K# 3. - 1911. BUREAUX : io6, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6*) 21 Janvier.
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
I_e ZST-uméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
e ministre de l'Instruction publi-
que et des Beaux-Arts vient d'a-
dresser aux préfets une impor-
tante circulaire relative à l'appli-
cation de la loi sur la protection des paysages.
Cette circulaire, que nous reproduirons pro-
chainement, vient à son heure. Le ministre, en
prenant l'initiative de rappeler à ses agents
la nécessité de faire respecter les sites artis-
tiques, répond certainement au vœu du lé-
gislateur et au désir du public. Deux lois,
en effet, ont été votées, Tune en 1906, l'autre
en 1910, après bien des campagnes de presse
et bien des discussions : elles ont eu pour
objet, la première de faire accorder par des
commissions compétentes le bénéfice du clas-
sement aux sites et paysages, la seconde de
garantir tout ce qui a un caractère historique
-ou artistique contre les abus et les détériora-
tions de l'affichage. Elles ont été promulguées
aux applaudissements de tous ceux qui ont
à cœur la beauté de leur pays. Elles étaient
nécessaires; elles devraient être suffisantes.
Mais tout le monde sait qu'elles sont mol-
lement appliquées ou même tout à fait négli-
gées. C'est contre cette méconnaissace de la
loi que le ministre s'élève en termes très
nets. Les commissions qui ont pour devoir
de classer existent ; mais on oublie de les
-convoquer. Elles prennent, quand elles se
réunissent, d'utiles décisions ; mais on ne
les respecte pas toujours. Ces oublis et ces
abus, dont Paris même souffre, sont égale-
ment intolérables : la circulaire ministérielle
veut faire passer dans la réalité les disposi-
tions incluses dans les textes législatifs : elle
apprendra ou rappellera aux préfets qu'il
leur appartient de convoquer les commis-
sions départementales, de collaborer avec
elles, de faciliter sans cesse leur tâche, qui
est d'intérêt public. Le ministre indique
même que, loin de réduire le rôle de ces com-
missions, il souhaite de l'étendre. Il verrait
volontiers ces commissions consultées par
les ingénieurs, les industriels, les entrepre-
neurs afin d'éviter des difficultés ultérieures.
C'est un projet qu'on ne peut qu'approuver.
Mais, sans attendre que ces bonnes habitudes
soient entrées dans les mœurs, on peut veil-
ler tout de suite à ce que les dispositions
déjà inscrites dans les lois soient exactement
comprises et consciencieusement respectées.
Le ministre insiste en particulier sur les
infractions à la loi réglementant l'affichage ;
il ne cache pas qu'il a été saisi de justes
doléances relatives à l'abus de la publicité.
Jamais la réclame n'a été si universelle ni si
audacieuse. Elle est libre assurément et c'est
une forme nouvelle de la concurrence qui est
légitime. Mais il y a un cas tout de même où
l'invasion des affiches, enseignes ou placards
doit trouver une résistance héroïque. C'est
lorsqu'elle menace des monuments publics,
des paysages célèbres, des sites consacrés.
Le respect de la liberté commerciale et de la
propriété privée assure à la- réclame une
assez belle activité pour qu'elle puisse s'in-
cliner devant la nécessité de sauvegarder les
beautés naturelles de notre pays. La loi de
1910 tient compte précisément de tous les
intérêts en France. Il-faut qu'elle soit obôie,
et le ministre a sagement fait en redisant,
par une circulaire précise et rigoureuse,
quelle en est la lettre et quel en est l'esprit.
NOUVELLES
**# Le Louvre exposera prochainement
dans ses salles de sculpture un petit marbre
de Pigalle, pendant du célèbre Enfant à la
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I_e ZST-uméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
e ministre de l'Instruction publi-
que et des Beaux-Arts vient d'a-
dresser aux préfets une impor-
tante circulaire relative à l'appli-
cation de la loi sur la protection des paysages.
Cette circulaire, que nous reproduirons pro-
chainement, vient à son heure. Le ministre, en
prenant l'initiative de rappeler à ses agents
la nécessité de faire respecter les sites artis-
tiques, répond certainement au vœu du lé-
gislateur et au désir du public. Deux lois,
en effet, ont été votées, Tune en 1906, l'autre
en 1910, après bien des campagnes de presse
et bien des discussions : elles ont eu pour
objet, la première de faire accorder par des
commissions compétentes le bénéfice du clas-
sement aux sites et paysages, la seconde de
garantir tout ce qui a un caractère historique
-ou artistique contre les abus et les détériora-
tions de l'affichage. Elles ont été promulguées
aux applaudissements de tous ceux qui ont
à cœur la beauté de leur pays. Elles étaient
nécessaires; elles devraient être suffisantes.
Mais tout le monde sait qu'elles sont mol-
lement appliquées ou même tout à fait négli-
gées. C'est contre cette méconnaissace de la
loi que le ministre s'élève en termes très
nets. Les commissions qui ont pour devoir
de classer existent ; mais on oublie de les
-convoquer. Elles prennent, quand elles se
réunissent, d'utiles décisions ; mais on ne
les respecte pas toujours. Ces oublis et ces
abus, dont Paris même souffre, sont égale-
ment intolérables : la circulaire ministérielle
veut faire passer dans la réalité les disposi-
tions incluses dans les textes législatifs : elle
apprendra ou rappellera aux préfets qu'il
leur appartient de convoquer les commis-
sions départementales, de collaborer avec
elles, de faciliter sans cesse leur tâche, qui
est d'intérêt public. Le ministre indique
même que, loin de réduire le rôle de ces com-
missions, il souhaite de l'étendre. Il verrait
volontiers ces commissions consultées par
les ingénieurs, les industriels, les entrepre-
neurs afin d'éviter des difficultés ultérieures.
C'est un projet qu'on ne peut qu'approuver.
Mais, sans attendre que ces bonnes habitudes
soient entrées dans les mœurs, on peut veil-
ler tout de suite à ce que les dispositions
déjà inscrites dans les lois soient exactement
comprises et consciencieusement respectées.
Le ministre insiste en particulier sur les
infractions à la loi réglementant l'affichage ;
il ne cache pas qu'il a été saisi de justes
doléances relatives à l'abus de la publicité.
Jamais la réclame n'a été si universelle ni si
audacieuse. Elle est libre assurément et c'est
une forme nouvelle de la concurrence qui est
légitime. Mais il y a un cas tout de même où
l'invasion des affiches, enseignes ou placards
doit trouver une résistance héroïque. C'est
lorsqu'elle menace des monuments publics,
des paysages célèbres, des sites consacrés.
Le respect de la liberté commerciale et de la
propriété privée assure à la- réclame une
assez belle activité pour qu'elle puisse s'in-
cliner devant la nécessité de sauvegarder les
beautés naturelles de notre pays. La loi de
1910 tient compte précisément de tous les
intérêts en France. Il-faut qu'elle soit obôie,
et le ministre a sagement fait en redisant,
par une circulaire précise et rigoureuse,
quelle en est la lettre et quel en est l'esprit.
NOUVELLES
**# Le Louvre exposera prochainement
dans ses salles de sculpture un petit marbre
de Pigalle, pendant du célèbre Enfant à la