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La chronique des arts et de la curiosité — 1910

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Nr. 40 (31 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19767#0327
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ET DE LA CURIOSITÉ

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de hauteur sur à peu près autant de largeur. Ce
sont donc « deux petits tableaux ». Le fond en est
d’un bleu éclatant. Les cadres en cuivre émaillé
bleu sont surchargés de rinceaux à feuillages d’or
de la même époque que les portraits. Il ne nous
reste plus qu’à dire ce que sont devenus ces deux
beaux émaux.

Mlle Roullet, unique héritière du premier prési-
dent son père, se décida, à la fin de sa vie, à les
vendre; mais ses prétentions trop élevées écartè-
rent les amateurs. Quelque temps seulement après
sa mort, ils furent achetés par M. S. Stein, le
riche collectionneur de la rue de Richelieu, que tout
Paris a connu. A sa vente, ils furent adjugés au
milliardaire américain Pierpont Morgan, qui les a
exposés au musée de South Kensington, à Lon-
dres, en attendant leur départ pour l’Amérique.

Quels sont maintenant les deux personnages re-
présentés ? A ce sujet, la généalogie authentique
de la maison de Chabot-Jarnac, récemment réédi-
tée dans le nobiliaire du Poitou (1), va nous four-
nir quelques indications utiles.

Guy Chabot, seigneur et baron de Jarnac, fils de
Charles et de Jeanne de Saint-Gelais, paraît être
né au commencement du xvie siècle (aucune date
positive n’est donnée à cet égard dans ladite gé-
néalogie). Il remplaça son père comme gouverneur
de La Rochelle et du pays d’Aunis. Peu après la
visite d’Hubert Goltz à Amboise en 1560, il se
convertit aux idées nouvelles : nous le voyons,
en 1561, faire enlever de l’église de Jarnac toutes
les images, la convertir en temple et, en présence
d’une nombreuse assistance, y célébrer la Cène.
Il en usa de même à La Rochelle, mais, chose
extraordinaire par ces tristes temps de guerres
civiles et religieuses, il refusa toujours, malgré
les nombreuses instances du prince de Condé et
du comte de La Rochefoucauld, à la famille duquel
il était allié, de livrer la ville de La Rochelle au
parti protestant. Cette exception fait honneur au
caractère de Jarnac. Il était resté dans une telle
estime auprès de la cour, que nous voyons Cathe-
rine de Médicis, dans ses nombreux voyages en
Guyenne pour rétablir l’accord entre sa tille, la
célèbre reine Margot, et son mari le roi de Na-
varre plus tard Henri IY, venir deux fois, en 1580,
recevoir l’hospitalité au château de Jarnac.

Comme l’affirme Hubert Goltz ' dans son
livre de la Vie de César, parmi tous les grands
seigneurs fixés à la cour de France à Am-
boise. Guy Chabot tenait le premier rang. L’écri-
vain flamand avait dû admirer dans son cabinet le
portrait de la charmante reine de France, alors
régnante, Marie Stuart, le tableau représentant
le fameux duel avec La Châtaigneraie, et autres
pièces qu’on retrouve dans l’inventaire de 1762.

Quoi donc d’extraordinaire de voir ce grand sei-
gneur, passionné pour les belles choses, faire exé-
cuter son propre portrait par un émailleur en
renom, comme avaient fait, à la même époque, le
connétable Anne de Montmorency, le duc de Guise
et autres personnages ?

Si nous pouvons être affirmatif pour le portrait
de l’homme, nous le serons moins pour celui de la
femme. Guy Chabot avait épousé, le 29 février

(1) Dictionnaire historique et généalogique des
familles du Poitou, par MM. Beauchet-Filleau et
feu Ch. de Chergé. Poitiers, irnp. Oudin et Cia,
tome II, p. 187 et suiv.

1540, Louise de Pisseleu, fille de Guillaume, sei-
gneur de Heilly, probablement nièce ou, au moins,
proche parente de la célèbre duchesse d’Etampes,
la favorite de François Ier.

A quel moment Guy Chabot fit-il exécuter ce
portrait sur émail, dû certainement à la main
d’un maître, peut-être à celle de Léonard Limosin
lui-même ? D’après l’âge que paraît donner cette
effigie, nous serions disposé à penser que ce fut
vers 1550.

H. de Montégut.

REVUE DES REVUES

V Revue de Paris (1er et 15 décembre). — On
trouve dans ces deux numéros d’intéressantes let-
tres d’artistes: une correspondance d’Ernest Hébert
avec son maître Paul Delaroche, qui va de 1841,
époque où le jeune artiste était pensionnaire de
l’Académie de France à Rome, à 1856, date de la
mort de celui qui avait été son professeur et était
resté son ami ; — puis des lettres écrites par
Puvis de Ghavannes à son ami le peintre Léon
Belly et à la mère de ce dernier, de 1861 à 1874,
lettres publiées et commentées par M. C. de
Mandach et où l’on suit, bien que par intermit-
tences, la vie et la pensée du grand artiste depuis
la Paix et la Guerre jusqu’à l'Enfance de sainte
Geneviève.

X Les Arts (décembre). — Fascicule spéciale-
ment consacré à la belle exposition des arts mu-
sulmans qui eut lieu cet été à Munich (1) : étude
de M. Gaston Migeon, accompagnée de 56 belles
reproductions.

A Jahrbuch der koeniglich Preuzsischen
Kunstsammlungen (1908, lre livraison).— Etudes
sur Pesellino et Botticelli, par M. Werner Weis-
bach (1 pl. et 5 fig.). L’auteur attribue à Pesellino
une petite Crucifixion du musée de Berlin, acquise
assez récemment, et en rapproche une Trinité de
la National Gallery de Londres. Dans un second
chapitre, M. Weisbach recherche les sources
d'inspiration du Printemps de Botticelli, ce qui
lui permet de s’étendre sur ce qu’il appelle « die
antikisierende Bomantik ». Quelques comparai-
sons curieuses sont à noter avec les fresques de la
villa Lemmi, conservées au Musée du Louvre.

— Deux œuvres inédites de Veit Stoss dans
des églises florentines, par M. Hermann Voss
(3pl. et3fig.). Il,s’agit d’un Saint Roch (à S. Maria
Annunziata) et d’un admirable Christ en croix
(Ognissanti) en bois. La ressemblance de ce der-
nier avec le Crucifix du Musée germanique de
Nuremberg, provenant de l'église de l’Hôpital, est
très probante.

— Petits bronzes des fils de Peler Vischer le
vieux, par M. Wilhelm Bode (16 fig.). A Peter
Vischer le jeune on peut attribuer deux encr.ers
de l’Ashmolean Muséum d’Oxford, deux plaquettes
représentant Orphée et Eurydice (col. Gus-
tave Dreyfus, à Paris, et musée de Berlin) ; une
figure de femme nue du musée de Copenhague.
De cet artiste, nous possédons un curieux dessin

(1) V. Gazette des Beaux-Arts, septembre 1910.
 
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