N« 23. — 1911. BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e) l? jui
um.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
Le ZSTu-méro : O fr. 2 S
PROPOS DU JOUR
^5ne revue allemande vient de pu-
blier un article fort intéressant
m dont on trouvera plus loin le ré-
sumé. Il a paru outre-Rhin, il y a
quelque temps, une brochure qui a fait du
bruit et qui portait la signature de cent vingt
peintres et écrivains. Ces protestataires se
plaignaient de l'invasion de la peinture fran-
çaise. A la vérité, ils prenaient la précaution
de dire qu'ils ne voulaient nullement combattre
l'art français. Ils entendaient seulement réagir
contre l'envahissement du marché par des
œuvres d'une valeur contestable, lancées
par la spéculation et par la mode. Et ils con-
cluaient en mettant le public en garde contre
des engouements où les affaires commerciales
avaient plus de part que le souci de l'art.
C'est contre cette protestation que la revue
Sùddeulsche Monatshefte proteste à son tour
dans son dernier numéro. Elle le fait avec
•mesure et à propos. Elle conteste d'abord le
fait même : cette invasion dont on se plaint
•est loin d'être réelle. Les galeries publiques
ont payé très cher, il est vrai, des œuvres mo-
dernes, mais en petit nombre, et c'étaient des
oeuvres de valeur. Elles ont acquis en même
temps, et en plus grand nombre et à plus
haut prix, des œuvres allemandes. La revue
a demandé l'avis de plusieurs artistes. Tous
ont répondu que l'art français était pour eux
une étude précieuse et que la vitalité de l'art
allemand n'avait pas à en souffrir.
Ces maximes paraissent la sagesse môme.
Dans l'état présent des mœurs, les commu-
nications entre nations sont devenues si fré-
quentes qu'il serait puéril de vouloir élever
autour d'un art particulier une muraille de
Chine. Ce protectionnisme outrancier ne se-
rait guère moderne. La grande liberté des
échanges a ses périls, puisqu'elle suppose la
liberté de l'erreur. Mais elle permet en même
temps d'agir sur l'opinion, d'arrêter les modes
fâcheuses, de former le goût public. En ce
sens, les protestataires pouvaient bien mani-
fester contre la spéculation et le snobisme,
si tel était leur avis. Mais la revue allemande
qui est pour la liberté est dans le vrai, lors-
qu'elle dit qu'une nation assez vigoureuse
sait garder sa personnalité et qu'un art ori-
ginal n'a rien à craindre de l'étude des autres
arts.
NOUVELLES
**# Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le 31 mai, à Paris, au cimetière Montmar-
tre, le monument élevé à la mémoire de Fran-
cis Thomé par ses élèves, ses amis et ses ad-
mirateurs, œuvre du sculpteur Landowski et
de l'architecte Nénot ;
Le 11 juin, à Paris, au cimetière Mont-
martre, un monument à la mémoire de
l'acteur Davrigny, œuvre du sculpteur Emile
Boisseau ;
Le 11 juin, au cimetière de Sceaux, un mo-
nument élevé à Georges César-Franck, pro-
fesseur de l'histoire de l'ait ;
Le 12, juin, au cimetière du Père-Lachaise,
le monument élevé à la mémoire du peintre
Guillaume Dubufe, œuvre de l'architecte
Formigé et du sculpteur Bartholomé ;
Le 16 juin, place Saint-Ferdinand des Ter-
nes, un monument à la mémoire de l'ingé-
nieur Serpollet, œuvre du sculpteur Jean
Boucher.
*** Par décret en date du 2 juin, M. Pelliot
est nommé professeur de la chaire de lan-
gues, histoire et archéologie de l'Asie centrale
au Collège de France.
*** Par arrêté en date du 3 juin, le minis-
tre de l'Instruction publique et des Beaux-
arts a nommé M. Grigout, professeur de la
classe d'orgue au Conservatoire national de
um.
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^5ne revue allemande vient de pu-
blier un article fort intéressant
m dont on trouvera plus loin le ré-
sumé. Il a paru outre-Rhin, il y a
quelque temps, une brochure qui a fait du
bruit et qui portait la signature de cent vingt
peintres et écrivains. Ces protestataires se
plaignaient de l'invasion de la peinture fran-
çaise. A la vérité, ils prenaient la précaution
de dire qu'ils ne voulaient nullement combattre
l'art français. Ils entendaient seulement réagir
contre l'envahissement du marché par des
œuvres d'une valeur contestable, lancées
par la spéculation et par la mode. Et ils con-
cluaient en mettant le public en garde contre
des engouements où les affaires commerciales
avaient plus de part que le souci de l'art.
C'est contre cette protestation que la revue
Sùddeulsche Monatshefte proteste à son tour
dans son dernier numéro. Elle le fait avec
•mesure et à propos. Elle conteste d'abord le
fait même : cette invasion dont on se plaint
•est loin d'être réelle. Les galeries publiques
ont payé très cher, il est vrai, des œuvres mo-
dernes, mais en petit nombre, et c'étaient des
oeuvres de valeur. Elles ont acquis en même
temps, et en plus grand nombre et à plus
haut prix, des œuvres allemandes. La revue
a demandé l'avis de plusieurs artistes. Tous
ont répondu que l'art français était pour eux
une étude précieuse et que la vitalité de l'art
allemand n'avait pas à en souffrir.
Ces maximes paraissent la sagesse môme.
Dans l'état présent des mœurs, les commu-
nications entre nations sont devenues si fré-
quentes qu'il serait puéril de vouloir élever
autour d'un art particulier une muraille de
Chine. Ce protectionnisme outrancier ne se-
rait guère moderne. La grande liberté des
échanges a ses périls, puisqu'elle suppose la
liberté de l'erreur. Mais elle permet en même
temps d'agir sur l'opinion, d'arrêter les modes
fâcheuses, de former le goût public. En ce
sens, les protestataires pouvaient bien mani-
fester contre la spéculation et le snobisme,
si tel était leur avis. Mais la revue allemande
qui est pour la liberté est dans le vrai, lors-
qu'elle dit qu'une nation assez vigoureuse
sait garder sa personnalité et qu'un art ori-
ginal n'a rien à craindre de l'étude des autres
arts.
NOUVELLES
**# Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :
Le 31 mai, à Paris, au cimetière Montmar-
tre, le monument élevé à la mémoire de Fran-
cis Thomé par ses élèves, ses amis et ses ad-
mirateurs, œuvre du sculpteur Landowski et
de l'architecte Nénot ;
Le 11 juin, à Paris, au cimetière Mont-
martre, un monument à la mémoire de
l'acteur Davrigny, œuvre du sculpteur Emile
Boisseau ;
Le 11 juin, au cimetière de Sceaux, un mo-
nument élevé à Georges César-Franck, pro-
fesseur de l'histoire de l'ait ;
Le 12, juin, au cimetière du Père-Lachaise,
le monument élevé à la mémoire du peintre
Guillaume Dubufe, œuvre de l'architecte
Formigé et du sculpteur Bartholomé ;
Le 16 juin, place Saint-Ferdinand des Ter-
nes, un monument à la mémoire de l'ingé-
nieur Serpollet, œuvre du sculpteur Jean
Boucher.
*** Par décret en date du 2 juin, M. Pelliot
est nommé professeur de la chaire de lan-
gues, histoire et archéologie de l'Asie centrale
au Collège de France.
*** Par arrêté en date du 3 juin, le minis-
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arts a nommé M. Grigout, professeur de la
classe d'orgue au Conservatoire national de