N° 38. - 1911. BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e) 23 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
Le 3ST-u_m.éro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
n vient de prendre, en Angleterre,
la décision de faire exécuter une
réplique des Bourgeois de Ca-
lais. 11 a paru à la nation voisine
qu'elle pouvait honorer le glorieux épisode
de notre histoire auquel demeure attaché le
souvenir d'Eustache de Saint-Pierre et en
même temps rendre un éclatant hommage à
l'art français contemporain. On ne sait en-
core si, comme le souhaitait M. Rodin quand il
conçut le monument, les Bourgeois de Calais,
au lieu d'être élevés sur un piédestal, seront
scellés, les uns devant les autres, à même les
dalles d'une place, comme un vivant chapelet
de souffrance et de sacrifice. Mais, du moins,
ceux qui ont pris l'initiative de faire exécuter
cette réplique ont senti l'émouvante beauté
d'une œuvre où paraissent les figures, diver-
sement courageuses et résignées, selon les
tempéraments, de six hommes acceptant, par
dévouement à leurs concitoyens, la formida-
ble épreuve du destin.
Pourquoi est-ce l'Angleterre qui a pris la
première l'initiative d'un projet que Paris
aurait pu adopter depuis longtemps? Si nous
nous sommes laissés devancer, ce n'est pas
faute d'avertissement. Dès 1895, la Gazelle
des Beaux-Arts, on nous permettra de le rappe-
ler, signalait le mérite de l'œuvre deM.Roiin
et souhaitait de voir ce monument héroïque
s'élever dans Paris. Plus de quinze ans ont
passé, et la réplique si longtemps réclamée
va être enfin exécutée; mais c'est outre-Man-
che qu'on la pourra voir. Il semble cependant
que la Ville de Paris aurait une grande occa-
sion de faire connaître à la foule une œuvre
digne d'inspirer les plus nobles sentiments,
et aussi de proposer à ses regards un beau
# spectacle. Puisque les places publiques ne
peuvent plus, de notre temps, se passer de
sculptures tt que, plutôt que d'en être privées,
elles s'enlaidissent des pires banalités, il y
aurait un heureux exemple à donner, un
heureux précédent à établir : ce serait de
faire comprendre au public et aux adminis-
trations que mieux vaut cent fois la réplique
d'un chef-d'œuvre qu'une œuvre inédite et
médiocre.
NOUVELLES
La loi de finances de 1909 avait pro-
rogé pour une période de trois années l'appli-
cation des dispositions de la loi du 9 décem-
bre 1905 prononçant le classement global et
d'office des objets qui ne se trouvaient pas
encore classés, conservés dans les édifices du
culte.
Le classement nominal qui devait se faire à
l'abri de cette garantie n'étant pas encore ter-
miné, le Gouvernement vient de soumettre au
Parlement une disposition permettant de pro-
roger pour une nouvelle période de trois an-
nées le délai pendant lequel serait assurée
d'ofûce la sauvegarde de ces objets.
#** Dimanche dernier, 17 décembre, a été
inauguré à Montmorency un buste deGrétry,
œuvre du statuaire G. Colin.
Une Société des «Amis du Mont-Saint-
Michel » est en train de se constituer, qui
s'est donné le programme suivant : veiller à
la sauvegarde du Mont Saint-Michel ; empê-
cher la démolition ou la reconstruction des
maisons anciennes du village; poursuivre
l'exécution des décisions prises par les Cham-
bres et par l'Administration des Bsaux-Arts
en vue de conserver le site et de rétablir le
rocher dans son insularité primitive ; enfin,
étudier toutes les questions se rattachant au
tourisme. »
*** La Société Nationale des Beaux-Arts
organisera dans les pavillons de Bagatelle, au
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
Le 3ST-u_m.éro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
n vient de prendre, en Angleterre,
la décision de faire exécuter une
réplique des Bourgeois de Ca-
lais. 11 a paru à la nation voisine
qu'elle pouvait honorer le glorieux épisode
de notre histoire auquel demeure attaché le
souvenir d'Eustache de Saint-Pierre et en
même temps rendre un éclatant hommage à
l'art français contemporain. On ne sait en-
core si, comme le souhaitait M. Rodin quand il
conçut le monument, les Bourgeois de Calais,
au lieu d'être élevés sur un piédestal, seront
scellés, les uns devant les autres, à même les
dalles d'une place, comme un vivant chapelet
de souffrance et de sacrifice. Mais, du moins,
ceux qui ont pris l'initiative de faire exécuter
cette réplique ont senti l'émouvante beauté
d'une œuvre où paraissent les figures, diver-
sement courageuses et résignées, selon les
tempéraments, de six hommes acceptant, par
dévouement à leurs concitoyens, la formida-
ble épreuve du destin.
Pourquoi est-ce l'Angleterre qui a pris la
première l'initiative d'un projet que Paris
aurait pu adopter depuis longtemps? Si nous
nous sommes laissés devancer, ce n'est pas
faute d'avertissement. Dès 1895, la Gazelle
des Beaux-Arts, on nous permettra de le rappe-
ler, signalait le mérite de l'œuvre deM.Roiin
et souhaitait de voir ce monument héroïque
s'élever dans Paris. Plus de quinze ans ont
passé, et la réplique si longtemps réclamée
va être enfin exécutée; mais c'est outre-Man-
che qu'on la pourra voir. Il semble cependant
que la Ville de Paris aurait une grande occa-
sion de faire connaître à la foule une œuvre
digne d'inspirer les plus nobles sentiments,
et aussi de proposer à ses regards un beau
# spectacle. Puisque les places publiques ne
peuvent plus, de notre temps, se passer de
sculptures tt que, plutôt que d'en être privées,
elles s'enlaidissent des pires banalités, il y
aurait un heureux exemple à donner, un
heureux précédent à établir : ce serait de
faire comprendre au public et aux adminis-
trations que mieux vaut cent fois la réplique
d'un chef-d'œuvre qu'une œuvre inédite et
médiocre.
NOUVELLES
La loi de finances de 1909 avait pro-
rogé pour une période de trois années l'appli-
cation des dispositions de la loi du 9 décem-
bre 1905 prononçant le classement global et
d'office des objets qui ne se trouvaient pas
encore classés, conservés dans les édifices du
culte.
Le classement nominal qui devait se faire à
l'abri de cette garantie n'étant pas encore ter-
miné, le Gouvernement vient de soumettre au
Parlement une disposition permettant de pro-
roger pour une nouvelle période de trois an-
nées le délai pendant lequel serait assurée
d'ofûce la sauvegarde de ces objets.
#** Dimanche dernier, 17 décembre, a été
inauguré à Montmorency un buste deGrétry,
œuvre du statuaire G. Colin.
Une Société des «Amis du Mont-Saint-
Michel » est en train de se constituer, qui
s'est donné le programme suivant : veiller à
la sauvegarde du Mont Saint-Michel ; empê-
cher la démolition ou la reconstruction des
maisons anciennes du village; poursuivre
l'exécution des décisions prises par les Cham-
bres et par l'Administration des Bsaux-Arts
en vue de conserver le site et de rétablir le
rocher dans son insularité primitive ; enfin,
étudier toutes les questions se rattachant au
tourisme. »
*** La Société Nationale des Beaux-Arts
organisera dans les pavillons de Bagatelle, au