N. 2e. - 1911. BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e) 20 Juillet.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr»
Le Numéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
(NE nouvelle étrange et scandaleuse
s'est répandue depuis quelques
jours. Le Palais des Papes vient
d'être concédé par le Conseil mu-
nicipal d'Avignon à un marchand qui se pro-
pose d'y donner des représentations théâtra-
les. On croyait que, après la campagne faite
depuis plusieurs années, le Conseil municipal
avait enfin compris que le Palais des Papes
est un monument historique, qu'il fait partie
du patrimoine national, et qu'il est indécent
d'en disposer comme d'un hangar. C'était
compter sans le vandalisme.
On se rappelle les efforts accomplis en ces
derniers temps. Il a fallu bien des négocia-
tions et des réclamations pour que le Palais,
qui était devenu une caserne, fût abandonné
par l'administration militaire. L'opinion pu-
blique s'est émue, et finalement on a reconnu
que les grands souvenirs historiques et les
beautés de l'architecture méritaient quelques
soins. On l'a proclamé en théorie. En pra-
tique, il s'est bien produit quelques abus
désastreux, et, par on ne sait quelles com-
plaisances, le Palais a dû tolérer des exposi-
tions, des fêtes, jusqu'à des banquets poli-
tiques qui n'avaient rien à faire avec l'art.
Mais cette fois c'est une profanation qui
se prépare. Elle prouve que, si quelquefois le
public et môme l'administration s'émeuvent
du vandalisme, le Conseil municipal d'Avi-
gnon n'a rien appris ni rien oublié. Il traite
la demeure de Clément VI en pays conquis,
et il honore le passé en se moquant des mo-
numents, de l'histoire, et de la beauté de la
Ville. Le mal n'est heureusement pas irrépa-
rable si l'administration des Beaux-Arts fait
son devoir. Elle est puissamment armée par
la loi sur les monuments historiques, qui lui
permet de rappeler le Conseil municipal à la
raison et à la légalité. Il lui suffit de vouloir
pour que le Palais des Papes soit à l'abri des
injures. Et de cet incident elle pourra tirer
un utile enseignement. Quand on voit à quels
abus les municipalités sont capables de se
livrer, et que, pour une location de quinze
cents francs, elles s'empressent d'oublier les
obligations les plus strictes, on est amené à
penser que l'Etat, qui a un droit de contrôle,
ferait bien de l'exercer plus sévèrement. Les
municipalités offrent encore moins de garan-
tie que les particuliers. Elles ont pour elles
d'être plus fortes, et elles peuvent plus de
mal, ayant sous leur dépendance des monu-
ments plus importants. Il est temps que l'E-
tat se souvienne qu'il a la charge de veiller
partout sur les richesses artistiques qui
sont la parure de notre pays.
NOUVELLES
**# Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le samedi 15 juillet, à Moret sur-Loing, un
monument à la mémoire du peintre Sisley,
œuvre du sculpteur Thivier ;
Le dimanche 16 juillet, à Boulogne-sur-
Mer, un monument des frères Coquelin, œu-
vre du sculpteur Auguste Maillard ;
Le même jour, à Dinan, un monument,
œuvre du sculpteur Guéniot, à la mémoire
de Jean de Beaumanoir, le héros du combat
des Trente ;
Le même jour, à Montignac (Côte-d'Or), un
monument en l'honneur du fabuliste Pierre
Lachambardie, œuvre du sculpteur Taluel ;
Le même jour, à Granville, un buste du
professeur Poirier, œuvre du sculpteur Mar-
queste ;
Le même jour, -à La Grave ^Hautes-Alpes),
un monument à la mémoire de l'ingénieur
Alexandre Surell.
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PROPOS DU JOUR
(NE nouvelle étrange et scandaleuse
s'est répandue depuis quelques
jours. Le Palais des Papes vient
d'être concédé par le Conseil mu-
nicipal d'Avignon à un marchand qui se pro-
pose d'y donner des représentations théâtra-
les. On croyait que, après la campagne faite
depuis plusieurs années, le Conseil municipal
avait enfin compris que le Palais des Papes
est un monument historique, qu'il fait partie
du patrimoine national, et qu'il est indécent
d'en disposer comme d'un hangar. C'était
compter sans le vandalisme.
On se rappelle les efforts accomplis en ces
derniers temps. Il a fallu bien des négocia-
tions et des réclamations pour que le Palais,
qui était devenu une caserne, fût abandonné
par l'administration militaire. L'opinion pu-
blique s'est émue, et finalement on a reconnu
que les grands souvenirs historiques et les
beautés de l'architecture méritaient quelques
soins. On l'a proclamé en théorie. En pra-
tique, il s'est bien produit quelques abus
désastreux, et, par on ne sait quelles com-
plaisances, le Palais a dû tolérer des exposi-
tions, des fêtes, jusqu'à des banquets poli-
tiques qui n'avaient rien à faire avec l'art.
Mais cette fois c'est une profanation qui
se prépare. Elle prouve que, si quelquefois le
public et môme l'administration s'émeuvent
du vandalisme, le Conseil municipal d'Avi-
gnon n'a rien appris ni rien oublié. Il traite
la demeure de Clément VI en pays conquis,
et il honore le passé en se moquant des mo-
numents, de l'histoire, et de la beauté de la
Ville. Le mal n'est heureusement pas irrépa-
rable si l'administration des Beaux-Arts fait
son devoir. Elle est puissamment armée par
la loi sur les monuments historiques, qui lui
permet de rappeler le Conseil municipal à la
raison et à la légalité. Il lui suffit de vouloir
pour que le Palais des Papes soit à l'abri des
injures. Et de cet incident elle pourra tirer
un utile enseignement. Quand on voit à quels
abus les municipalités sont capables de se
livrer, et que, pour une location de quinze
cents francs, elles s'empressent d'oublier les
obligations les plus strictes, on est amené à
penser que l'Etat, qui a un droit de contrôle,
ferait bien de l'exercer plus sévèrement. Les
municipalités offrent encore moins de garan-
tie que les particuliers. Elles ont pour elles
d'être plus fortes, et elles peuvent plus de
mal, ayant sous leur dépendance des monu-
ments plus importants. Il est temps que l'E-
tat se souvienne qu'il a la charge de veiller
partout sur les richesses artistiques qui
sont la parure de notre pays.
NOUVELLES
**# Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le samedi 15 juillet, à Moret sur-Loing, un
monument à la mémoire du peintre Sisley,
œuvre du sculpteur Thivier ;
Le dimanche 16 juillet, à Boulogne-sur-
Mer, un monument des frères Coquelin, œu-
vre du sculpteur Auguste Maillard ;
Le même jour, à Dinan, un monument,
œuvre du sculpteur Guéniot, à la mémoire
de Jean de Beaumanoir, le héros du combat
des Trente ;
Le même jour, à Montignac (Côte-d'Or), un
monument en l'honneur du fabuliste Pierre
Lachambardie, œuvre du sculpteur Taluel ;
Le même jour, à Granville, un buste du
professeur Poirier, œuvre du sculpteur Mar-
queste ;
Le même jour, -à La Grave ^Hautes-Alpes),
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Alexandre Surell.