotion,
de l’humanité. Sans doute, cela n’est point d’un
art « méditerranéen » ; il n’y faut pas chercher la
pureté classique de M. Debussy, la netteté concise
de M. Ravel, le charme profond de M. Fauré.
Cependant, ira-t-on reprocher à Shakespeare de
n’être pas assez « racinien »? à la musique de M.
Bloch, de s’harmoniser au texte du drame? Œuvre
d’un débutant, soit; mais d’un débutant qui sait
ce qu’il veut, et qui peut l’exprimer. Lui faire un
grief de la liberté (1) avec laquelle il écrit et en?
chaîne les accords ? Cette liberté est la plus néces-
saire et la plus précieuse de toutes celles qu’il faut
à l’artiste. Les règles ? Gluck — si classique au-
jourd’hui — avouait les sacrifier toujours, lorsque
cela lui semblait nécessaire. (D'ailleurs, ces règles,
variables avec les époques, sont perpétuellement
contredites par les chefs-d’œuvre.) Les « duretés »?
De Rameau à Wagner, la plupart des maîtres fu-
rent accusés de « déchirer les oreilles ». La plus
belle trouvaille, en cet ordre d’idées, me semble
être certain article sur Pelléas et Mélisande (arti-
cle dont l’auteur est un des « princes » de la criti-
que) où l’orchestre de M. Debussy est qualifié de
« vilain petit bruit »...

M. Bloch, on le voit, est en bonne compagnie.
Quoi qu’il en soit, si Macbeth n’est pas une œuvre
parfaite, si l’on peut y trouvor quelques longueurs,
quelques inégalités, c’est une œuvre tout de même,
et qui me semble très digne de rester. M. Bloch a
une belle carrière devant lui, s’il sait à la fois voir
ses défauts et avoir confiance dans ses qualités.
Plus de concision, plus de netteté de vues, plus
d’imagination en ce qui concerne les thèmes et les
rythmes, on peut lui souhaiter tout cela; mais il
ne renoncera point, je pense, à cette liberté qui lui
a permis de s’exprimer avec force, avec émotion,
et par quoi son inspiration pourra continuer, tou-
jours plus abondante, à jaillir de son cerveau, ou
pour mieux dire, de son cœur.

Charles Kœchlin.

- -

REVUE DES REVUES

— Burlington Magazine (Janvier 1908).— Edi-
torial : Le palais de Westminster (3” article).

— Récentes acquisitions faites dans la galerie
Rodolphe Kannpar Mrs.C.-P. Huntington: étude 1

(1) Liberté, d’ailleurs, qui n’est point exempte
de raison, de sensibilité et de musicalité.

de G.-J. Holmes. Il s’agit de deux bons portraits
de Frans Hais, de deux œuvres très remarquables
de la dernière période de Rembrandt : un Por-
trait d’Hendrichje Stoffels et un Homme de let-
tres avec le buste d'Homère; puis une Vierge
avec l'Enfant, attribuée à Rogier van der Weyden
(5 planches).

— Étude anonyme sur les objets de mobilier
français et les vases chinois de la même collection
R. Kann (10 pl.).

— Étude sur les peintures espagnoles acquises
de la même collection, par M. Archer M. Hun-
tington (reprod. d’un portrait du Greco et d’un de
Goya).

— Lionel Cust, Les Peintures des collections
royales (1er article). L’auteur étudie le grand por-
trait de La Famille de Charles I8r, par A. van Dyck,
du château de Windsor (article terminé dans le
fascicule suivant).

— M. L. Solon, La Porcelaine de Sèvres dans
les collections royales.

— Dr A. Koester, Deux chefs-d'œuvre de la
sculpture grecque : une cop’e mutilée du Disco-
bole de Myron, et une Niobé, presque intacte,
récemment excavées en Italie.

— Eiic R.-D. Maclagan, Hubert et Jean van
Eyck. L’auteur analyse le grand et admirable ou-
vrage de M. James Weale sur les deux créateurs
de la peinture flamande.

(Février). — Claude Phillips, La Famille t\al-
ker-IIeneage, par Joshua Reynolds (3 pl.).

— Anonyme, La Galerie d’art moderne de Du-
blin (3 pl.).

— Campbell Dodgson, Un Alphabet par Jlans
Weiditz (2 pl.),

— A.-II. Churcli, Les Premiers grès anglais.

— Herbert Cook, Pacheco, le maître de Velâz-
quez. Mettant côte à côte le Portrait d'un cheva-
lier, par Pacheco, signé et daté 1626, et le Por-
trait de Quevedo, par Velâzquez, l’auteur insiste
sur l’influence que Pacheco doit avoir eue sur son
grand élève. Comparant la Rencontre de Joachim
et de sainte Anne, du musée de Budapest, avec
Y Adoration des bergers de la National Gallery,
longtemps considérée comme une œuvre de la jeu-
nesse de Velâzquez, puis, récemment, comme un
Zurbaran, M. II. Cook croit certain que ce dernier
ouvi’age est bien un Pacheco (2 pl.).

— Deux peintures de la collection Ashburton.
Ce sont : une Chasse, par Rubens, et Quatre
Saints, parle Corrège (2 pl.).

— A. Edith Hewet, Un portrait d’Éléonore
d'Espagne attribué à Jean Clouet. L’auteur publie
deux portraits de cette princesse, l’un appartenant
à la collection de lord Roden, à Tullymore Parle,
l’autre à Hampton Co urt. L’auteur cite l’opinion de
M. Ilofstede de Groot, qui pense que le portrait de
Tullymore Park, le meilleur des deux, est un Ma-
buse (1 pl.).

— James Weale, La « Passion » du musée de
Turin, par Memling. L’auteur donne les raisons
documentaires qui lui permettent d'affirmer, mal-
gré les doutes émis, que ce tableau est bien celui
qui fut peint par Memling en 1478-1480, sur la
commande de Guillaume Vredelant,ou Vrelant,fils
de Jacques Vrelant, pour la gilde de3 libraires.

— James Weale, Le Catalogue des peintures de
la National Gallery. En vue de la rédaction d'un
nouveau catalogue, l’auteur propose que les indi-
cations de sujets des tableaux soient toujours clai-
 
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